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02 / 12 / 2008 | 8 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Enjeux des Prud’homales pour les syndicats de salariés

Les organisations syndicales ont cette fois eu la volonté de faire progresser le taux de participation à cette prud'homale 2008. En revoyant par exemple de fond en comble leur organisation pour développer une campagne de proximité et diversifier les électeurs.

Renouveler

Rajeunir les listes prud’homales a été considérée comme une priorité. Ainsi, à la CGT, ce ne sont plus les conseillers sortants qui ont eu la charge de trouver les 14 000 candidats qui représentent le syndicat, mais les Unions départementales qui s’appuient alors sur les fédérations. Une stratégie qui vise à impliquer de jeunes militants et des représentants travaillant dans des entreprises très peu représentées comme, par exemple, les concessions automobiles, plutôt que dans les hypermarchés pour le secteur du commerce. Pour favoriser la mixité, la formation de jeunes candidats issus de l’immigration ou de TPE, la CGT a demandé à ses syndicats d’envoyer beaucoup plus de candidatures que de postes à pourvoir. La question de la parité a, bien entendu, toute sa place dans la mise en place des listes. La CFDT s'est fixé comme objectif de faire élire au minimum 40 % de femmes, contre 30 % en 2002, mais le renouvellement en tant que tel fait aussi l’objet d’une attention toute particulière et cette année la CFDT a l’ambition de faire élire un nouvel élu sur deux.

« Il faut d’une manière générale baisser le nombre d’abstentionnistes sinon ce sera difficile de défendre cette institution qui est le dernier rempart pour défendre ses droits

« Il faut d’une manière générale baisser le nombre d’abstentionnistes sinon ce sera difficile de défendre cette institution qui est le dernier rempart pour défendre ses droits », explique Andrée Thomas, la responsable de l’organisation de la campagne prud’homale de FO qui a par exemple organisé un tour de France à la rencontre des saisonniers pour les sensibiliser sur les enjeux de cette élection.

Si la CFDT  et la CGT  syndicats ont décidé de ne pas plus investir que lors de la dernière campagne prud’hommale, les « plus petits » ont mis pour certains les bouchées doubles. « Nous avons mobilisé des moyens particulièrement importants, 4 millions d’euros, ce qui représente le double de ce que nous avons investi en 2002. Le budget se ventile entre des moyens de communication classiques type affiches, tracts, mais aussi de nouveaux outils et des manifestations importantes. Nous avons dédié deux sites internet à la campagne, l’un réservé au grand public et l’autre à nos militants. », explique Bernard Vincent, le délégué national CFE-CGC en charge de l’organisation de la campagne des Prud’hommes. Le net a constitué un nouveau canal de communication. FO s’est ainsi fendue d’une campagne de promotion virale , à 200 000 euros, conjuguant de fausses vidéos sauvages illustrant les coups de gueule caricaturaux de l’odieux Daigneron, le PDG de Critelec (dont l’une avec Jean-Claude Mailly pour le remettre à sa place), un faux site internet institutionnel de l’entreprise et le faux blog d’un collectif de salariés désireux de faire connaître les dérives de cette entreprise. Un succès au regard de l’écho médiatique de cette opération en ligne.

Professionnalisation des Prud’hommes

Ils ne voteront peut-être pas plus que les autres mais, « appâtés » par des contentieux qui pèsent de plus en plus lourd, les avocats écument déjà massivement les conseils de prud’hommes. Dans le même temps, les « amateurs du droit » que sont les défenseurs prud’homaux deviennent une espèce en voie de disparition. Les dossiers deviennent de plus en plus complexes et exigent d’autant plus de professionnalisme. Avec des jugements qui se jouent de plus en plus sur la forme, les défenseurs prud’hommaux peinent à tenir la route face à des avocats. Dans 90 % des affaires, les avocats ont remplacé les défenseurs prud’homaux.

Tous les syndicats ont donc constitué des réseaux d’avocats partenaires qui pratiquent des tarifs « adaptés » en s’y retrouvant avec le volume. La perspective pour un salarié de se faire financer les frais de justice en contrepartie des frais d’adhésion à un syndicat est un argument pour « recruter ». C’est bien pour cela que les syndicats demandent souvent une ancienneté minimale de six mois au niveau de l'adhésion pour profiter de l'assistance prud'homale. Un délai de carence censé  limiter l'arrivée d'adhérents opportunistes qui ne renouvelleront certainement pas leur cotisation.

Le principal frein à la participation électorale de ces prud’homale 2008 tient finalement dans le fait que la démarche qui conduit aux prud'hommes est de plus en plus individualiste. L'électeur potentiel est avant tout un consommateur qui se fiche bien de savoir comment fonctionne la boutique. Il faut du résultat. Courant de voir des avocats demander en guise d’honoraire 7 % HT de toutes les sommes éventuellement récupérées dans les affaires prud’homales. Le tout avec une avance minimale d’au moins 700 € pour les frais de « suivi de la procédure ». C'est d'ailleurs avec cette logique de résultat que l'on est passé sur un régime forfaitaire pour indemniser les conseillers comme le rapporte le site d'information Rue89. Les conseillers prud’homaux y voient un manque de reconnaissance et une volonté de passer à une justice professionnelle à 100 %.

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