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10 / 12 / 2015 | 1 vue
Andree Thomas / Membre
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Conseils nationaux de la compétitivité : la fixation des salaires doit rester du seul ressort de la négociation collective

Le 21 octobre, la Commission européenne a publié une recommandation pour le renforcement de l’Union économique et monétaire, dans laquelle elle prône la création de « conseils nationaux de la compétitivité » au sein de la zone euro.
 
Il n’est pas acceptable que des organes indépendants donnent leur avis sur les négociations salariales.
Ces conseils contribueraient à la prévention des déséquilibres macro-économiques, en formulant notamment des avis et informations sur les niveaux des salaires dans les autres pays concurrents, de manière à doper la compétitivité européenne. La proposition s’aligne peu ou prou sur celle des « autorités de la compétitivité » qui avait été avancée cet été dans le cadre du rapport des 5 présidents (voir lettre électro n° 29), déjà dénoncée par FO et la CES en raison des risques qu’elle ferait peser sur la liberté de négociation collective et sur les salaires.
 
Pour FO, il n’est pas acceptable que des organes indépendants donnent leur avis sur les négociations salariales, qui ressortent des compétences et du rôle des partenaires sociaux dans le cadre d’une négociation collective autonome.
 
S’ils sont mis en place, ces conseils représentent donc une menace grave pour l’exercice du droit syndical. Même limités à un rôle d’information, ils percuteraient le droit de négocier et de conclure librement des conventions collectives.
 
En outre, en assujettissant la procédure de fixation des salaires aux exigences de la « compétitivité », la proposition de la Commission répond également d’une logique libérale, uniquement centrée sur le coût du travail, en oubliant volontairement les autres facteurs de la compétitivité en Europe. En réaffirmant la primauté de la dimension économique sur la cohésion sociale, ces conseils risquent inévitablement de brider le progrès social et de favoriser l’augmentation des inégalités.
 
La situation économique désastreuse de l’Europe suppose de penser une autre compétitivité : appui à l’innovation, à des produits et services de qualité, à la recherche et au développement. Les salaires ne peuvent pas être une variable d’ajustement économique, un moyen de substitution à une véritable politique d’investissement.
 
Pour notre organisation, ces conseils, informatifs, consultatifs, dotés d’une capacité normative ou non, n’ont pas leur place dans une Europe du progrès et de la justice sociale, que réclament les travailleurs européens.
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