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12 / 02 / 2019 | 3613 vues
Rejane Begouen / Membre
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SoLocal : le mécontentement des clients augmentent tandis que les salariés se désespèrent au travail

Une section syndicale a l'habitude d'entendre le mal-être des salariés dans une entreprise. C’est notre cas à la CFTC SoLocal (ex-Pages Jaunes). Mais aujourd’hui, le contexte dans notre entreprise est terriblement pesant. Créanciers, clients, marché, salariés, encadrement, syndicats... Tous sont mécontents. 

Clients

L’entreprise est devenue une agence de référencement pour les GAFA. Les commerciaux doivent vendre un référencement industriel, peu qualitatif, aux PME. Le mécontentement des clients augmente, comme le prouvent les commentaires sur internet (« fuyez, ils sont incompétent dans le numérique ; ils sont juste forts pour vendre des produits réalisés en partie par des robots, d'où les multiples fautes d'orthographes »).

Créanciers et marché

Le groupe a prévu un plan d’économies drastique dans le cadre de son plan « SoLocal 2020 », prévoyant, outre un PSE, d’arrêter l’annuaire en papier pour continuer de faire des bénéfices.

Mais les résultats ne sont pas là : le résultat d’entreprise a été divisé par 3 en un an et l’action dégringole, à 50 centimes aujourd’hui, perdant l’essentiel de sa valeur (-99,5 % en douze ans).

Le nouveau directeur général, Éric Boustouler, en profite pour faire l'acquisition de 189.620 titres du capital de la société à bas coût.

Encadrement

L’équipe dirigeante est sans cesse renouvelée. Les responsables de clientèle doivent faire des heures supplémentaires (volontariat) le samedi car il n’y a plus assez de salariés pour traiter les demandes !

Salariés

En juin 2018, l’entreprise comptait 4 500 salariés et faisait des bénéfices. Pourtant, elle a alors lancé un PSE (non signé par la CFTC), qui prévoyait 900 licenciements, la fermeture de trois lateaux de télévente sur sept et celle des agences clients, où les services clients étaient implantés.

Les salariés des services clients se sont vu proposer des postes très éloignés de leur domicile. Beaucoup n’ont pas accepté et ont négocié des départs. Ainsi, à Toulouse, 38 postes ont été supprimés et 80 salariés étaient candidats au départ. Au final, 1 500 salariés ont quitté le groupe depuis l’été dernier, soit un tiers des effectifs.

Les conditions de travail sont exécrables et la pression monstrueuse a encore grimpé depuis le documentaire « Envoyé spécial » de 2014, avec un management par la peur, des pauses chronométrées, des humiliations publiques etc.

Ainsi, 50 % des salariés sont en arrêt de travail et le taux de renouvellement avoisine les 30 % dans les équipes. Sur le plateau de télévente de Toulouse (qui compte 70 salariés), le taux d’absentéisme est de 80 % et deux personnes ont tenté de se suicider en novembre dernier.

« À l’ère où les entreprises prêchent le bien-être au travail, nous en sommes au désespoir au travail », témoigne Alain Rodrigue, président de la section CFTC.

Avec le PSE, le ratio de CA demandé par personne a encore augmenté. Il devient inatteignable (les objectifs ne sont atteints que par 15 % des commerciaux), le net recul des ventes du dernier trimestre 2018 le prouve et les nouveaux embauchés ne font pas long feu.

Syndicats

Fin mars 2019, les élections du CSE auront lieu mais dans quel contexte ? Compression maximale du calendrier social dans un temps écourté, superpositions des négociations et commissions de suivi, refus de la direction d'aborder le droit syndical pendant la négociation du CSE…Tous les dirigeants des différents syndicats sont partis, les autres sont en arrêt maladie. Compte tenu du renouvellement, de l’absentéisme et des départs des salariés de l’entreprise, du climat social etc., comment informer les salariés et comment faire campagne ?

Les agences sont fermées et l’entreprise ne fournit pas aux syndicats les moyens de contacter les gens en dehors des lieux de travail.

La direction boycotte la CFTC, et Alain Rodrigue, William Laurent (vice-président de la section CFTC) et les autres ont tous subi des pressions, des menaces et des convocations intempestives. Tous sont en grande souffrance et sont soit partis de l’entreprise, soit en arrêt maladie de longue durée…

Les équipes dirigeantes de SoLocal sont-elles compétentes et probes ? L’entreprise va-t-elle perdurer ? Va-t-elle payer le solde du PSE ?

Toutes ces questions se posent au vu des résultats de l’entreprise ces derniers mois et de la peur qui règne parmi les salariés.

Chronologie
  • 1946 : les annuaires sont confiés aux PTT par le Ministère des PTT.
  • 1997 :  PagesJaunes.fr est créé. 
  • janvier 1998 : transformation du statut de France Télécom en société anonyme.
  • 2004 : création du groupe PagesJaunes.
  • 2006 : vente par France Télécom du groupe aux fonds d’investissement américain KKR et Goldman Sachs pour 3,3 milliards d’euros. Ils détiennent alors 54 % du capital de l’entreprise, le reste étant coté en bourse.
  • 2013 : le groupe est rebaptisé SoLocal Group et 58 % de son chiffre d’affaires vient de l’activité numérique.
  • mars 2015 : enquête de « Cash Investigation » sur la gestion des ressources humaines dans l’entreprise. Le suicide d’un délégué syndical CFTC a été reconnu comme accident du travail par la Sécurité sociale.
  • 1er août 2016 : SoLocal fait suspendre la cotation de son titre. Moody’s abaisse sa note, la ramenant quasiment en catégorie de défaut de paiement.
  • février 2018 : nouveau projet stratégique, baptisé SoLocal 2020.
  • novembre 2018 : le groupe est rebaptisé SoLocal.
Contacts :
Alain Rodrigue – président de la section CFTC SoLocal
arodrigue33@gmail.com
06 27 85 17 19
William Laurent  - vice-président de la section CFTC SoLocal
Kobalt32@gmail.com
06 63 17 97 08
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