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11 / 07 / 2017 | 27 vues
Secafi (Groupe Alpha) / Abonné
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AGIR sur les conséquences pour les salariés de l’Industrie 4.0 ou de la transformation numérique de l’industrie

Dans le cadre de sa collection de guides destinés à mieux appréhender les questions de santé et de qualité de vie au travail, Secafi publie un 11ème opus à l’attention des représentants du personnel au CHSCT sur les conséquences de la transformation numérique de l’industrie ou du passage à l’industrie 4.0 pour les salariés, en termes de conditions de travail, de prévention des risques professionnels et de relations de travail. État des lieux avec Emmanuel Gastineau, coordinateur de la rédaction.

Dans le guide AGIR, vous avez fait le choix de recentrer votre propos sur les grands volets de l’activité industrielle. Pourquoi ce choix ?

Emmanuel Gastineau : L’industrie du futur fait l’objet de très nombreux programmes et études. Nous sommes au carrefour de deux perceptions, comme souvent face à de grandes transformations, ceux qui y voient tous les espoirs de la reconquête industrielle et ceux qui y voient la transformation radicale de pans entiers de métiers industriels et la disparition de millions d’emplois. Ce dont nous sommes sûrs, c’est de son pouvoir de transformation sur tous les pans de l’entreprise. Mais comment le présenter ? Prendre le prisme des activités constitutives de toute entreprise industrielle (conception, fabrication…) nous a semblé le plus pertinent.

En prenant cet angle pragmatique, nous avons voulu être concrets, au plus près de ce à quoi les salariés peuvent être confrontés. Avec la dizaine des contributeurs à ce guide AGIR, nous avons cherché à attirer l’attention sur les points de vigilance indispensables, tels que perçus à ravers nos expériences de terrain.

Un point important pour nous, à travers ce guide, réside également dans notre volonté de présenter notre implication sur ce thème. Je tiens à profiter de cette interview pour solliciter toutes les expériences. Ce guide constitue une première mouture, qui sera revue au gré des remontées que nous recevrons, via notre adresse électronique de compilation : guide-agir@secafi.co.

Le train avance très vite et toutes les entreprises du secteur industriel sont ou seront touchées.

 

Quels sont les points de vigilance pour les représentants du personnel ?

Les représentants du personnel au CHSCT ont déjà des réflexes et des pratiques. Les fiches, formats habituels de nos guides AGIR, peuvent leur donner des points d’attention propres à chaque champ de transformation.

Pour rester général, je mettrais en avant deux axes de vigilance à retenir. D’abord, la cible. Derrière un projet, il y a un point d’arrivée. Quel est-il ? Les projets industrie 4.0 visent souvent de gains de productivité. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Un effectif moindre ou une redistribution des missions sur un effectif mobilisé sur de nouvelles tâches ? Les directions doivent clairement définir la cible et les perspectives.

Deuxièmement, l‘évaluation et le suivi des conséquences en termes de quantité de travail (durant la phase de transformation et une fois la cible atteinte). Prenons l’exemple d’un nouveau logiciel. D’abord, il faut le déployer. Durant cette phase, vous continuez à travailler avec l’ancien système. Mais il faut aussi intégrer les données dans le nouveau logiciel. Qui le fait ? Qui valide ? Quelles conséquences ensuite ? Toutes les fonctions sont-elles reproduites ? Autre exemple, la connexion des outils de conception et de la production crée une interface plus directe entre la conception du produit et sa fabrication. Super. Donc vous supprimez les étapes et métiers d’industrialisation ? Vous transférerez cette responsabilité sur les concepteurs ?

C’est en tirant les fils des projets présentés, en incitant à préciser la cible et en se focalisant sur la charge de travail (avant, pendant et après) que nous serons le plus efficaces pour représenter au mieux les salariés dans ces projets.

Dans votre guide AGIR, vous distinguez six types d'effets potentiels sur les conditions de travail et, pour chaque champ de transformation, vous y associez les conséquences sur les changements. Pour quelles conclusions ?

Les effets de l’industrie 4.0 sur les conditions de travail sont multifactoriels ! Un projet de transformation a des conséquences qui dépassent souvent ce qui est imaginé de prime abord. Pour les évaluer, nous sommes effectivement partis de la cartographie des risques psychosociaux de Michel Gollac. Nous en avons retenu 6, qui vont du contenu du poste à la sphère personnelle.

Notre conclusion est la nécessité d’adopter une approche systémique face à un projet. Nous pensons que cette grille peut aider à ne pas oublier de champs d’effets.

Face à de tels effets, quels sont les moyens d’action des représentants du personnel ?

Un mot : exigence.

Les représentants du personnel doivent porter l’exigence de l’évaluation avant, pendant et après. Les utilisateurs, à savoir le salarié et ses représentants, doivent être au centre des projets, du choix à la mise en œuvre du projet.

Retrouvez les 10 premiers numéros de la collection SECAFI des guides AGIR pour l’amélioration des conditions de travail sur notre site en cliquant ici.

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