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10 / 03 / 2016
Henri Prieur / Membre
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Projet Hinkley Point, Trafalgar des temps modernes

Le directeur financier d’EDF a annoncé sa démission, prenant ainsi ses responsabilités face aux risques à précipiter l’investissement dans le projet nucléaire britannique d’Hinkley Point. Cette démission conforte la CFE énergies pour laquelle la situation économique dégradée du groupe EDF ne lui permet pas de financer et de porter les risques d’un tel projet alors qu’il est confronté à des investissements industriels majeurs et à un contexte politique et réglementaire plus que défavorable.

Dans ce contexte, s’entêter, c’est faire prendre un risque fatal à EDF

Alors qu’EDF fête ses 70 ans cette année, la CFE énergies est particulièrement inquiète des nombreux nuages qui planent sur l’entreprise. Outre les dangers d’une décision précipitée sur le projet nucléaire britannique dans le contexte d’une équation économique globale insoluble, EDF doit faire face à la fois à l’obstination de la Commission européenne sur les concessions hydrauliques mais aussi à un marché de l’électricité déboussolé par un essor incontrôlé et subventionné des énergies renouvelables qui se révèle incapable d’assurer le financement des investissements industriels. Ainsi cumulés, ces nuages sont annonciateurs de tempête.

Plutôt que s’entêter à soutenir une décision précipitée sur le projet Hinkley Point et à oublier que seul l’intérêt d’EDF doit prévaloir dans cette décision, le gouvernement ferait mieux de prendre conscience de la gravité de la situation de l’entreprise. Au-delà de l’impérieuse nécessité de prudence sur le dossier britannique, la CFE énergies attend aussi de l’État qu’il adapte enfin sa soif de dividendes aux réalités de l’entreprise, qu’il défende réellement auprès des autorités européennes un moratoire sur les concessions hydrauliques françaises et qu’il assume une programmation pluriannuelle de l’énergie qui doit donner la nécessaire visibilité au programme de grand carénage du parc nucléaire français.

Ceux qui s’entêtent à rester sourds à ces alertes vont finir par mettre fin à l’histoire d’EDF.

Rester sourd à ces alertes, s’entêter et laisser EDF subir les conséquences de la double peine qu’est le cumul de l’inefficacité du marché et de l’ingérence politicienne, c’est s’acharner à fragiliser l’entreprise alors que son formidable capital industriel, humain et technologique est un atout pour la France, un atout qui doit permettre à notre pays de relever les défis de la décarbonation, de la réindustrialisation et de la sécurité de ses approvisionnements électriques.

Ceux qui s’entêtent à rester sourds à ces alertes vont finir par mettre fin à l’histoire d’EDF. Pourtant, après les précédents Alstom, Alcatel et Areva que la France a connus en 2015, notre pays ne peut plus se permettre un nouveau fiasco politico-industriel. C’est pour l’éviter et assurer un avenir d’EDF fidèle à ses fondamentaux d’entreprise industrielle de service public que la CFE énergies se mobilise.

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