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03 / 10 / 2016 | 4 vues
Andree Thomas / Membre
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L’explosion des inégalités est liée à la perte de pouvoir de négociation des syndicats

Entretien avec Pierre Habbard, conseiller au TUAC, la commission syndicale consultative auprès de l’OCDE qui représentent les intérêts de 56 centrales syndicales.

À quelles difficultés est confronté le G20 aujourd’hui ?

Le rôle du G20 est de coordonner les politiques économiques. En l’occurrence il s’agit de coordonner des stratégies de relance pour sortir de la stagnation économique. Aujourd’hui, l’enjeu est de coordonner une Europe toujours en crise, une Amérique du Nord dont les indicateurs sociaux restent mauvais avec des inégalités qui s’aggravent et une Chine qui, avec un rythme de croissance à 5 % (et plus à 10 % comme il y a quelques années), ne parvient plus à jouer son rôle de moteur de l’économie mondiale.

Des enseignements ont-ils été tirés de l’effondrement financier de 2008 ?

Sur la question de la réforme du système financier, le bilan est en demi-teinte. On continue à dire qu’on avance, mais ce n’est toujours pas fini.

Certes il existe de nouvelles règles prudentielles, un nouveau contrôle des produits dérivés. Mais, huit ans après la faillite de la banque d’investissements Lehman Brothers, le danger d’avoir des banques trop grosses, hors contrôle des autorités et qui portent en elles des risques systémiques pour l’économie existe toujours. L’affaire n’est toujours pas conclue et c’est alarmant.

Le conseil sur la stabilité financière (1) lui-même le reconnaît. Il existe en revanche un bon plan d’action pour l’harmonisation des règles fiscales en vue d’éviter l’optimisation fiscale, élaboré sur la base d’un travail effectué par l’OCDE. Il est bon sur le papier, c’est de ce point de vue un succès ; il reste maintenant à le mettre en œuvre. Mais on peut dire que sur ce sujet le G20 a été pertinent.

Quelles sont les attentes syndicales ?

Il y a maintenant l'occasion de recentrer le débat sur le modèle de croissance, sur le contenu de celle-ci. Jusqu’en 2008, dans les instances internationales, les gouvernants ne pensaient qu’à « faire du chiffre », sans vraiment se soucier de la redistribution des richesses.

L’idée dominante était qu’il n’y avait pas besoin de mécanismes de solidarité parce que le marché finirait par permettre un jour une redistribution de la richesse. Aujourd’hui, on s’accorde sur la nécessité d’une croissance « inclusive » pour notamment mettre fin à l’explosion des inégalités. Mais il reste à la définir.

Nous pensons notamment qu’il faut renforcer les systèmes de négociation collective, la convention collective, pour combattre les inégalités et poser les bases d’une relance durable et soutenue de l’économie.

Une étude du FMI reconnait d’ailleurs que l’augmentation des inégalités est liée à la perte de pouvoir de négociation des syndicats. Mais si d’un côté la déclaration finale du G20 reprend l’engagement de ses ministres du travail de juillet dernier en faveur d’un renforcement des systèmes de protection sociale et d’une « hausse des salaires accrue et durable », de l’autre elle inclut en annexe un « agenda renforcé pour la réforme structurelle », qui est ambiguë sur la réforme du marché du travail, soulignant l’attrait de la « flexicurité » et qui ignore la question des salaires.

(1) Le conseil de stabilité financière (en anglais « Financial Stability Board » ou FSB), a été créé lors de la réunion du G20 de 2009. Régionales et internationales (Fonds monétaire international, Banque Mondiale, OCDE, Banque des règlements internationaux, Banque centrale européenne, Commission européenne) et 6 « normalisateurs techniques internationaux » comme l’Association internationale des contrôleurs d’assurance. Pour la France, en sont membres le ministère de l’Économie et des Finances, la Banque de France et l’Autorité des marchés financiers (AMF). Sa mission est « d’identifier les vulnérabilités du système financier mondial et de développer et mettre en place des principes en matière de régulation et de supervision dans le domaine de la stabilité financière ». 

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