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30 / 04 / 2021 | 248 vues
Hélène Fauvel / Abonné
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Malaise sans précédent dans les finances publiques : l'intersyndicale appelle à la grève

Avant la crise sanitaire, le rythme des changements au sein de la Direction générale des finances publiques (DGFIP) semblait déjà trop rapide à 69 % du personnel. Ils estimaient alors à 84 % que la DGFIP évoluait globalement dans le mauvais sens.

 

  • La volumétrie des jours de congés non pris représentant 1 589 équivalent temps plein (ETP) et le total annuel des heures écrêtées, équivalant à 256 ETP démontraient l’intensité de la charge de travail pesant sur le personnel de notre administration.

 

80 % de force de travail mais bosser à 120 %

 

Le resserrement du réseau (nouveau réseau de proximité, NRP) et l’industrialisation à outrance des missions, couplés aux 30 000 suppressions d’emploi depuis plus de dix ans, ont abouti à une perte du sens du travail pour le personnel. Si l'on y ajoute la crise sanitaire et la gestion de ses conséquences économiques et sociales, c’est l’épuisement qui se profile, la DGFIP disposant en moyenne de 80 % de sa force de travail pour une charge à 120 %.

 

Mais, peu importe, il faut tout faire et ne surtout pas activer le plan de continuation d’activité (PCA). Pour l’Intersyndicale, vouloir à tout prix procéder à des changements organisationnels d’ampleur, a fortiori dans le contexte sanitaire actuel donc poursuivre voire accélérer les réformes en cours n’a pas de sens.
 

Une demande de pause dans les réformes balayée d’un revers de main
 

Pendant ce temps, alors que la crise sanitaire semble toujours hors de contrôle, l’ensemble de notre administration se mobilise pour assurer la continuité de service et les nouvelles missions qui lui ont été attribuées. Notre demande de pause dans les réformes dont nous réclamons l’abandon a été balayée d’un revers de main. Entre le télétravail et le travail à distance, tout peut se faire sans problème selon la direction générale.

 

Et le droit à la déconnexion ?

 

Pourtant, si un relatif engouement pour le télétravail s’est fait sentir au début de la crise sanitaire, son installation plus massive et plus pérenne mène à présent à une appréciation plus nuancée. Les pressions de la hiérarchie, le non-respect du droit à la déconnexion, l’absence de prise en charge des frais générés, l’isolement et les difficultés dans le management à distance ont en effet quelque peu tempéré l’appétence du personnel pour ce dispositif.
 

En outre, depuis quelques semaines, l’obligation pour de nombreux collègues d’avoir à télétravailler tout en assurant la garde et le suivi scolaire de leurs enfants crée de nouvelles tensions. Une demande de pause dans les réformes balayée d’un revers de main.

 

L’intersyndicale (Solidaires, CGT, FO, CFDT et CFTC) dénonce une dégradation accrue des conditions de travail ayant notamment pour causes :

  • des complications amplifiées par les restructurations : des SIE submergés d'e-contacts concernant le fonds de solidarité, des agents des plates-formes téléphoniques face à des usagers mécontents, les balbutiements de médoc-web en SIP et les indisponibilités hélios ;
  • des objectifs trop timidement amendés et aucune visibilité à court terme ;
  • le lancement hâtif de nouvelles structures (SGC) avec une organisation de type industriel très perturbante et des équipes sous-dimensionnées ;
  • l’isolement des agents au sein d’ EFS interministériels ;
  • l’effet psychologique de l’isolement pour les agents en télétravail, notamment les agents vulnérables et les stagiaires en formation initiale, ainsi que les conséquences sur la santé telles que les troubles musculo-squelettiques et, pour les agents sur place, le sentiment d’être contraints d'assurer des tâches non-télétravaillables difficiles et/ou anxiogènes ;
  • et les conditions d’organisation de la campagne IR à distance et sur place.

 

Par conséquent, l’intersyndicale revendique :

  • l’arrêt du NRP et des suppressions d’emploi à la DGFiP, des recrutements de fonctionnaires à la hauteur de toutes nos missions ;
  • l’abrogation du jour de carence ;
  • une véritable politique de prévention des risques par l’administration et le maintien des CHS-CT ;
  • un encadrement de proximité suffisamment calibré en nombre afin d’assurer le soutien technique nécessaire aux agents ;
  • des renforts pour les nouvelles structures (par exemple les SGC) dont le personnel est en difficulté ;
  • la fin de la dictature statistique dans l’exercice des missions ;
  • des moyens accrus en acteurs de la santé et sécurité au travail (médecins, infirmiers en santé au travail, ISST, assistants de prévention et assistants sociaux) ;
  • un mode de télétravail encadré, uniquement sur la base du volontariat, respectant la durée légale de travail suivant le dispositif des horaires variables en vigueur à la DGFIP et l’indemnisation des frais engagés par les agents concernés ;
  • l’octroi d’autorisations spéciales d'absence (ASA) pour garde d’enfants pendant la fermeture des établissements scolaires pour raison sanitaire, que l’on soit sur place ou en télétravail ;
  • une formation adaptée au management à distance pour l’encadrement ;
  • et le respect de l’espace de travail de l’agent, même ien télétravail certains jours de la semaine.


L’intersyndicale refuse toute mise en place de « flex desk » ou tout autre espace de « co-working ». La crise sanitaire a rappelé les avantages des bureaux individuels, à redévelopper :

  • des environnements professionnels redéfinis prenant des éléments de la crise tels que la distanciation physique en considération ;
  • le retour des guichets fermés ;
  • et un nettoyage approfondi des locaux et la ré-internalisation de la fonction du ménage.
     

Face à une administration sourde au malaise du personnel, seul le rapport de force peut changer la donne. En appelant  massivement le personnel à se mettre en grève le 10 mai prochain, les organisations syndicales entendent faire bouger les lignes.

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Dans ce contexte l'ensemble des fédérations syndicales de Bercy : Solidaires, CGT, FO, CFDT, UNSA, CFTC et CGC ont  tenu à  réaffirmer leurs exigences...

 

Les conséquences humaines, sociales et économiques de la crise sanitaire démontrent l’importance
 du rôle et de la place de l’État et plaident pour un renforcement des services publics. Tout le contraire de ce que fait notre ministère depuis plusieurs années.

 

Le rôle et la crédibilité des administrations et des établissements du Ministère sont remis en cause.

 

Ce sont des services entiers qui ont été dépecés et atomisés.

Ce sont des missions qui ont été vidées de leurs sens ou supprimées.

 

Un tel déclin contribue au délitement global de l’action publique, du lien et de la cohésion sociale.

Faute d’avoir été défendu, Bercy a perdu, au nom d’une « exemplarité » toute budgétaire, un

nombre d’emplois pléthorique et sans précédent (30 000 en 10 ans).

 

Restructurations pour mieux démanteler, abandons et amputations de missions et de structures sont désormais le lot quotidien de toutes nos administrations et services.

 

Le réseau de la DGFiP se contracte, la Douane perd la quasi-totalité de ses missions fiscales, l’INSEE se fragilise tandis que la DGCCRF continue toujours un peu plus de s’éloigner du ministère et de se perdre dans
une nébuleuse interministérielle qui n’a jamais montré son efficacité.

Les conséquences négatives tant sur les agents (perte de sens, non reconnaissance) que sur les usagers (abandons isolement) ne sont plus à démontrer.

 

Quant aux politiques ministérielles de l’Action sociale,de l’Hygiène et Sécurité, de formation professionnelle,
de diversité, d’égalité professionnelle, de handicap, si elles sont toujours affichées comme prioritaires ou importantes, l’absence de moyens concrets et d’actions coordonnées montre bien là encore que, derrière le discours, l’ambition est bien limitée.

 

Pour le ministère les agents ne sont que des variables d’ajustement, comme le démontre l’annonce du ministre en n’augmentant  que de 1 point le volume des promotions.

 

Le dialogue social n’est pas au niveau de ce qu’il devrait être dans un grand ministère. Les représentants des
personnels ne sont pas associés en amont des projets mais mis devant le fait accompli. Pas de discussions,
pas de négociations, ce sont des réformes au rabais avec au final un coût social élevé pour les agents...

 

 

Pour en savoir plus: https://financesfo.fr/2021/04/30/notre-ambition-pour-bercy/