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07 / 07 / 2020 | 225 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Sept salariés sur dix souhaitent et pensent que la crise va profondément transformer les modes de travail

Alors que les discussions sur la santé au travail redémarrent et que les partenaires sociaux entament une réflexion sur l’avenir du télétravail, le Comptoir de la nouvelle entreprise de Malakoff Humanis a décrypté les conséquences de la crise sur l’organisation du travail et la santé des salariés, via ses études flash sur le télétravail et l'absentéisme réalisées mensuellement depuis mars 2020.
 

Des appréciations contrastées à intégrer
 

  • Sept salariés sur dix souhaitent et pensent que la crise va profondément transformer les modes de travail et 84 % des télétravailleurs déclarent vouloir continuer de télétravailler à l’issue du confinement. Mais ce plébiscite ne doit pas occulter les risques liés à cette pratique dont la mise en place impose un encadrement et une vigilance en matière de santé notamment.

 

- Des télétravailleurs toujours plus nombreux et satisfaits 

 

Au mois de mai, on a noté une légère hausse de l’activité économique avec 72 % des salariés déclarant travailler (contre 67 % en avril). 57 % d’entre eux sont en télétravail, chiffre stable par rapport à avril. Les télétravailleurs représentent ainsi 41 % de l’ensemble des salariés du secteur privé (+2 points par rapport à avril). Près de la moitié d’entre eux expérimente cette forme de travail pour la première fois et 61 % télétravaillent à 100 %. En moyenne, le télétravail est pratiqué quatre jours par semaine (contre trois jours en avril).
 

La perception du télétravail continue d’être positive. Ainsi, 73 % des télétravailleurs en sont satisfaits, chiffre en hausse de 7 points par rapport au mois d’avril (+ 12 points pour les primo-télétravailleurs) et 43 % des nouveaux télétravailleurs estiment que la crise a positivement fait évoluer leur appréciation du télétravail (+12 points).
 

Cette satisfaction est notamment portée par le sentiment de jouir de plus de souplesse et de flexibilité pour gérer le travail, pour 80 % des télétravailleurs (contre 71 % en avril), et par une plus grande autonomie et davantage de responsabilisation (44 % contre 38 %). Les bénéfices perçus sur l’engagement au travail (34 %, + 9 points), l’efficacité au travail (34 %, + 6 points) et la conciliation vie professionnelle / vie personnelle (42 % +10 points) sont également en hausse.
 

La part des télétravailleurs souhaitant continuer le télétravail après le confinement a augmenté de 11 points par rapport au mois d’avril pour atteindre 84 % des salariés (72 % pour les nouveaux télétravailleurs, + 14 points). De plus, 44 % des télétravailleurs (+12 points) souhaitent le demander de manière régulière. Ce chiffre atteint 50 % dans les entreprises de plus de 1 000 salariés (contre 33 % dans les entreprises de 10 à 49 salariés).
 

- Une forme de travail qui impose la vigilance en matière de santé
 

Dans cette situation très particulière de télétravail généralisé et en confinement, cette pratique (telle qu’on l’entendait auparavant) n’est pas tout à fait la même. Les études réalisées mensuellement par Malakoff Humanis depuis le mois de mars confirment cependant les tendances observées par le baromètre annuel mené par le groupe depuis 2017. Elles renforcent l’idée selon laquelle la mise en place du télétravail, dont les effets sur la santé et la qualité de vie au travail sont bien réels, doit être encadrée.
 

- Des risques :
 

  • en matière de santé individuelle
     

Ainsi, 27 % des télétravailleurs déclarent que le télétravail en période de confinement a eu un effet négatif sur leur santé physique. De plus, 44 % déplorent une baisse de leur pratique d’activité physique, même si l’on constate une légère reprise (+ 5 points) depuis la vague d’avril. Par ailleurs, 45 % d’entre eux déclarent que le télétravail a entraîné une dégradation de leurs postures de travail dans cette situation particulière et 25 % une dégradation de leurs pratiques alimentaires. Enfin, 33 % évoquent un sommeil dégradé.
 

  • en matière de santé au travail
     

Là, 31 % des salariés déclarent que le télétravail en période de confinement a eu un effet négatif sur leur santé psychologique et 48 % (+ 3 points) ont du mal à se déconnecter du travail. De même, 32 % (+ 4 points) indiquent une augmentation de leur charge mentale et 39 % des télétravailleurs se disent « souvent stressés ». Ce niveau de stress a augmenté depuis la crise pour 36 % d’entre eux.
 

Par ailleurs, 40 % des télétravailleurs constatent une dégradation de la qualité du lien avec leurs relations de travail et 32 % souffrent toujours d’un manque d’accompagnement, même s’ils reconnaissent majoritairement que les modes de travail ont été redéfinis pendant le confinement, au-delà de la simple numérisation des processus (selon 63 % des salariés, un chiffre en hausse de 5 points). Enfin, 34 % des salariés en télétravail durant la crise indiquent ne pas disposer d’une pièce ou d’un espace destiné au travail ou de mobilier de travail adapté à leur domicile.
 

Un quart des arrêts maladie lié au covid-19 
 

En avril 2020, 12 % des salariés se sont vu prescrire au moins un arrêt maladie, contre 8 % durant la première quinzaine de mars. Par ailleurs, 26 % des arrêts maladie prescrits en avril sont liés au covid-19 (chiffre en hausse de 4 points par rapport au mois de mars). De plus, 14 % de ces arrêts concernent des cas de covid-19 confirmés ou suspectés et 12 % sont liés à des contacts avec des cas confirmés ou suspectés. Les autres arrêts maladie sur la période sont dus à une maladie ordinaire (15 %) ou chronique (13 %), à des troubles psychologiques (9 %) ou des troubles musculo-squelettiques (6 %).
 

En avril, 18 % des salariés ont renoncé à un arrêt de travail prescrit (contre 17 % pour l’année 2019 et 23 % en mars) et 21 % d’entre eux l’ont fait parce que leur état de santé ne les empêchait pas de télétravailler.
 

Même si ce chiffre a diminué au mois d’avril, 56 % des salariés se disent inquiets par leur retour en entreprise (contre 61 % en mars). Cette inquiétude est due aux protocoles sanitaires imposés par le contexte : respect des règles de distanciation (34 %), insuffisance de nettoyage des locaux (17 %) et nécessité de devoir à nouveau travailler dans un bureau/espace partagé (12 % et 23 % pour les télétravailleurs à 100 % durant le confinement). Par ailleurs, 1 salarié sur 5 appréhende les changements d’organisation de travail et de rythme liés au déconfinement. Enfin, 16 % d’entre eux craignent l’utilisation des transports en commun (28 % pour les salariés en télétravail durant le confinement et 40 % pour les salariés d’Île-de-France dont c’est le premier motif d’inquiétude).
 

Mais aussi, des risques de santé liés au report des soins durant le confinement
 

Ainsi, 34 % des salariés interrogés en avril déclarent avoir renoncé à au moins un soin durant le confinement et tous disent vouloir le reporter avant la fin de l’année.
 

Dans la même période, on note une hausse du recours à la téléconsultation médicale : 11 % des salariés interrogés (contre 9 % en mars). Par ailleurs, 11 % de l’ensemble des consultations ont été effectués par téléconsultation depuis le début du confinement, contre 1 % avant le début de la crise.
 

Pour en savoir plus sur le télétravail en confinement et la reprise d’activité des entreprises, retrouvez le dossier spécial du Comptoir de la nouvelle entreprise.

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