Voici l'appel de détresse d'une salariée reçu avant-hier soir. La consternation et l'émotion nous envahit à la lecture de cet appel.

Il met en évidence que la direction d'une Ehpad "près de chez vous" fait délibérément pression pour obliger du personnel dépisté positif au coronavirus à venir travailler auprès des résidents de l'établissement. On comptait près de 40 décès dans cette Ehpad le 7 avril.

Harcèlement, mise en danger d'autrui sur des personnes en situation de faiblesse, pression particulière sur les représentants du personnel. Comment en est-on arrivé là ? Le maire de la commune est alerté.  Le syndicat de cette adhérente CFTC Santé Sociaux prépare un signalement à la DT-ARS 92 et l'ARS-IDF.

N.B. Le nom du directeur est remplacé par XXX - IDE = infirmier / infirmière - IDEC = Infirmier/infirmière de coordination (encadrement) - Ce témoignage est reproduit tel quel avec sa pièce jointe.
 

Le 9/03,  je demande 1 CHSCT extra, MrXXX refuse. On voit au jour le jour, on prend la température des agents mais ils bossent quand même avec de la fièvre.
 

Le 11 /03,  on m'appelle chez moi car 1er cas covid à mon étage hospitalisé. On n'a pas de matériels (masques donnés au compte goutte). Les résidents sont confinés.
 

Le 16/03, Mr XXX se promène et pas content qu'une IDE est arrêtée (ordonnance apportée chez elle pour qu'elle aille faire un test au plus vite). Elle est au fond de son lit et à 63 ans.
 

Le 17/03, la cadre de santé nous engueule car on insiste pour avoir des masques.
 

Le 19/03, retour du 1er cas avec changement de chambre à la demande de la famille pour avoir une plus grande (urgence suprême en ces temps difficiles ), d'autres on de la fièvre, jusque 40.
 

Le 21/03, j'ai de la fièvre et des courbature. Je prends du doliprane.
 

La semaine d'après, beaucoup d'arrêts, on passe en 12h. On est testé le 26 /03.


Ma collègue qui tousse, moi qui est épuisée sommes positives et l'IDEC nous dit :  "à lundi"
 

Je suis en arrêt du lundi 30 mars au dimanche 12 avril mais j'ai 2 appels de l'IDEC qui me demande de revenir.
 

Depuis je me soigne, me repose, essaye de penser à autre chose mais j'ai des SMS, mails, messages, appels de mes collègues qui sont désespérés. Du personnel positif bosse encore. Un directeur qui hurle que le personnel est incapable, promet au maire de trouver des solutions et envoie une bénévole de 74 ans pour aider à hydrater les résidents. certains ce sont opposés, mais c'est lui le directeur. C'est lui qui décide.
 

J'oublie beaucoup de choses mais voilà aujourd'hui on a passé les 40 décès. Comment se remettre au travail dans ces  conditions ?
 

Je n'attends pas de réponse...

Le message de la direction au personnel méritant