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10 / 06 / 2011
A Messaoud / Membre
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Une résidence sociale inaugurée, 4 000 hébergements suprimés en Île-de-France

Mardi 7 juin, 80 mal-logés attendaient Benoist Apparu, Secrétaire d'État au Logement, devant la résidence sociale du Secours Catholique qu'il venait inaugurer, au 4, rue Edgar Quinet dans le XIVème arrondissement (vidéo ici).

Ces quelques places supplémentaires sont manifestement chose si rare, que tous les responsables du logement social en Île-de-France se pressaient pour être pris en photo lors de cet événement exceptionnel : outre le Ministre, le Préfet national délégué à l'Hébergement et au Logement, Alain Regnier, était également présent, entouré de nombreux élus parisiens.

Il est certain que les inaugurations vont se faire rares puisque le Secrétaire d'État au Logement a annoncé la réduction de 25 % du budget du SAMU social, soit 4 000 places en moins dès maintenant. Ceci s'ajoute à la baisse des crédits de l'État de plus de 20 millions d'euros pour la construction de nouveaux logements dans la capitale.

Concrètement, les mal-logés se voient signifier en masse depuis des semaines, la rupture brutale de leur prise en charge dans des hôtels. D'autres, en errance urbaine, se voient refuser toute aide d'urgence.

M. Apparu déclare vouloir ainsi favoriser le recours à des hébergements plus adaptés et à des vrais relogements, et éviter l'installation dans des structures hôtelières inadaptées et coûteuses. Mais tout le monde sait que la chaîne du relogement est totalement bloquée : ce n'est pas l'inauguration de quelques nouvelles structures qui va masquer cette réalité.

À Paris, il y a 120 000 demandeurs de logement : en 2009, quasiment 40 % de ces demandeurs étaient soit hébergés chez des tiers de manière précaire, soit en hébergement d'urgence, soit sans domicile fixe. Environ 13 000 foyers dépendent d'un foyer, d'un hôtel ou d'une résidence sociale/appartement relais (selon les chiffres de l’APUR novembre 2010) .

À Paris, l’État propose seulement 1 000 relogements par an sur son contingent à l'ensemble des demandeurs.

Le calcul est vite fait et les conséquences évidentes : ceux qui sont dans des « hébergements stables » y restent coincés pendant des années.

Ceux qui sont à l'hôtel n'ont aucun autre choix que d'y rester la majeure partie du temps.
Ceux qui perdent leur hébergement chez des tiers, ou sont expulsés ont toutes les chances de finir à la rue, puisque chaque année au moins 13 000 demandes d'hébergement ne sont pas satisfaites.

La rupture d'hébergement n'est que la conséquence visible du problème : la réalité, c'est aussi la sur-occupation des logements, la solidarité familiale qui aboutit à l'entassement de plusieurs générations dans un même appartement.

Dépendre du SAMU social, vivre à l'hôtel, c'est déjà une vie quotidienne insupportable : aujourd'hui, au lieu de résoudre nos problèmes, on nous enfonce la tête sous l'eau.

Nous ne l'accepterons pas : nous ne nous laisserons pas réduire au silence par des arguments destinés à nous faire honte, comme le coût de ces hôtels pour la collectivité, ou les charges contre les « assistés ».

Nous sommes demandeurs de logement, et nous ne sommes pas responsables, si tout ce qu'on nous propose, se résume à de l'hébergement précaire qui coûte cher à tout le monde.

Ni la rue, ni la honte. Nous exigeons un logement pour tous, maintenant !

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