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19 / 02 / 2015 | 2 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Canal+ : si vous faites grève, j’externalise votre service…

Le dépôt d’un préavis de grève par l’ensemble des organisations syndicales pour le 5 mars prochain semble faire perdre la raison et le calme à quelques responsables de Canal+, en premier lieu du côté de la DRH du groupe.

Il y a quelques jours en fin de semaine dernière, la DRH a fait flamber son forfait téléphonique des heures durant, parfois très tard le soir, pour tenter de convaincre de l’inanité d'une communication interne sur ce mouvement de grève.

Pensez donc, deux grèves en trente ans, dont une grâce à moi, c’est trop d’honneur !

Depuis l’annonce de ce préavis de grève fixé au 5 mars, les pressions se multiplient. Elles ont visé ces derniers jours les services techniques de la diffusion. Le message alors transmis à un responsable syndical est on ne peut plus clair : « Si vous faites grève, faites attention à une possible externalisation ». Ben voyons : un droit constitutionnel contre la vente de votre activité, voilà un bon moyen pour engager le dialogue !

Excellente méthode pour désamorcer le mouvement. Dans le contexte social aujourd’hui un peu tendu, certains dirigeants semblent perdre leurs nerfs. Ils tentent d’intimider, de manipuler, d’acheter ce qui reste d’un dialogue social rompu depuis des mois dans l’espoir peut-être d’éviter une mobilisation massive des salariés de Canal+. Ils se trompent encore une fois de méthode.

Interpellations individuelles pendant des heures au téléphone de représentants du personnel, pressions quotidiennes, appels très tardifs et finalement menaces, c’est le dernier remède pour tenter d’affaiblir un mouvement qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

Cette réaction est à l’image de ce que nous vivons depuis des mois. Une incapacité au dialogue autrement que par l’oukase ou les pressions, un déni des problèmes majeurs rencontrés dans notre groupe par des centaines de salariés aujourd’hui, sujets à l'épuisement professionnel et à la dépression... Une situation grave dans certains cas et qui justifie en partie le déclenchement de ce mouvement social du 5 mars, alors que la situation ne cesse d’empirer depuis le début de l’année pour des dizaines de salariés.

Plutôt que d’ouvrir enfin les yeux, d’accepter la réalité d’un environnement professionnel profondément dégradé et d'engager des négociations sur les sujets majeurs qui ont conduit à cette situation, la DRH du groupe, devenue autiste, use de tous ces pouvoirs pour tenter de détourner quelques responsables sociaux de leurs missions, à commencer par celle de lanceurs d’alertes lorsque des dangers graves concernant la santé et la sécurité des salariés est en jeu. Une aberration car s’ils ne le faisaient pas, ils pourraient se rendre coupables et en répondre devant le juge en cas d'accident.

Serait-ce que le projet d’externaliser des infrastructures techniques est à nouveau sur la table, comme il y a trois ans ?

  • Faut-il définitivement briser ce que certains considèrent à tort comme l’un des derniers bastions historiques de Canal+, l’endroit où l’on trouve le plus grand nombre de salariés parmi les plus anciens ? Un environnement qualifié depuis des années par la DRH du groupe de « cage dorée ».
  • Pensez donc, des salariés travaillant jour et nuit 365 jours par an et rémunérés selon les normes Canal+ d’il y a vingt ans alors qu’on pourrait aujourd’hui faire 4 fois moins cher grâce à de jeunes stagiaires ou CDD en mal d’emplois, qui n’auraient même pas l’idée de se syndiquer. Le rêve à l’état brut...


C’est un mauvais calcul. Les responsables syndicaux de Canal+ en ont assez de ces méthodes d’un autre âge. Ils revendiquent le rétablissement d’un dialogue social respectueux et sincère, loin des manipulations, pressions et menaces stériles. Ils demandent l’arrêt  des licenciements économiques déguisés en licenciements pour faute ou en ruptures conventionnelles. Ils exigent le respect pour les salariés du groupe, des salariés malmenés, ballottés de missions en missions, de changements de titres sans avertissement en modification de leur rémunération sans plus d’explication, de déménagements intempestifs en mobilités douteuses…

  • Plutôt que la technique, si on externalisait la DRH ?

Le 5 mars prochain, mobilisons-nous massivement pour que ça change à Canal+, pour le respect de chacun dans son travail et sa personne, pour des organisations stabilisées et correctement remplies, pour un dialogue social ouvert et respectueux, pour la fin des licenciements abusifs, pour défendre une certaine idée de Canal+, une entreprise généreuse mais abîmée par des années d'une politique sociale absurde, destructrice de valeurs sociales et morales.

Pour ces raisons et grâce à votre mobilisation, le 5 mars devrait marquer la refondation sociale de Canal+. Faire la grève, manifester son mécontentement ce jour-là pour dire que ça suffit est une nécessité, une urgence.

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