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12 / 03 / 2018 | 8 vues
Didier Cozin / Membre
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La révolution en formation des adultes ?

Avec le « big bang » de la formation esquissé le 5 mars par la ministre du Travail, trois scenarii sont possibles pour la réforme de la formation

1) Une nouvelle réforme pour rien

Les partenaires sociaux ont beau avoir été mis sur la touche, le pays resterait conforté dans la complexité, l'attentisme et des formations ou compteurs imaginaires. Les conséquences sociales et éducatives seraient redoutables : notre pays perdrait très vite ce qu'il lui reste de ses compétences et de sa compétitivité.

2) Une réforme prudente et conformiste en attendant mieux

C'est la tentation de toute réforme de la formation en France : faire de la formation une monnaie d'échange ou une promesse sociale. Plutôt que de dire la vérité aux salariés français (il faudra à l'avenir travailler plus, travailler plus longtemps et travailler mieux), on les rassurerait avec des compteurs (cumulables jusqu'à 2030 !) et des budgets imaginaires pendant que nos partenaires, eux, se formeraient, apprendraient et s'adapteraient à l'économie et au monde (numérique) de demain. Dans 4 ou 5 ans, il faudrait reprendre une nouvelle fois l'ouvrage de la formation (sans aucune garantie de succès et avec encore moins de marges sociales et financières).

3) La révolution en formation

Il faudrait du courage, de la persévérance et de la clairvoyance pour lutter à la fois contre les fausses évidences éducatives, les corps intermédiaires et nos poncifs sociaux qui étouffent et qui ignorent les compétences et le travail réel depuis des dizaines d'années.

Trois principes pourraient guider cette révolution en formation

1) La responsabilisation du monde du travail

Les travailleurs et les employeurs sont responsables des apprentissages professionnels : un adulte peut et doit anticiper ses difficultés au travail, se projeter dans l'avenir et ne pas attendre le chômage pour songer à développer ses compétences. Les droits au chômage (ainsi que les cotisations y afférant) varieraient en fonction des efforts de chacun (salariés comme employeurs) pour apprendre et changer. La formation serait considérée à la fois comme un investissement (financier) et comme un temps nouveau, ni travaillé ni de loisirs : celui du développement des compétences.

2) L'abandon des systèmes de compteurs de formation au profit d'un chèque de formation annuel et universel (pour tous les actifs adultes qui cotiseraient aussi pour leur formation).

3) L'ouverture et la libération intégrale du marché de la formation à tous les prestataires avec les mêmes obligations, les mêmes contraintes et les mêmes obligations sur un vrai marché ouvert des compétences (fin de l'exemption de TVA ou des subventions pour le secteur public, fin des procédures de marchés publics pour les prestations de formation de plus en plus individuelles...).

Changer rapidement et profondément la formation permettrait de relancer l'ascenseur social mais aussi l'éco-système éducatif (dont l'école fait partie). Il est plus aisé et accessible de reconstruire (le temps d'un quinquennat) une formation continue opérationnelle pour le XXIème siècle avant de rebâtir une école publique qui mettra de nombreuses années à redevenir l'école de tous les Français.

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