Participatif
ACCÈS PUBLIC
18 / 11 / 2010 | 8 vues
Jacques Dumortier / Membre
Articles : 1
Inscrit(e) le 10 / 11 / 2010

Motivation & Bilan de Compétences

Il y a dix ans, j'ai fait le bilan de compétences d'un patron canadien très sympathique. Juste avant d'arriver en France, il avait géré une entreprise de 500 personnes. À ma question « avez-vous un dispositif équivalent chez vous ? », il avait répondu : « Vous savez, chez nous, c'est très différent, nous suivons de très près la motivation de chacun. Dès qu'elle baisse sensiblement, on reçoit l'intéressé pour savoir ce qui se passe. S'il a besoin d'un nouveau défi, on cherche d'abord à le remotiver dans l'entreprise. Si la solution est ailleurs, on cherche chez les confrères. Si le défi est de créer sa propre entreprise, alors un gros dispositif se met en place pour que le projet réussisse ».

Il a raison : dans notre beau pays de France, nous vivons sur une autre planète ! L'énergie de chacun, la synergie de l'équipe, ne sont pas les priorités premières. Il semble bien que ce soit la peur qui prédomine. Que ce soit la peur qui gouverne. Que le pouvoir personnel compte plus que la réussite de l'entreprise. Au point que l'on préfère virer une équipe solidaire de prestataires compétents et bien intégrés, plutôt que de virer une N+2 dictatoriale. Au point qu'on se dépêche de virer ce jeune manager de 50 personnes qui a si bien réussi sa mission, parce que ses chefs directs craignent pour leurs propres postes (trop ternes face à un profil si brillant ?).

La place du bilan de compétences

Il est proposé à ceux que l'on veut inciter à partir Dans ce contexte, caricaturé pour le contraste, quid du bilan de compétences ? Alors qu'il devrait permettre à chacun d'apporter sa meilleure contribution, pour d'autant mieux réussir ensemble, il est proposé à ceux que l'on veut inciter à partir (et bien souvent passé sous silence pour les autres). Et quand la demande vient du salarié, il opte souvent pour un CIF HTT (congé individuel de formation hors temps de travail) par peur des réactions de sa hiérarchie, de sa DRH, si elle apprenait qu'il a osé entreprendre une telle démarche.

 
Idem pour une demande de coaching : qui n'a pas besoin de s'améliorer, pour mieux diriger, pour affronter un projet difficile, pour « prendre » mieux et plus vite son nouveau poste ? Une telle demande est souvent perçue comme un appel à l'aide, comme un aveu de faiblesse. J'enrage face à de tels « juges » ! Ne devraient-ils pas être les premiers à se remettre en question ? J'en conclus (à tort ?) que le monde de l'entreprise reste fondamentalement un monde parent-enfant (enfant soumis ou enfant rebelle). Dans lequel qui veut grandir, s'affirmer etc fait peur. Comme si de telles demandes constituaient déjà une remise en cause du pouvoir des « parents ».

Ceux qui pensent qu'un monde plus « adulte », plus « responsable et solidaire », plus « réussir ensemble » serait préférable pour tous et pour chacun, ont évidemment raison. En 1984, je me suis fait élire DP chez ELA Médical pour aider à fédérer les compétences et les énergies. Je n'ai pas été compris d'emblée (et mis au placard). Mais au final, je n'ai pas été déçu. J'en conclus que l'initiative ne viendra pas de la direction, même si l'entreprise, en fin de compte(-s) a tout à y gagner. Elle viendra des DP, du CE, des syndicats, des salariés. Avec comme objectif clairement déclaré : réussir ensemble ! Celui, que je sache, de toute entreprise saine.

Pas encore de commentaires