Participatif
ACCÈS PUBLIC
07 / 04 / 2017 | 7 vues
Max Masse / Membre
Articles : 14
Inscrit(e) le 06 / 10 / 2012

Preventica 2017 : un rendez-vous singulier

Les congrès-salons Préventica rythment deux fois par an l’activité professionnelle de toutes les parties prenantes de la santé et de sécurité au travail et de la sécurité-sûreté. Dirigeants des secteurs privé et public, responsables de services ressources humaines, concepteurs d’équipements de protection individuelle et collective, préventeurs de tous horizons professionnels, ergonomes, psychologues travail, représentants d’organisations syndicales ou membres de CHSCT et bien d’autres encore se retrouvent pendant trois jours pour exposer, découvrir, débattre, se former…

Cette régularité, le nombre de visiteurs et la diversité des participants font de chaque salon une sorte d’événement institutionnel et multidimensionnel autour de thèmes d’actualité qui sont également apportés par les participants eux-mêmes (Masse. 2014a).

Dans ce sens, Préventica joue un rôle essentiel de fédérateur, de centralisateur de débats de « fournisseur » d’intelligence collective.

Un peu d’histoire

La société Communica organisation a créé le premier salon-congrès Préventica en 1997. Les salon-congrès concernent toutes les parties prenantes de la santé et de la sécurité au travail dans les secteurs privé et public (responsables d’entreprise et d’administration, de ressources humaines et de formation, salariés, agents de la fonction publique, préventeurs, représentants syndicaux, étudiants, associations…) qui, en fonction de leurs projets, peuvent louer différents espaces : stands, salles de conférences ou de congrès.

Selon les propres termes d’Éric Dejean-Servières (EDS), commissaire général de ces salons-congrès, « la question n’est pas de tenter de régler tous les problèmes » mais d’offrir aux parties prenantes locales dans les régions les moyens de partager les questions, les analyses, les expérimentations, les technique, les méthodes etc. à partir de la plus grande diversité des situations-problèmes rencontrées au quotidien dans les secteurs privés et publics dans ce que l’on peut nommer « un processus itératif et interactif de constitution d’une intérêt commun à agir ».

Un coup d’étincelle et un incendie positif

La motivation de départ du créateur de Préventica a émergé suite à sa confrontation professionnelle en tant que conseil en communication et en marketing avec un acteur de la santé au travail : la Caisse régionale d’assurance maladie (CRAM) qui affirmait que son métier était de promouvoir la santé au travail mais qu’il n’existait pas véritablement de lieu fédérateur pour réaliser cette ambition. La réponse d’EDS a été de penser à la création d’un lieu de rencontres au-delà d’un site internet, d’un débat sur un film ou de la diffusion d’une plaquette d’information où les différents acteurs pourraient découvrir des procédés, échanger des expériences et confronter des idées.

L’objectif premier a été de porter une culture de la prévention, d’organiser de la prévention en amont pour repenser le travail pour qu’il soit moins porteur de risques pour les gens au travail ; il répète volontiers « on est sur la matière vivante, sur de l’humain ».

Dès 1997, le projet a fonctionné à partir de rencontres annuelles organisées dans les régions dans des villes pour des acteurs de la région choisies pour leur implantation géographique, leur dynamisme économique et leur capacité d’accueil de l’événement.

Comprendre et vendre : un laboratoire de recherches appliquées

Préventica peut être considérée comme un activateur de partage d’expériences et de pratiques, un promoteur de l’innovation, un facilitateur de mise en relation de réseaux mais également comme un vecteur de professionnalisation en permettant la rencontre de tous les acteurs de la SST issus de monde qui se cherchent souvent et se trouvent trop rarement.

Le commissaire général considère Préventica comme un « laboratoire de recherche pour trouver des pistes de progrès et de projets » qui fait des essais, croise des acteurs et regarde leurs complémentarités, leurs contradictions et cherche modestement de nouveaux modèles à mettre en place. Il pense indispensable de « chercher à analyser, à comprendre, à mettre en relation, tester des choses que l’on n'a pas l’habitude de faire ». Dans cet effort de décloisonnement, il considère en quelque sorte que la SST doit être ouverte « à un territoire qui est celui de la pensée partagée ».

Préventica cherche à comprendre et à donner à comprendre aux participants et visiteurs les évolutions, les innovations, les problématiques de la SST. Avec son infrastructure (stands et salles de conférences), les démonstrations, les prix de l’innovation etc., il autorise les mises en œuvre dans la vie quotidienne au travail. Des « forums-formations » permettent de faire intervenir des représentants des secteurs public et privé de la formation sur des questions de SST et de mobiliser simultanément les participants dans la salle (en particulier sur la question de l’intégration de la SST dans les curricula des écoles de managers, ingénieurs, architectes…). Si l’offre se développe, les attentes des visiteurs en font de même, Préventica est devenu sinon un lieu de formation, du moins ce que nous appelons un espace de pré-professionnalisation (Masse, 2014b).

Préventica, une affaire de territoire

Depuis 2005, Préventica organise deux salons-congrès par an dans des villes différentes : Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Rennes, Strasbourg et Toulouse (Lyon et Lille sont revisitées tous les deux ans). Chaque congrès accueille de 350 à 400 exposants, une centaine de conférences et entre 9 000 et 13 000 visiteurs.

Jusqu’à 2016, Paris n’a pas été visité par Préventica. Dans un entretien en 2013 EDS considérait que de très gros salons y étaient déjà organisés (comme Expoprotection) et que les salons parisiens attirent plus ou moins les mêmes personnes à chaque salon alors qu'en province, il y a « mécaniquement environ 50 % des personnes locales qui sont différentes pour chaque salon. Les rencontres en province sont des rencontres très professionnelles avec les mêmes qu’à Paris qui viennent rencontrer les acteurs régionaux et c’est un plus quand on parle de la régionalisation, de l’autonomie. Je me suis appuyé sur ce principe et en province on peut faire de belles manifestations professionnelles et des rencontres intéressantes ».

Événement majeur de la vie de Préventica, le congrès-salon s’installera donc en juin 2017 à Paris, Porte de Versailles, après Préventica Maroc (avril), avant Préventica Sénégal (octobre) et Strasbourg-Europe (novembre) avant d’envisager la Côte-d‘Ivoire (2018). Est-ce que Préventica aurait épuisé son tour des provinces de France pour se tourner vers l’Europe et l’international ?

Alors Paris ou Île-de-France en 2017 ?

Dans un entretien du 22 novembre 2016, EDS nous a expliqué cette évolution en rappelant si besoin était que Paris n’est ni la France, ni l’Île-de-France et que cette région a été un peu « oubliée » par Préventica et qu’il a semblé logique de donner la parole à toutes les parties prenantes de cette grande région (un quart des entreprises françaises).

La singularité de Préventica n’est pas de vendre de la surface ou du m² mais d’étudier une offre entre stand et conférence, d’où l’idée du congrès-salon qui est un constituant de notre création. Autrement dit, il s’agit de sa raison d’être : être avec les organismes de promotion de la prévention et cette promotion passe par une équipe, des échanges, des projets…

L’identité et la vocation de Préventica consistent à favoriser les rencontres (Sénégal, Côte-d’Ivoire) et à travailler avec toutes les régions et, dans le cas présent, des acteurs de la région Île-de-France, dont la CRAMIF, ont regretté de ne pas avoir « leur » Préventica. Ce n’est donc pas une révolution mais en quelque sorte « une évolution logique de l’histoire de Préventica et une régularisation vis-à-vis d’une région qui a été cachée par Paris et les grands salons internationaux alors que nos congrès-salons s’intéressent aux acteurs locaux et en Île-de-France, il y a des acteurs locaux qui ont des choses à dire » et « ce n’est donc pas un salon de plus sur le territoire parisien mais une étape de plus de notre caravane et de son circuit itinérant en France. EDS compte bien « travailler sur des sujets qui concernent directement l’Île-de-France».

À Paris, Préventica s’intéressera autant aux conditions de travail du secteur du petit commerce alimentaire autour de la plate-forme de Rungis (organisation du travail, durée du travail, opération de chargement, rythme de vie etc. qu’aux aéroports et leurs multi-métiers ou au chantier du Grand Paris.

En le visitant ou en contribuant directement au congrès-salon, chaque partie peut donc apporter sa pierre à l’édifice.

Rendez-vous les 20, 21 et 22 juin à Paris, Porte de Versailles.

  • Masse, M. (2014a). « Gouvernance de la santé au travail et principe de subsidiarité. L’exemple d’un assemblage secteurs public-privé comme ressource formative sur les territoires ». Dans Revue européenne du droit social, n° , juin, pp. 56-73.
  • Masse, M. (2014b). « Humanisation d’un paysage culturel dans la fonction publique française. Le cas de la pré-professionnalisation en santé-sécurité au travail ». Dans Management & sciences sociales, n° 16, janvier-juin 2014, pp. 88-101.

Afficher les commentaires