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23 / 07 / 2015 | 402 vues
Stephane Roose / Abonné
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Arrêt de travail en longue maladie : quel accompagnement pour une meilleure reprise ?

Au bout de 6 mois, 1 an, 2 ans en arrêt de travail, beaucoup de salariés n’ont plus l’énergie pour remettre les pieds dans l’entreprise. Ils sont irrémédiablement déconnectés. Une seule perspective pour eux : le licenciement pour inaptitude.

Pas facile en effet de reprendre le travail après un ou plusieurs arrêts successifs de plusieurs mois. Dans l’entreprise, les choses peuvent avoir beaucoup changé avec une nouvelle organisation du travail de chacun, de nouveaux encadrants, des changements d’horaires etc. La période qui précède la reprise est à risque car anxiogène. Beaucoup d’actes suicidaires concernent d’ailleurs des salariés en arrêt de travail depuis longtemps et qui sont sur le point de reprendre.

Maintenir le lien


Maintenir le lien entre le salarié en arrêt et l’entreprise est donc une priorité. « Il faut au moins assurer un contact par mois. Peu importe que ce soit la DRH, le management, l’assistante sociale ou encore les représentants du personnel qui le fassent mais il faut mettre en place un système de suivi consolidé des prises de contact. Il ne s’agit pas de se montrer intrusif mais simplement de prendre des nouvelles et d’en donner sur la vie de l’entreprise », explique Stéphane Roose, directeur d’Impact Études, cabinet d’expertise CHSCT et filiale du groupe JLO dont l’une des activités concerne le retour et le maintien dans l’emploi, notamment des handicapés.

« Le suivi des personnes absentes pour maladie fait bien l'objet des prérogatives du CHSCT au travers notamment d'une commission de retour à l’emploi. »

Le 23 juin dernier, Impact Études parrainait un café social qui a permis d’illustrer l’important besoin de coordination entre les multiples acteurs internes et externes à l’entreprise, tous concernées par un arrêt de travail au long cours. Pour Stéphane Roose, « il faut avoir une vision globale du rôle de chaque acteur interne pour améliorer les conditions de la reprise car plus l’arrêt dure, plus le risque de désinsertion professionnelle est important ». Un CHSCT dont les représentants devraient pleinement jouer leur rôle en la matière. « Le suivi des personnes absentes pour maladie fait bien l'objet des prérogatives du CHSCT au travers notamment d'une commission de retour à l’emploi », rappelle Stéphane Roose. L’occasion de solliciter l’intervention du médecin du travail (aussi membre du CHSCT) ou de l’assistante sociale sur le sujet.

Responsabiliser le salarié

« L’essentiel est de rendre le patient acteur et d’amener tout le monde à se parler. »
Ce café social aura été l’occasion d’un échange entre médecin du travail et médecin traitant, deux acteurs qui se trouvent chacun à sa façon en première ligne en matière d’arrêt de travail mais qui s’ignorent encore très largement. « L’essentiel est de rendre le patient acteur et d’amener tout le monde à se parler. Le médecin traitant a un rôle essentiel en la matière. La confidentialité est un faux problème si c’est le patient qui fait la démarche de voir son médecin du travail et son employeur pour faire le point sur les conditions de sa reprise. Le besoin de se parler est d’autant plus essentiel que 30 à 40 % des consultations des médecins traitants recouvrent des souffrances psychiques. Cela sous-entend une véritable écoute du médecin pour créer la confiance », affirme Jean-Luc Gallais, du syndicat des médecins généralistes, qui va jusqu’à imaginer qu’un jour un patient arrive chez son médecin traitant avec sa fiche de poste afin que celui-ci puisse mieux appréhender la situation. Quoi qu’il en soit, le salarié doit être au cœur du dispositif de maintien dans l’emploi et le premier acteur.

Fiche de poste et visites de pré-reprise

« Le salarié ne doit surtout pas hésiter frapper à la porte du médecin du travail. »
« Des fiches de poste qui décrivent bien l’activité et ses contraintes permettent de diviser par deux les licenciements pour inaptitudes », affirme Stéphane Roose qui plaide pour l’organisation d’une visite de pré-reprise à la demande du salarié dès lors que l’arrêt dépasse les trois mois. Une visite de pré-reprise très largement sous-utilisée... « Au bout de trois mois d'arrêt, le médecin conseil devrait intervenir mais c'est souvent au bout de six mois qu'il le fait, du fait de la charge de travail. C'est trop tard pour se réveiller quand la suspension des versements des indemnités journalières se rapproche. Globalement, il y a de moins en moins la volonté de reclasser dans les entreprises. C'est tout le sens du lobbying contre la fin de l'avis d’aptitude qui contraint l’employeur à un aménagement de poste. Le salarié ne doit surtout pas hésiter frapper à la porte du médecin du travail dont le rôle s'assimile de plus à celui d'un psychologue. Pour obtenir un mi-temps thérapeutique, par exemple. Si le salarié le demande directement à son employeur, il y a 50 % de chances pour que celui-ci soit refusé. Le taux d'acceptation  est quasiment de 100 % quand c'est le médecin du travail qui le demande », considère Martine Keryer, médecin du travail dans un service inter-entreprises et secrétaire nationale de la santé au travail de la CFE-CGC.

Permettre aux salariés de suivre des formations pendant leur arrêt de travail participe aussi à maintenir le lien et à optimiser la reprise. La Sécurité sociale accepte enfin, sous certaines conditions, de maintenir le versement des indemnités pour des salariés en formation.

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