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29 / 10 / 2019 | 1286 vues
Etienne Dhuit / Membre
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BNP, Société Générale, Arkéa… Ces banques qui négligent les employés

Dans un précédent article, j’abordais la question de la dégradation du climat social au sein des banques françaises, parmi lesquelles le Crédit Mutuel Arkéa, celui-ci cherchant à court-circuiter ses syndicats et ayant, à l’époque, racheté Socram Banque en ne reprenant qu’une partie des salariés. 
 

Arkéa laisse tomber les salariés de la Socram Banque.
 

Problème : en pleine guerre de sécession avec le Crédit Mutuel (qui ne tourne guère à son avantage), les récents écueils rencontrés par la banque l’ont contraint à abandonner le projet de rachat de la Socram Banque.
 

C’est en effet la recapitalisation en urgence de la filiale d’assurance vie de la banque bretonne, Suravenir, à hauteur d’un demi-milliard d’euros, qui a mis un coup d’arrêt à la stratégie d’Arkéa. D’aucuns estiment que cette déconvenue n’est autre que la conséquence des taux bas qui perdurent et d’une gestion hasardeuse de la filiale.
 

Que d’émotions pour les salariés de la Socram Banque : début août, leur employeur a joyeusement annoncé que leur banque allait être rachetée mais que tout le monde ne faisait pas partie du voyage, puis, fin octobre, que leur banque ne passerait finalement pas dans le giron d’Arkéa, à qui l’exclusivité des négociations avait pourtant été accordée. L’ensemble des salariés pourrait bientôt pointer à Pôle Emploi au regard des difficultés que la Socram rencontre.  
 

La rupture des négociations exclusives entre Arkéa et la Macif, la MAIF, la BPCE et la Matmut (propriétaires de Socram Banque), qui n’est due qu’aux déboires économiques rencontrés par Arkéa, fragilise encore un peu plus la Socram, qui n’avait pas besoin de ça. C’est désormais à la Macif, la MAIF, la BPCE et la Matmut d’exiger réparation auprès d’Arkéa pour son brusque retrait : l’affaire était en effet si bien engagée qu’une signature était déjà prévue pour mars 2020 et de prendre des engagements concrets en faveur des salariés de la Socram.

 

Employé de banque, un métier sur la sellette
 

Travailler dans une banque est devenu un exercice périlleux. Cette réalité ne devrait pas s’arranger : dix banques européennes ont en effet annoncé la suppression de pas moins de 44 000 emplois dans les années à venir. Parmi elles, la Société Générale, qui programmait dès 2015, la suppression de 3 450 postes entre 2016 et 2020 et à laquelle s’ajoute une destruction de 530 postes d’ici 2023, annoncée par la banque le 20 septembre dernier. Pour sa part, BNP Paribas a annoncé, fin août, la suppression de 20 % des effectifs de sa filiale de conservation de titres en France. Pour rappel, les dirigeants de ces deux banques sont les banquiers les mieux payés en France, leur rémunération ayant atteint, pour certains, jusqu’à 2 millions d’euros en 2018.
 

Au niveau mondial, l’heure n’est pas non plus aux réjouissances : dans une étude publiée le 21 septembre, le cabinet McKinsey dévoilait ainsi que, sur 1000 banques contrôlées, 354 pourraient mettre la clef sous la porte « en cas de retournement de conjoncture ». Les employés de banque n’ont jamais été si mal lotis.
 

D’autant que d’après une note du « think-tank » Institut Sapiens, le métier d’employé de banque fait partie des « emplois les plus menacés par la « lame de fond » du numérique ». Ces derniers pourraient avoir complètement disparu en 2050, poursuit l’étude.
 

Entre 1986 et 2016, le nombre d’employés de banque a diminué de 39 %, faisant de la catégorie ayant enregistré la plus importante baisse d’effectifs sur cette période. « La banque et les assurances ne comptent plus que 253 000 employés, contre 323 000 en 1986 », écrit Erwann Tison, directeur des études du « think-tank » et auteur de la note. « Leur poids relatif dans l’emploi total en France a ainsi été divisé par 2, passant de 1,8 % en 1986 à 0,9 % en 2016 ».
 

Par chance, cette tendance ne touche pas les dirigeants, lesquels peuvent dormir sur leurs deux oreilles et continuer de voir leur rémunération augmenter année après année.

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