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25 / 09 / 2012 | 2 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Bagatelle pour un départ...

Les salariés d’Intermedia, Direct 8 ou Direct Star vont prochainement quitter le giron de Bolloré pour rejoindre celui de Canal+. Ils sont invités à « fêter » cet événement…

Mais seront-ils tous à la fête ?

Pas sûr ! Dans les conditions présentes, la réjouissance ne se lira peut être pas sur tous les visages. Car beaucoup d’incertitudes demeurent et d’abord de grandes questions sociales. Où vais-je atterrir, vais-je trouver ma place dans cette nouvelle organisation, comment serai-je intégré, est-ce que je vais conserver l’ensemble des mes avantages etc.

Mais alors, qui donc fait la fête ? Les salariés, la direction, Vincent ou Yannick Bolloré pour cette belle opération capitalistique… ?

Toutes ces questions sont évidemment naturelles et légitimes.

Les méthodes pour y répondre peuvent l’être un peu moins. C’est toujours ainsi alors qu’une entreprise en absorbe une autre. Nous en avons l’expérience à Canal+, c’est un sport que nous pratiquons avec plus ou moins de brio, le dernier événement comparable à celui qui se prépare concernait bien sûr l’intégration des salariés de TPS.
À cette époque, le volet social a été géré bien en amont du projet de rapprochement, en parallèle du volet économique, et les échanges avec les partenaires sociaux ont été permanents et constructifs. Nous avons alors négocié un accord de méthode qui encadrait l’ensemble du processus de rapprochement depuis l’origine jusqu’à sa conclusion. Cet accord a d’ailleurs été salué en son temps par de grands juristes comme un modèle du genre.
 
Malgré les vicissitudes liées à de telles opérations, on peut affirmer que, dans l’ensemble, ce processus bien encadré, s’est déroulé dans la sérénité, la confiance, et le résultat en a été une intégration maîtrisée, partagée, sécurisée pour les salariés de TPS comme pour ceux de Canal+.

Aujourd’hui, alors que le volet juridique se clôt avec l’acceptation par le CSA de l’opération de rapprochement avec les activités médias de Bolloré, nous sommes dans le flou le plus total sur le volet social. Rien n’était possible avant l’intervention des autorités de régulation, aujourd’hui tout est ouvert et les partenaires sociaux en sont encore au début de l’histoire car côté organisation, les choses ont déjà visiblement bien avancé…

Pour notre syndicat, c’est la transparence qui doit être privilégiée pour que s’instaure la confiance indispensable à la réussite de cette intégration.

Pour cela, il ne peut y avoir de traitement particulier ou individuel. L’ampleur sociale de cette opération implique un traitement collectif, pratiquer autrement serait incontestablement source d’incompréhension et de tension. Le traitement individuel est évidemment possible mais ce n’est pas un bon scénario. Privilégier le traitement collectif, c'est sécuriser l'environnement professionnel de plusieurs centaines de salariés, c'est affirmer la volonté d'engager sur ce dossier un dialogue social constructif et permanent.

  • Nous serons nous aussi à la fête lorsque l’ensemble du processus d’intégration aura été précisé et discuté. Faut-il rappeler que nous intégrons 10 % des effectifs de l’UES Canal+.

Ce ne sera pas sans conséquences sur l’ensemble des entreprises, I>Télé bien sûr, plus largement la production, l’édition, la technique sans oublier les fonctions supports… Tous les services vont d’une façon ou d’une autre être touchés par cette révolution culturelle. Ce sont ces conséquences que nous voulons mesurer, analyser, anticiper avec une ambition, que chacun des salariés du groupe Bolloré intégré à Canal+ trouve sa place dans des conditions d'accueil et de sérénité optimales.

Pour cela, il n’y a qu’une solution : la concertation, l’échange et le dialogue. Nous sommes persuadés de la volonté de Canal+ d’être d’une attention toute particulière pour que cette intégration se déroule dans les meilleures conditions. Malheureusement, les premiers échos qui nous parviennent nous indiquent que rien n’est acquis. Des salariés ont été reçus, certains sont déjà intégrés à des organisations, d’autres sont invités à réfléchir sur leur avenir... Bref, il y a un peu de fébrilité et de précipitation dans la mise en œuvre du rapprochement.

Vitesse et précipitation…

Construire trop rapidement le nouveau modèle social de Canal+ pourrait se payer au prix fort dans quelques temps. Rien n’empêche de prendre le temps de la réflexion, de l’échange, de la négociation pour que les fondations de ce nouveau modèle soit solides et stables. Le tout sans perturber la mise en œuvre des nouvelles grilles, c’est possible et même nécessaire.

Pour cela, il nous faut des engagements, un calendrier, une série de négociations. C’est la proposition que nous ferons pour que la fête se poursuive longtemps, pour que la sérénité soit au rendez-vous, pour que la réussite de ce beau projet soit aussi une réussite sociale.

Ainsi, Bagatelle pour un départ ne sera pas synonyme du titre d’un drôle de pamphlet publié en 1937…

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