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31 / 01 / 2020 | 7415 vues
Dominique Delpouy / Abonné
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Fermeture de la banque du personnel de la Banque de France

Dans les tuyaux depuis des mois, la décision vient de tomber. Lors de la réunion du CSE-C, le gouverneur a ouvert la séance en expliquant qu’il lui a été difficile de prendre la décision de fermer GESCCO (la banque du personnel) mais qu’elle était nécessaire vu les résultats de l’étude menée depuis septembre 2019. Il est important pour lui de redéployer de nouvelles activités (création d’un site actif/actif et centre régional de contact) sur le site de Poitiers Hauts Montgorges (PHM) et de transférer l’ensemble des « économies » réalisées au bénéfice des actifs par le biais de la mise en place d’une prévoyance (assurance décès, invalidité et incapacité). Le budget affecté à ces dépenses ne serait pas imputé sur les dépenses sociales telles que définies par la Cour des comptes.
 

Déclaration de l'intersyndicale
 

À l’ouverture de ce CSE central extraordinaire, les agents du centre administratif de Poitiers entament une action de grève. Au même moment, dans tous les sites de la banque, des assemblées générales se tiennent. Tous nos collègues s’inscrivent dans ces actions pour rejeter le projet de fermeture de notre banque du personnel (GESCCO) et dénoncer l’annonce brutale faite lors de la séance de vœux de la direction générale des opérations, de l’arrêt de cette activité.
 

L’étude sur l’avenir diligentée en septembre 2019 se résume à une simple logique financière. À aucun moment l’humain et le social n’ont été pris en compte ; pourtant, vous reconnaissez le professionnalisme du personnel de GESCCO, et vous connaissez l’attachement de la clientèle à notre banque du personnel. La pétition #J’aimeMaBanqueGESCCO# mise en ligne par l’intersyndicale du CAPHM a recueilli près de 4 000 signatures.
 

Depuis le 7 janvier, le personnel de GESCCO reste sous le choc de votre annonce. La violence de cette décision est un signe avéré de risques psychosociaux, d’autant que nombre de collègues de ce service a déjà subi des mobilités forcées lors du plan du gouverneur Jean-Claude Trichet en 2004, prédécesseur ayant pourtant apporté la garantie, lors de la cession de la clientèle externe, de maintenir une banque du personnel.
 

Si la promesse d’un reclassement de tous les agents de GESCCO sur le site poitevin est accueilli positivement, il n’en demeure pas moins que l’absence de réponses claires et précises quant à la nature des postes et au calendrier de mise en place, contribue à rendre la situation anxiogène.
 

D’autre part, dans ce dossier, les élus et représentants du CSE CAPHM déplorent un dialogue social quasi inexistant et notre demande d’entrevue avec vous est restée lettre morte.
 

L'annonce de fermeture de GESCCO aux agents le 7 janvier, à l’ensemble du personnel de la banque le 8 janvier sur Navigo et à la clientèle le 13 janvier par courrier, interroge sur vos intentions précipitées à boucler ce dossier alors que les instances du personnel ne sont informées que ce jour.
 

Les élus et RSCSE du CAPHM ont tenu à réaffirmer leur volonté de rejeter la décision de fermeture du service GESCCO. 
 

Éléments de conclusion de l’étude
 

La banque a exposé l’étude menée par des agents de la direction des services bancaires, sans « instruction à charge » d’après la direction de la DSB. Ses résultats ont permis d’établir :
 

Les plus de GESCCO :
 

  • le maintien du symbole de la culture d’entreprise, tarifs bancaires avantageux, activité de 50 agents, excellence de l’activité du service. Ce dernier point a permis de plaider pour la mise en place d’un site actif/actif.
     

Les moins :
 

  • la nécessité d’évolutions coûteuses, la clientèle de plus de 60 ans représente deux tiers des comptes ;
  • le manque d’appétence des nouveaux agents pour ouvrir un compte qui en ont déjà un, souvent en ligne ;
  • le statut de participant direct de la BDF dans le système bancaire ne permet pas d’externaliser tous les types d’opérations ;
  • la suppression d’un service apprécié par les clients de GESCCO, le changement d’établissement bancaire pour une clientèle fragile et l’investissement des agents pour une nouvelle activité.
     

La banque affirme que l’arrêt du service ne se fera pas instantanément. Une consultation et un appel d’offre seraient mis en place afin de finaliser la reprise par un établissement bancaire avec tarifs préférentiels et les spécificités de GESCCO.

 

Suites de l’étude
 

Le choix du redéploiement s’est porté sur les activités de la DSB dont 2 sont considérées comme stratégiques à la banque :  la gestion de la trésorerie de l’État et le traitement des opérations de masse pour les clients de la BDF et de la CDC. La banque y ajoute l’infrastructure SWIFT également au sein de la DSB.
 

Aussi, pour mieux répondre aux exigences de robustesse et consolider son plan de continuité d’activité, un site actif/actif serait mis en place. Les activités actuellement exercées par TOPAZE et SUPDSB y seraient réparties entre les sites de Poitiers et de Paris.
 

La banque assure que chaque agent aura la possibilité de savoir à l’avance sur quel poste il sera positionné, un accompagnement individuel sera mené dans les meilleures conditions possibles. Un poste à la DGSO sur le site de Poitiers sera proposé à chaque agent.

 

Un centre régional de contact (rattaché à la Nouvelle-Aquitaine) sera aussi créé à Poitiers, a priori d’ici la fin de l’année, pour permettre aux agents d’élargir leur choix. La banque n’a pas voulu entrer dans le débat sur les critères de priorité agents réseau/agents GESCCO ou du CAPHM qui pourraient postuler dans ce centre
 

L’annonce qui a été faite n’est pas un redéploiement mais bien la fermeture pure et simple des comptes GESCCO, avec la suppression de 50 postes.
 

Malgré toutes les assurances et précautions de langage prises par le gouverneur, nous avons souligné les dégâts que causera cette décision, notamment auprès de nos collègues retraités qui, pour certains, n’ont eu qu’un compte à la Banque de France. Aussi, nous avons soulevé la question de la redistribution des bénéfices sur une offre de prévoyance qui ne concerne pas cette population.
 

Qu'on le veuille ou non, fermer GESCCO, c’est signer une nouvelle rupture du contrat social qui lie les salariés à la banque. Le gouverneur François Villeroy de Galhau, passant outre les garanties faites par le gouverneur Jean-Claude Trichet de conserver une banque du personnel, a souhaité acter le transfert des comptes de la clientèle GESCCO vers une banque commerciale. Cette décision aura pour conséquence une nouvelle diminution de notre pouvoir d’achat et fragilisera encore plus certains d’entre nous, notamment nos collègues retraités.
 

Le gouverneur explique que, concernant le pouvoir d’achat, il faut attendre la fin du redéploiement qui fera l’objet d’un appel d’offres. Il affirme que tous les clients obtiendront des conditions tarifaires permettant d’améliorer leur pouvoir d’achat : pour notre part, nous sommes très dubitatifs...

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