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23 / 06 / 2023 | 17 vues
Michel Berry / Abonné
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La guerre du cloud doit avoir lieu!

C'est le sujet abordé à partir  d'un mémoire de troisième année de la formation du Corps des mines dans le dernier numéro de "La Gazette de la Société et des Techniques, Publication des Annales des Mines avec le concours du Conseil général de l’Économie et de l’École de Paris du management.

 

Le marché européen du cloud, valant déjà 63 milliards d’euros en 2021, pourrait atteindre 560 milliards d’euros en 2030. Cependant, Amazon, Microsoft et Google absorbent déjà 70 % de la croissance de ce marché, menaçant notre souveraineté numérique. Afin de protéger nos données critiques et d’éviter l’abandon de 30% de la valeur ajoutée générée par nos start-up, il est temps de faire confiance aux acteurs européens déjà matures.

 

Mener cette “guerre du cloud” implique :
 

  • de développer la demande de services cloud grâce à une réglementation adéquate,
  • de mettre en avant l’offre européenne existante
  • et de faciliter la rencontre entre l’offre et la demande.

 

Face à la “cloudification” des entreprises comme des administrations, la domination du secteur du cloud par les hyperscalers américains constitue désormais un enjeu de souveraineté économique et géostratégique majeur.


Fort heureusement, la situation n’est pas si désespérée qu’il n’y paraît  : des acteurs européens du cloud existent déjà et pourraient se faire une place dans ce secteur, qui va connaître une croissance sans précédent.


C’est le message qu’ont souhaité défendre deux élèves du Corps des mines à l’issue de neuf mois de réflexion sur la question de la souveraineté numérique, dans le cadre de leur mémoire de troisième année (1) .

 

Ce mémoire fut ponctué de nombreuses auditions qui leur ont fait réaliser, d’une part, la nécessité de maîtriser la base technologique du cloud avant de chercher d’autres technologies d’avenir et, d’autre part, que seul le prisme économique et concurrentiel était à même de mobiliser les États membres de l’Union européenne sur la question de la souveraineté numérique.

 

Ce sont donc trois leviers économiques qu’ils mobilisent à l’appui de leur thèse :

 

  • augmenter la demande en faveur des acteurs européens du cloud en encourageant l’État à recourir davantage à la commande publique et en alignant les intérêts des acteurs privés sur les besoins macroéconomiques nationaux ;
  • valoriser l’offre européenne en mettant en lumière la compétitivité des fournisseurs existants et la maturité des briques open source sur lesquelles reposent leurs services de base;
  • faciliter la rencontre entre l’offre et la demande, en identifiant les déséquilibres existants sur le marché du cloud, et en mobilisant le levier de la concurrence juste et équitable pour les corriger et permettre aux acteurs européens de se faire une place.

 

En résumé, la France et l’Europe doivent commencer à faire confiance à leurs propres acteurs pour garantir leur souveraineté numérique. 
 

(1) « Souveraineté numérique : la guerre du cloud doit avoir lieu », Romain Fouilland et Godefroy Galas, mémoire de troisième année de la formation du Corps des mines, 2022 (voir https://ma-souverainete-numerique.fr/).

Pour en savoir plus: La Gazette de la Société et des Techniques - Année 2022 (annales.org)

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