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21 / 03 / 2011 | 1 vue
Jean-Luc Chavanis / Membre
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Après les jardins ouvriers, les jardins des salariés ?

Certaines entreprises ont fait le choix de s’implanter sur des campus. Le plus fameux exemple récent est celui du groupe Crédit Agricole SA, qui vient de s’installer dans un vaste emplacement paysagé en plein centre de Montrouge. Nom évocateur : le site s’appelle « Evergreen » . On y trouve des pelouses, un cours d’eau (mais oui, l’eau y coule régulièrement), des passerelles, des buissons, des arbres, et même, outre quelques poissons paisibles, un héron cendré rescapé de l’hiver glacial que nous venons de traverser et de bruyants travaux de réhabilitation des bâtiments.

  • Assez souvent, ces parcs sont peu fréquentés par les salariés, qui préfèrent se regrouper dans les cafétérias des restaurants d’entreprise pour occuper leur temps de déjeuner, parler, échanger, voire transmettre les informations à sensation ou les ragots. Un temps de convivialité certes, mais qui risque à terme d’être ressenti comme un rite répétitif, pesant, vide, générant ennui et perte de sens.


Face à cette donnée nouvelle, il m’a semblé qu’une démarche résolument novatrice pouvait être proposée aux entreprises pour aider leur personnel à échapper à ce mouvement « d’encroûtement » : utiliser les parcs qui entourent les bâtiments pour des séances de revivification : il est en effet démontré que les jardins favorisent la prise de recul, la créativité et la concentration et aident à la diminution du stress (sources : Université de Washington, étude publiée par l’atelier en juillet 2008 - Heath Y. « Evaluating the effect of therapeutic gardens », American journal of Alzheimer’s disease and other  dementias, 2004, vol. 19, n° 4, juillet-août).

La « pause méridienne »

 

La méthodologie consiste en des ateliers assez courts (30 minutes souvent) « dans la nature » : des exercices de reconnexion avec les 4 éléments : l’air, la terre, l’eau et le feu (le soleil) doivent permettre aux participants de s’ouvrir les sens : j’entends par là que nous vivons dans des univers où les objets de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du toucher sont relativement bridés, contenus par des conventions sociales (qui sont, selon certains, le propre de la civilisation) et banalisés par une uniformisation des pratiques. L’atelier apprend à se rouvrir à des sensations inhabituelles. S’y ajoutent des exercices de respiration en commun et de relaxation, assez traditionnels, dans les ateliers de développement personnel. Ainsi, les salariés apprennent à se reconnecter avec la nature, et avec eux-mêmes.

La « pause méridienne » devient ainsi un moment de découverte, de rajeunissement des sensations, de plaisir. Le mieux-être physique des participants devient pour l’entreprise une source d’efficience de son personnel. C’est aussi un moyen reconnu d’évacuation du stress : la nature a en elle-même un effet apaisant sur les humains, leur permettant, grâce au silence, à l’air, à l’action, à la coupure d’activité et à la délocalisation de prendre du recul par rapport aux problèmes rencontrés, et par là de les relativiser. La « ré-création » psychique permet une réinstallation de la motivation et une ouverture des capacités créatives. C’est enfin un moyen de créer du lien à travers une « co-activité » qui aide les salariés à se découvrir sous un autre angle, et s’admettre mutuellement. La démarche participe donc à la cohésion du personnel, voire à la paix sociale.

  • Enfin, un bénéfice secondaire de la démarche, et non le moindre, est d’inciter les salariés à s’approprier les jardins d’entreprise et à les utiliser.

Appropriation des jardins d'entreprise

Le déménagement de la société vers un campus est souvent vécu comme une décision imposée par la direction, décision que les salariés rejettent souvent fortement. En outre, l’aménagement de ces jardins est souvent confié à des cabinets d’architectes paysagers : le travail dans les jardins participe à la réhabilitation d’une mesure assez souvent  impopulaire et d’une démarche parfois un peu technocratique.
 

  • Certaines entreprises vont encore plus loin : ainsi « Impact concept », une PME de 30 salariés qui propose à son personnel, chaque printemps, de cultiver dans les abords de l’entreprise un jardin potager.

Elles suivent ainsi les exemples fameux, déjà mis en place outre-Atlantique : pour ne pas les nommer, Google et Pepsico ont largement ouvert la voie avec des jardins bio, fournisseurs de légumes et des plates-bandes d’herbes aromatiques : certains DRH vont même jusqu'à estimer qu’il s’agit là d’un véritable avantage différenciant dans la gestion des ressources humaines pour un investissement relativement minime…

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