Organisations
Assurance maladie : des cartes Vitale dévitalisées
De nombreux assurés se retrouvent radiés de la Sécurité sociale. Curieusement, ils travaillent tous dans une collectivité territoriale...
Ils ont la sécurité de l'emploi mais pas la Sécurité sociale. C'est avec ce bon mot que Le Parisien, dans son édition du 17 janvier, révélait au grand jour que de nombreux agents de la Mairie de Paris avaient été radiés des fichiers de la Sécurité sociale. La CGT des cadres parisiens, à l'origine de l'affaire, soupçonnait fortement la Ville de Paris d'avoir accumulé es retards dans la transmission des attestations annuelles de salaire de ses agents aux différentes caisses d'assurance maladie (CPAM).
La réponse de la Mairie de Paris ne s'est pas fait attendre, rejetant la faute sur la CPAM : « À la suite d’un incident informatique extérieur à la Ville de Paris, la prolongation des droits de certains assurés au-delà du 31 décembre 2012 n’a pu être effectuée automatiquement dans plusieurs centres de Sécurité sociale ».
- Un bug peut-être mais dont la coïncidence n'aura pas échappé au syndicat car une partie des attestations n'a pu être envoyée, faute de personnel. Information confirmée en interne.
Plus étonnant encore : « des salariés du privé auraient également été supprimés des fichiers par erreur », rajoute même la Mairie, sans préciser néanmoins, d'où elle tire cette dernière information.
- Une réponse surprenante toutefois car si à l'entendre la Mairie de Paris était au courant « d'un bug informatique » qui a commencé quinze jours plus tôt, elle s'est bien gardé de l'annoncer à ses agents.
Sans le communiqué de la CGT et l'article du Parisien, il est probable que les victimes de radiation n'auraient eu aucune explication. L’affaire, strictement parisienne, aurait donc pu en rester là.
Mais, patatras, l’affaire rebondit dans la région Midi-Pyrénées, comme le révèle le journal Sud-Ouest dans son édition du 18 janvier : « Un problème informatique à la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) des Landes et des agents du Conseil général de Dordogne obligés d'avancer les frais médicaux à l'hôpital et chez le pharmacien… C'est la drôle d'affaire qui a gêné certains fonctionnaires à Périgueux, depuis le 31 décembre. Des particuliers ont peut-être vécu cette mésaventure ou des salariés d'autres collectivités, mais ils ne sont pas signalés ». Les radiations de la Sécu, mieux que le nuage de Tchernobyl, se sont donc propagées, touchant là encore le personnel des collectivités territoriales.
De son côté, la CPAM de Dordogne n'a pas souhaité communiquer sur d'éventuels autres cas, évoquant « des anomalies habituelles » lors des remises à jour des données en début d'année.
Mais, demain est un autre jour, car Le Parisien, encore lui, a fait une curieuse découverte en Seine-et-Marne, à 50 kilomètres de Paris, qu’il évoque dans son édition du 19 janvier : « Radié de la Sécurité sociale depuis le 31 décembre. Lorsque Michel Cardenne a présenté sa carte Vitale à son pharmacien, il a eu un choc. Comme lui, de nombreux Français sont depuis quelques jours victimes d’un bug du système informatique de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), qui assure ne pas pouvoir évaluer le nombre exact de bénéficiaires touchés ». Précision utile, la victime de cette nouvelle radiation est agent d’entretien à la ville de Melun (Seine-et-Marne). Encore un fonctionnaire d’une collectivité locale.
Évidemment, les caisses de Sécurité sociale sont débordées par les appels. Face à la panique, la CNAM se veut rassurante, préférant parler de « suspension des droits de certains assurés » et rejette la faute sur les nouvelles bornes de remise à jour des cartes Vitale. Explications peu convaincantes là aussi, les « radiés » n’ayant pas utilisés les bornes en question.
Un agent d'accueil assure : « En cas d’urgence et sur présentation pour les fonctionnaires de la preuve de votre titularisation et de vos trois derniers bulletins de salaire, nous remettrons votre carte Vitale à jour manuellement ».
Si la CPAM annonce un retour à la normale pour le 25 janvier, une collectivité de Seine-et-Marne s’est pourtant vu répondre jeudi qu’il y en avait encore pour « quatre à six semaines ». Soit entre le 14 et le 28 février…
Comme le faisait remarquer avec ironie la CGT des cadres de la Mairie de Paris, cet incident ne « pourrait-t-il pas être une façon, pour le moins originale de chercher un moyen de boucher le « trou de la Sécu » ?
- Protection sociale parrainé par MNH