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09 / 11 / 2015 | 9 vues
Didier Cozin / Membre
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Le travail externalisé empêche la formation des moins qualifiés

Depuis une trentaine d'années notre pays a non seulement réduit le taux d'activité de ses habitants (avec désormais près de 6 millions de chômeurs, une carrière qui s'étale sur 35 ans et des retraites prématurées), il a non seulement institué une certaine précarité (plus de 80 % des embauches se font en CDD) pour les jeunes mais bien pire encore il a externalisé la plupart des fonctions secondaires dans les grandes entreprises (le ménage, la sécurité, l'entretien ;la maintenance...) en laissant sur le carreau les millions de travailleurs non ou peu qualifiés.

 

La réaction est la même dans nombre de grandes entreprises : " le socle des compétences, vous n'y pensez pas, nous n'avons que des travailleurs très qualifiés"; ou encore "autrefois nous avions des travailleurs non qualifiés mais c'est fini, les derniers partent à la retraite" ou autre variante : "nous avons compris la leçon, même pour des gardiens d'immeubles nous n'embauchons plus que des bacheliers"..

 

L'externalisation du travail non qualifié est très semblable à une délocalisation

Pour maintenir les avantages sociaux des uns, les horaires faibles des autres et les rémunérations élevées des insiders (obenues souvent à l'ancienneté) on rejette aux marges de l'entreprise rentable tous ceux qui ne sont pas au coeur du métier.

La conséquence de l'externalisation est la constitution de gigantesques sociétés de services sans moyens financiers, sans management, sans formation ni RH (un manager pour 100 salariés contre un pour 10 dans la plupart des entreprises classiques).

Des appels d'offres intenables mais qui permettent de maintenir la paix sociale dans les grandes organisations

Les appels d'offres permettent d'une façon bien pratique de tirer les prix du travail vers le bas, de choisir systématiquement le moins coutant et au final de ne pas donner à certaines entreprises, à leurs branches tout comme aux travailleurs les moyens de sortir de l'illettrisme ou d'insuffisantes compétences.

Le paradis des travailleurs à statut face à et l'"enfer" des sous-traitants

Jadis Victor Hugo avait écrit que "le paradis des riches était bati sur l'enfer des pauvres", aujourd'hui c'est en France dans la sous-traitance que cet enfer professionnel se retrouve souvent: de gigantesques sociétés de services, sans le sous, ballotées d'un marché à l'autre, employant une multitude de personnes (20 000, 30 000, parfois plus de 50 000 salariés) non qualifiées, illettrés souvent.
Ces personnes sont souvent d'origine étrangère (qui accepterait de travailler dans ces conditions à part une main d'oeuvre fragilisée et incapable de choisir son emploi ?) 

La réforme de la formation n'a fait qu'accroître les difficultés de la formation de ces personnels non qualifiés

  • Elle déplace les problèmes en tentant de ré-orienter vers pôle emploi une partie des fonds formations des entreprises privées (déshabiller Pierre pour réhabiller Paul..emploi)
  • Elle diminue drastiquemet les financements dont bénéficiaient les PME/TPE via les OPCA (source la Cour des Comptes dans note d'alerte d'octobre 2013)
  • Elle prétend pénaliser de 3 000 euros par personne non formée des entreprises (ou des associations) qui n'ont souvent pas même 100 euros par an de budget formation
  • Elle fait reposer sur l'individu la commande de formation dans un parcours du combattant dont aucun travailleur non qualifié ne viendra à bout (et le Conseil en évolution professionnelle reste une vue de l'esprit, un phantasme admnistratif)
  • Elle réduit enfin l'effort formation de tout le monde professionnel au profit d'introuvables financements de branche (plusieurs grands OPCA sont proche du dépot de bilan).

 Si Emmanuel Macron et ses NOE (Nouvelles opportunités Economiques) veut éviter justement le naufrage de l'arche France il devra au plus vite revenir sur la désastreuse réforme de la formation votée à la va vite (procédure d'urgence) en février 2014, réforme qui sidère le monde du travail tout en obérant nos chances de retrouver une quelconque compétitivité (compétitivité=compétences).

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