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06 / 02 / 2018 | 468 vues
Social Nec Mergitur / Membre
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La crise qui frappe la CGT de la Ville Paris s'invite désormais à l'Hôtel de Ville

C’est ce que l’on appelle une déflagration, pour ceux qui s’intéressent à l’actualité syndicale au sein de la mairie de Paris. Une info révélée par le site Miroir Social. Dans un article réservé aux abonnés, on apprend ainsi que « le 18 janvier, la fédération CGT des services publics a décidé de mettre l'union syndicale CGT de la Ville de Paris (qui fédère aujourd'hui dix structures différentes) sous tutelle ». Cette tentative de contrôle a d’ailleurs été confirmée, pour mieux la contester, par la CGT parisienne elle-même sur sa page Facebook.

Pour comprendre cette crise à quelques mois des élections professionnelles,  il faut remonter au début de l’an dernier, lors du dernier congrès de la CGT de la Ville de Paris, lorsque trois syndicats (dont ceux du nettoyage et des égoutiers qui représentent près la moitié des adhérents) avaient quitté la salle après le rejet de leur résolution. Dans son article, Miroir Social précisait que cette résolution « prévoyait un changement des statuts de l’union syndicale pour la transformer en un syndicat unique dont les composantes actuelles seraient réduites à des sections des différentes directions de la Ville de Paris (sport, culture, crèches, espaces verts, voirie…) ». Une organisation d'ailleurs comparable aux autres organisations syndicales représentatives comme la CFDT, l’UNSA ou Force Ouvrière.

C’est que la CGT de la Ville de Paris est à l’image de la municipalité qui fait de la capitale une collectivité unique mais à l’histoire très compliquée. Cette construction au fil de l'eau fait que dans cette « union » se côtoient des syndicats de tailles variables, certains catégoriels présents dans une seule direction de métier (affaires scolaires, petite enfance, nettoyage...), d’autres dit transversaux comme les administratifs, les cadres et techniciens ou les agents de maîtrise présents eux dans toutes les directions de la ville. En clair,  ça se marche sur les pieds pour connaître le champs de syndicalisation de chacun, allant même parfois jusqu’à des prises de positions différentes lors des instances officielles comme les comités techniques ou les CHSCT.

Sauf que derrière cette réorganisation qui semble relever du bon sens, beaucoup redoutent une main-mise de la section du nettoyage sur cette « nouvelle » CGT. D’où le rejet de la majorité des « cégétistes » parisiens qui arrivaient jusqu'alors à cohabiter parce que chaque syndicat, quel que soit son nombre d’adhérents, avait la même voix au bureau de l’union syndicale. Ce système « fédéral » oblige de fait à trouver des consensus. Celui-ci a donc fini par voler en éclat avec la création d’une seconde structure appelée « coordination ». On, a donc désormais dix syndicats CGT d’un côté et trois de l’autre, de forces  plus ou moins égales. Ubuesque. Comme le dit Raymond Soubie, conseiller social à l’Élysée sous Nicolas Sarkozy, « il n’y a pas une CGT mais des CGT ». Sauf qu'il parlait bien sûr au niveau national.

C’est alors que la fédération CGT des services publics, qui chapeaute l’ensemble des syndicats des collectivités territoriales, a décidé de rajouter du combustible dans cette pétaudière. En effet, cette dernière,  au lieu de jouer un rôle modérateur, a choisi de prendre parti en faveur des « scissionnistes » puis de convoquer ce qui reste de l’union syndicale à se soumettre à la fédération. Ce n’est pas peu dire que ce qui est proposé ressemble furieusement à une prise de contrôle comme le précise une note interne : « la fédération va assurer le pilotage et la construction des listes pour les prochaines élections professionnelles, l’utilisation des droits syndicaux, des moyens financiers et de l’organisation de l’activité CGT ». Rompez !

Ce centralisme démocratique devra aussi s’imposer dare-dare à Anne Hidalgo si l’on en croit le courrier officiel envoyé par Baptiste Talbot (atron de la fédération) à la maire de Paris. « La fédération CGT des services publics à décidé la mise en place d’un comité de suivi placé sous la responsabilité de deux responsable fédéraux chargés de la gestion des libertés syndicales et de la représentation de la CGT auprès de l’employeur Ville de Paris (lire ici) ». C’est donc à ces « deux responsables fédéraux » que la mairie de Paris doit désormais envoyer toutes les convocations de réunion. Si la CGT voulait laver son linge sale « en famille », avec l'envoi cette missive c'est désormais sur la place publique.

Problème pour le moment aux yeux de la Ville de Paris, l’actuelle union  syndicale est la seule représentante légitime. En tout cas, la seule qu’elle ne peut que connaître puisque ces membres ont été élus lors des dernières élections professionnelles. Une représentativité quasi gravée dans le marbre puisque la composition de chaque instance représentative du personnel à la Ville de Paris a fait l’objet d’une publication au bulletin municipal officiel (BMO). D’ailleurs, d'après le même BMO, même ceux qui composent la « coordination » sont toujours affiliés à l’union syndicale. Du pur mergitur.

Alors quel interlocuteur va finalement choisir l’exécutif parisien entre l'union syndicale (qui a, elle aussi, saisi l’administration parisienne pour contester la légalité de la demande de la fédération) et le « comité de suivi transitoire » ? Pour résoudre ce problème, l’Hôtel de Ville a donc fait plancher son service juridique. Déjà, les « deux responsables fédéraux » ne sont pas des agents de la Ville et ne peuvent donc pas se pointer comme ça dans une réunion entre la DRH et les syndicats. Si bien que la mairie de Paris ne devrait pas donner suite aux oukases de la fédération, renvoyant ainsi le bébé (et dans ce cas précis l’eau du bain) à la centrale de Montreuil. Pas très fluctuat.

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