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26 / 07 / 2016 | 3 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Complémentaire de santé : « on peut être un acteur référencé et ne pas s’engager dans le référencement» - David-Olivier Lannuzel, MCDéf

Après la tenue de son assemblée générale qui a validé le processus de rapprochement avec le groupe Klésia, David-Olivier Lannuzel, président de la Mutuelle Civile de la Défense (MCDéf)  a bien voulu répondre à nos questions et développer ses préoccupations concernant l'avenir du modèle de protection sociale complémentaire des agents publics alors que le processus de renouvellement du référencement se précise.

La campagne lancée par MFP « 24 semaines pour une protection sociale solidaire des fonctionnaires » fait écho à la menace qui pèse actuellement sur les mutuelles de la fonction publique. En tant que président de l'une de ces mutuelles, quelles sont vos inquiétudes concernant l'avenir du modèle de protection sociale global des agents publics ?
La MCDéf est actrice de cette campagne à travers sa présence au sein de la Mutualité Fonction Publique (MFP). Une campagne qui n’est pas le fruit du hasard. Elle est à la fois réactive et intuitive : réactive car elle se dresse face au « bashing » récurrent sur les agents de la fonction publique. Les déclarations toutes récentes faites après l’annonce du dégel du point d’indice nous montrent à quel point la situation du fonctionnaire est très mal connue, non par nos concitoyens mais par des leaders d’opinion en quête de phrase du jour ou du bon mot populiste. Une mise au clair s’imposait donc pour contrer cette véritable entreprise de décrédibilisation de la situation des agents publics.

Intuitive parce qu’avec 8 organisations syndicales, les mutuelles de la MFP mettent la lumière sur la situation des fonctionnaires et sur leur patrimoine commun : un modèle de protection sociale basé sur un système de solidarité intergénérationnelle. Ce même modèle solidaire qui trouve son expression concrète dans les offres MCDéf référencées par le ministère de la Défense.

Ce sont bien les organisations syndicales représentatives qui seront à la table des négociations avec l’Etat-employeur pour déterminer les éléments du cahier des charges.La protection sociale des fonctionnaires est encadrée par le dispositif du référencement. Des opérateurs répondent au cahier des charges ministériel et l’État-employeur s’engage à « subventionner » l’adhésion volontaire de l’agent public. On est ici très loin des 50 % de la cotisation comme dans le secteur privé. Alors que l’échéance du référencement actuel a été portée au 1er janvier 2018, dans un calendrier qui correspond à celui du décret couvrant la population militaire, nous n’avons que peu d’éléments pratiques sur les bases du prochain référencement pour le personnel civil du ministère de la Défense. En tout état de cause, ce sont bien les organisations syndicales représentatives qui seront à la table des négociations avec l’État-employeur pour déterminer les éléments du cahier des charges.

On peut être un acteur référencé et ne pas s’engager dans le référencement.
Ce que l’on peut déjà supposer est que la participation de l’employeur sera très fortement affectée par les recommandations de Bercy. Ce qui semble être reconnu dans l’esprit des acteurs mutualistes au sein de la MFP comme pour les organisations syndicales est le nécessaire retour d’expérience sur le référencement actuel. Or, nous en sommes à ce jour privés car il faut se rendre compte que l’on peut être un acteur référencé et ne pas s’engager dans le référencement. Le référencement devenant une simple carte d’entrée dans un environnement ministériel pour en fait « vendre » toutes les autres choses.

Ainsi, nous sommes lucides et savons qu’une menace plane. Elle vient d’acteurs (de la santé ?) à but lucratif qui veulent l’ouverture du marché et la mise en scène d’une « saine concurrence ». Alors parce qu’à la MCDéf nous estimons être un acteur de santé efficace, un véritable partenaire du ministère de la Défense, de même que nous sommes pour nos adhérents actifs et retraités un accompagnant social de qualité depuis près de 70 ans, nous continuerons d’avancer dans le respect de nos valeurs fondatrices et respectueuses de l’économie sociale et solidaire.

En octobre 2015, la MCDéf prenait la décision d'entamer des négociations exclusives avec le groupe Klésia ; où en êtes-vous ? Quelles sont les prochaines échéances ?
C’est exact. Klésia est le partenaire avec lequel nous avons entrepris des discussions exclusives qui se sont achevées par un protocole d’accord en décembre 2015 et dont chacun des points a été négocié en gardant en mémoire les 3 éléments qui ont été sacralisés par notre assemblée générale : le service à l’adhérent, le respect du corps social de la MCDéf et le modèle militant. L’assemblée générale de La Rochelle les 29 et 30 juin 2016 a dès lors validé le dispositif d’intégration dans le groupe Klésia.

Le fait marquant de ce partenariat est que, dès le début de nos échanges, le maintien des valeurs, de l’identité et du réseau de la MCDéf était pour nos deux entités un élément constitutif de notre alliance. J’estime qu’avec Klésia les augures nous promettent de belles entreprises, cela tout en confortant notre modèle économique grâce notamment à la mutualisation de nos moyens et de nos outils. Klésia ne nous est pas inconnu. À travers nos activités dans le monde de la santé sur le secteur collectif, nous avions en effet déjà pu apprécier l’effet positif de nos échanges. Bien que nos modèles d’organisation soient différents, nos valeurs et l’aspect non lucratif de nos actions l’emportent et nous trouvons avec Klésia une plate-forme innovante et dynamique.

Nous considérons le présent et l’avenir par la construction de liens avec des acteurs du sérail.Pour ce qui est du calendrier, nous amenons de façon concertée dans nos structures respectives les éléments qui constituent les bases structurelles de notre partenariat. Il ne s’agit pas pour nous d’être à côté du groupe mais bel et bien partie prenante des projets du groupe et de ses partenaires. Notre ambition n’est pas feinte ; nous voulons avec nos partenaires mutualistes présents au sein de Klésia (aujourd’hui plus d’un million d’adhérents) constituer une union mutualiste forte et structurée. De plus, dans le contexte de la protection sociale, nous considérons le présent et l’avenir par la construction de liens avec des acteurs du sérail, que ceux-ci soient dans le monde de l’entreprise ou dans notre environnement ministériel. C’est en entreprenant des choses collectivement que nous construisons de la valeur pour nos adhérents. Cette dynamique s’inscrit aussi durablement avec les acteurs ministériels qui reconnaissent la MCDéf dans son rôle d’accompagnant en termes de santé et par son apport effectif à l’action sociale.

Quelle est la dynamique de ce nouveau partenariat ?
À la base, un partenariat ne peut être construit qu’à la condition que les choses soient clairement exprimées de toutes parts, tant en termes de stratégie que de moyens. Pour nous, le partenariat repose sur la confiance mutuelle des acteurs, sur le fond comme sur la forme. En nous inscrivant au sein du groupe Klésia, nous nous inscrivons dans la création d’un nouveau pôle de compétence et de développement : celui de la défense, des industries d’armement et de hautes technologies. La MCDéf, en tant qu’acteur mutualiste est en pointe sur ces secteurs où la concurrence entre opérateurs de la protection sociale de santé et de prévoyance est âpre. Nous apportons donc un nouveau champ d’activité au groupe qui nous permet en contrepartie de dynamiser notre offre de produits et services. Il en est ainsi pour les politiques partenariales qui, combinées, sont de véritables atouts tant en termes de création d’outils que de diversités dans les montages assurantiels. La MCDéf est en marche avec le groupe Klésia et c’est ensemble que nous considérons que c’est par ce que nous faisons et par ce que nous entreprenons que nous sommes les plus utiles à nos adhérents et à leurs familles.

 

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