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09 / 05 / 2017
Didier Cozin / Membre
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La remise en marche de la formation, c'est maintenant

Si le 7 mai 2017 l'intelligence et la bienveillance ont prévalu en France, en matière de formation une réforme tardive ou un mauvais timing pourraient gravement nuire à la renaissance économique et sociale de notre pays.

Les pouvoirs publics ne peuvent pas échouer une quatrième fois à réformer la formation.

Les trois réformes successives de 2004, 2009 et 2014 ont été des échecs à divers titres (retouchant à la marge une formation inéquitable, trop lourde et de plus en plus complexe).

Une prochaine réforme (promise pour fin 2017) devrait changer au plus vite les possibilités et moyens d'apprentissage professionnel, une formation enfin libérée dans un monde professionnel où elle est devenue le seul garant d'un emploi durable et de l'employabilité.

Trois principes simples devront guider cette nouvelle réforme de la formation.

Principe n° 1 : remettre les partenaires sociaux à leur place au sein des entreprises, au plus près de la réalité du travail.

Les partenaires sociaux (syndicats ouvriers et patronaux) ont largement prouvé leur inefficacité et leur manque de clairvoyance pour changer la formation en France. Ils ne doivent plus être sollicités au niveau national mais défiés dans chaque entreprise pour mettre en œuvre la formation tout au long de la vie.

Principe n° 2 : sortir de la complexité et des impasses financières.

La formation des salariés avec ses 6 (petits) milliards d'euros n'a absolument pas les moyens de tout faire (reconvertir des centaines de milliers de travailleurs, réinsérer les jeunes sans formation ni éducation, accompagner les transitions numériques, énergétiques et environnementales etc.).

Pour préserver l'avenir professionnel de ceux qui ont un travail, il faut cesser de mélanger les dossiers de formation et de stigmatiser les cadres ou techniciens qui se forment tout en ruinant la confiance entre les acteurs de la formation.

La formation des chômeurs est importante mais elle relève de la compétence et du financement des régions et de l'État pas des entreprises. La formation des travailleurs en poste reste une responsabilité partagée entre employeurs et salariés (ni l'État ni la Caisse des dépôts ne sont pas des arbitres formation).

Principe n° 3 : faire évoluer notre cadre formation très vite si nécessaire dès l'été 2017.

Non seulement il faut épargner au pays les palinodies des sempiternelles négociations sociales mais il faut agir vite pour tenter de restaurer un cadre de formation lisible et accessible à tous dès 2018.

Si la réforme de la formation est décidée trop tard (à l'automne par exemple), il ne sera plus possible de la mettre en œuvre avant 2019, le pays pourrait vivre une nouvelle perte de temps éducatif et social.

Pour la formation tout au long de la vie, notre pays ne peut plus attendre ni refuser d'y mettre le prix.

Si l'on prétend à la fois restaurer une formation de qualité, faire repartir l'ascenseur social et installer une réelle et efficace flexisécurité tout en restaurant leur avenir professionnel aux 6 millions de travailleurs en grande difficulté, il faut remettre la formation tout au long de la vie en marche, rassembler les forces éducatives du pays et ne plus entretenir la défiance et la complexité.

  • Il faut arrêter net la production de dispositifs bureaucratiques en forme d'usines à gaz qui ne servent à rien ni à personne (comme cet inutile et complexe compteur de formation de 2014).
  • Il faut cesser de faire de la formation une annexe de l'école avec cette quête éternelle de titres ou de certifications (l'économie de la connaissance ira toujours plus vite que les référentiels des diplômes).
  • Il faut  enfin responsabiliser le monde du travail sur les apprentissages des adultes via un nouvel espace-temps, celui du développement des compétences. Cet espace-temps (pris sur le temps libéré par les 35 heures) devra aussi être financé par tous, salariés compris.

Chaque mois de retard en matière de formation nous fait perdre des compétences, des parts de marché et obère notre compétitivité. La formation et l'éducation restent des trésors et nous n'aurons pas les moyens de laisser filer pendant des années.

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