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19 / 01 / 2012 | 5 vues
Catherine Des Arcis / Membre
Articles : 9
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La génération Y en entreprise : entre désamour et volonté de reconnaissance

Suite aux trois premières vagues réalisées entre août 2009 et février 2011, le CESI publie aujourd’hui, en partenariat avec Le Figaro et BFM, les résultats du quatrième « observatoire social de l’entreprise » sur un thème qui a fait couler beaucoup d’encre et qui n’est pas sans lien avec la crise : la génération Y dans l’entreprise. Chaque vague de cet observatoire comporte deux volets : l’un barométrique abordant les conséquences de la conjoncture sur l’entreprise, l’autre thématique, consacré à l’employabilité et se référant à un thème d’actualité du moment, ici la génération Y.

Volet thématique de l'enquête

Si les jeunes salariés sont jugés très durement, c’est bien plus par les autres salariés que par les chefs d’entreprise.

Une majorité des chefs d’entreprise considère que les jeunes salariés ne se distinguent pas véritablement des autres salariés et lorsque c'est le cas, leur perception est plutôt positive : 33 % d’entre eux jugent qu’ils sont plus ambitieux (contre 21 % moins), 31 % qu’ils sont plus motivés (contre 30 % moins), 30 % plus enthousiastes (contre 27 % moins) et plus polyvalents (contre 27 % moins).

C’est tout le contraire chez les salariés pour qui la génération Y se distingue plutôt en mal : 55 % d’entre eux considèrent que les jeunes sont plus ambitieux que les autres, et 58 % qu’ils sont plus individualistes. Ils reprochent notamment à cette génération sa difficulté d’adhésion à la culture et aux objectifs de leur entreprise (57 % contre 46 % des chefs d’entreprise) et la difficulté de les garder au sein de l’entreprise (58 % contre 42 % des chefs d’entreprise).

Le divorce entre les jeunes salariés et leurs aînés semble néanmoins consommé : si les salariés de 30 ans et plus ont une image particulièrement négative de leurs cadets, ces derniers leur rendent la pareille. La confiance qu’ont les jeunes de cette génération dans leurs compétences les pousse à se considérer plus ambitieux que les autres salariés (65 % le pensent), plus polyvalents (58 %) et plus motivés (53 %). Une majorité relative d’entre eux se considère également plus efficace (49 %), plus enthousiaste (45 %) et certes plus individualiste (44 %).

La génération Y est souvent très proche des préoccupations et perceptions des générations précédentes et aspire en réalité avant tout à être reconnue.

Si jeunes et moins jeunes salariés ont le sentiment d’être différents les uns des autres, ils partagent pourtant les deux mêmes priorités au travail : la rémunération (71 % des moins de 30 ans et 69 % des 30 ans et plus), suivie de l’ambiance de travail (51 % des moins de 30 ans et 42 % des 30 ans et plus). Leur troisième priorité diffère toutefois : alors que les 30 ans et plus privilégient l’équilibre entre vie privée et professionnelle (40 %), les moins de 30 ans favorisent quant à eux la reconnaissance de leurs compétences (36 %).

Malgré ces tensions exacerbées par la crise, l’espoir d’une entente intergénérationnelle au sein de l’entreprise est permis.

S’il existe des tensions, il n’y a cependant pas de rejet majoritaire des jeunes dans l’entreprise : 75 % des salariés de 30 ans et plus considèrent que recruter un jeune est plutôt un atout pour l’entreprise. Les chefs d’entreprise, qui prennent quant à eux le véritable risque financier en embauchant des jeunes sont plus nombreux à juger qu’il s’agit plutôt d’un risque (38 %).

Seuls 35 % des chefs d’entreprise et 36 % des salariés ont le sentiment que les moins de 30 ans constituent une génération vraiment particulière. Une majorité d’entre eux considère, soit que ce phénomène de génération n’existe pas (34 % des chefs d’entreprise et 18 % des salariés), soit qu’ils ne constituent pas vraiment une génération différente (30 % des chefs d’entreprise et 44 % des salariés).

Pour une majorité de répondants, chefs d’entreprise comme salariés, il n’y a donc pas d’effet de génération.

Volet barométrique de l'enquête

Chefs d’entreprise et salariés se font l’écho de perspectives de croissance en berne tandis que les écarts de perception sur la situation de l’entreprise se creusent et deviennent préoccupantes

Chefs d’entreprises et salariés sont bien plus nombreux qu’en 2010 à anticiper une baisse d’activité de leur entreprise dans 6 prochains mois : leur moral est au plus bas.

Les chefs d’entreprise ne sont plus que 18 % à prévoir une croissance de leur activité dans les 6 mois à venir (-3 points par rapport à la dernière vague réalisée au 2ème semestre 2010). Mais surtout, la part des chefs d’entreprise qui prévoit une baisse d’activité augmente de manière importante (29 % ; +10 points).

Les salariés restent quant à eux moins pessimistes que les chefs d’entreprises, même s’ils revoient également leurs prévisions de croissance à la baisse : 24 % anticipent une baisse d’activité dans leur entreprise (+10 points), tandis que la proportion de salariés tablant sur une hausse de l’activité chute de 9 points pour s’établir à 28 %.

L’assombrissement de ces perspectives de croissance fait écho à des prévisions de reprise toujours plus pessimistes.

En moyenne, les chefs d’entreprise n’envisagent pas de reprise économique dans leur secteur d’activité avant presque deux ans (23 mois). Quant aux salariés, bien qu’ils soient encore une fois moins pessimistes que les chefs d’entreprise, ils revoient également leurs prévisions de reprise : ils pensent désormais qu’elle n’interviendra pas avant 11 mois en moyenne (contre 6 mois au second semestre 2010).

Dans ce contexte, les indicateurs sectoriels de santé des entreprises sont logiquement orientés à la baisse, aux yeux des chefs d’entreprise comme des salariés.

Si les chefs d’entreprise restent majoritairement optimistes sur le maintien de l’emploi dans leur entreprise (72 % ; +1), le niveau de stress des salariés (57 % ; -6 points) et la possibilité de proposer des formations à leurs salariés (56 % ; +7), ils sont beaucoup plus pessimistes sur les sujets qui dépendent davantage du contexte économique tels que le développement économique de leur secteur d’activité (45 % d’optimistes, -5) ou la capacité à embaucher de leur entreprise (17 % d’optimistes, -4 points depuis décembre 2010).

Chez les salariés, l’optimisme recule sur l’ensemble des sujets. Bien qu’il reste majoritaire sur le maintien de leur emploi dans l’entreprise (75 %) et le développement économique de leur secteur d’activité (52 %), la chute est toutefois bien réelle (respectivement -5 points et -11 points). Par ailleurs, les salariés n’ont jamais été aussi peu optimistes sur l’augmentation de leur salaire ou de leur pouvoir d’achat (seulement 19 % ; -5).

Les chefs d’entreprise restent en revanche beaucoup plus optimistes que les salariés sur le climat dans leur entreprise : les différences de perception se confirment et deviennent préoccupantes.

Les chefs d’entreprise sont encore plus convaincus qu’il y a un an que la situation est bonne dans leur entreprise, qu’il s’agisse des relations entre les salariés et leurs supérieurs hiérarchiques (96 % ; +3), du climat social en général (82 % ; +5), des rémunérations (78 % ; +3) ou encore de l’emploi (65 % ; +5).

Les salariés ont pourtant une vision beaucoup moins idyllique de la situation et ces écarts de perception, voire cette incompréhension entre chefs d’entreprise et salariés, sont préoccupants. Si les salariés considèrent toujours majoritairement que les relations avec leurs supérieurs hiérarchiques directs sont bonnes (75 % ; -1), leur perception du climat social en général se dégrade (57 % ; -4), comme celle des rémunérations (46 % ; -2) et de l’emploi même (67 % ; -4).

Ce hiatus est illustré par le fait qu’alors que 82 % des chefs d’entreprise jugent le climat social bon dans leur entreprise, plus d’un salarié sur deux déclare que si un mouvement social se développait au sein de son entreprise, il aurait envie d’y participer (53 % ; +5).

Quatrième vague de l’observatoire social de l’entreprise. Sondage Ipsos / Logica Business Consulting Pour le Cesi et en partenariat avec Le Figaro et BFM.

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