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05 / 11 / 2015 | 2 vues
A Messaoud / Membre
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Des mal-logés évacués de la Banque Publique d'Investissement

Quatre vingt mal-logés ont occupé le siège parisien de la BPI France tout l'après-midi du 4 novembre, avant d'en être évacués par d'importantes forces de police (voir la vidéo).

Nous sommes venus à la Banque Publique d'Investissement pour mettre en lumière l'injustice consistant à dérouler tapis rouge et financements aux entreprises et à simultanément bafouer les droits de la population. La BPI a été créée pour directement alimenter l'économie privée et les entreprises. 

L'existence même de la BPI et de son fond de 8 milliards d'euros montrent qu'il y a de l'argent et des moyens quand la puissance publique veut soutenir un secteur d'activité.

Dans le même temps, le logement social reste le grand oublié des budgets successifs. Les objectifs affichés ne sont jamais atteints et l'État ne finance plus que 5 % du coût des nouveaux logements. En conséquence, les bailleurs sociaux optent pour des loyers plus chers, inaccessibles à la majeure partie des demandeurs de logement : entre 2008 et 2013, la production de PLS a été multipliée par plus de 2, contre environ 1,3 pour les PLUS et PLAI. En fait, les PLAI sont majoritairement des résidences sociales et des places d'hébergement (58 %) . Le logement intermédiaire, inaccessible aux classes populaires, est financé au détriment du logement social.

Un demi-million de franciliens attendent donc en vain un relogement dans le parc social et ce dans les pires conditions : la sur-occupation touche 80 % de ces foyers, 80 000 personnes sont hébergées de manière précaire chez des tiers. Malgré toute la communication gouvernementale sur l'amélioration prétendue des hébergements, plus de 12 000 personnes sont à l'hôtel. Les expulsions avec concours de la force publique ont augmenté de presque 10 % cette année (1). Comme si cela ne suffisait pas, les allocations logement sont rabotées

Avoir des problèmes de logement, c'est survivre sans espoir et sans perspectives d'avenir : c'est avoir des soucis de santé supplémentaires et peu ou pas de vie privée. C'est voir son accès à l'emploi et aux droits sociaux compromis. Ce sont des scolarités brisées ou entravées, c'est aussi la stigmatisation, la honte permanente qui entrave la vie sociale des adultes et des enfants. C'est la paupérisation à cause du loyer trop cher, l'impossibilité de faire des projets, la peur permanente du lendemain et de l'expulsion et l'errance urbaine qui précarise le quotidien.

Le mal-logement détruit des vies qui devraient être le premier des investissements d'avenir pour l'État et les collectivités.

La Banque Publique d'Investissement, comme le pacte de responsabilité destiné aux entreprises, les dizaines de milliards d'euros dépensés montrent une chose : quand l'État veut, l'État peut.

Mais en matière de politique du logement, la volonté politique penche plutôt du côté du délaissement du logement social et du subventionnement public des investisseurs immobiliers privés par le biais de programmes mixtes public/privé de logements intermédiaires, comme le fonds ARGOS lancé par la Société nationale immobilière. Là aussi, mieux vaut être une grande entreprise pour bénéficier des faveurs du gouvernement. 

Nous restons déterminés à obtenir nos droits fondamentaux. Expulsions et mépris n'y changeront rien.

(1) Source : rapport sur l'état du mal-logement en Île-de-France, Fondation Abbé Pierre, octobre 2015.

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