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24 / 08 / 2016 | 19 vues
Eric Vial / Membre
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Déménagement du siège de France Télévisions : la direction cherche entre 80 000 et 90 000 m²

Depuis mi-juillet, une rumeur enfle dans les couloirs de l’actuel siège de France Télévisions. Il ne se passse pas un jour sans que nos représentants ne soient alertés par des salariés : la direction aurait décidé de déménager le siège de France Télévisions.

Plusieurs nouveaux lieux sont évoqués Vélizy (Yvelines), Bagneux (Hauts-de-Seine) mais surtout Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Selon cette même rumeur, ce déménagement serait imminent et concernerait l’ensemble des salariés du siège.

Voilà ce que Force Ouvrière France Télévisions peut révéler sur les vérités et les contre-vérités de cette information qui inquiète au plus haut point les près de 5 000 salariés concernés.

Oui, la direction a bien organisé des réunions confidentielles sur ce déménagement du siège de France Télévisions. Oui, des sites ont été évoqués. Mais non, le siège ne va pas déménager. Enfin, pas pour l’instant…

Besoin de regroupement

La direction semble actuellement adopter une stratégie de synergie entre les compétences et les moyens humains. Son objectif est de rassembler les salariés franciliens afin, selon elle, de « combattre la dispersion des équipes ». Cela implique qu’à terme l’ensemble des actifs de France Télévisions soient rassemblés géographiquement au même endroit.

Le bâtiment de l’Esplanade Henri de France (dont France Télévisions est propriétaire) ne semble plus répondre aux exigences de développement de notre entreprise. Force est de constater que des services entiers et du personnel sont disséminés un peu partout aux abords ou parfois assez loin du siège (les studios de la plaine St-Denis, Les éditions numériques à Issy-les-Moulineaux, France Ô à Malakoff, une partie de l’administration au Ponant…).

Après presque vingt ans depuis la construction de bâtiment, une partie de la direction considère également que les conditions de travail au siège ne sont plus optimales : bureaux exigus, manque de lumière naturelle, éloignement de certains services et surtout quasi-impossibilité de s’agrandir.

Les employés de la direction ne sont pas satisfaits de la situation. Une stratégie de regroupement est donc mise à la réflexion depuis plusieurs mois. Mais selon nos sources, « il ne s’agirait pour l’instant que de réflexions, rien de plus. Rien n’est prévu à court ou moyen terme ».

Néanmoins, une petite information qui paraissait insignifiante est passée totalement inaperçue aux yeux de tous mais pas de notre syndicat. Elle explique la genèse de la rumeur.

Génèse de la rumeur

Les mercredi 15 et jeudi 16 juin derniers avait lieu un comité central d’entreprise assez chargé avec 19 points à l’ordre du jour, dont la situation générale de l’entreprise, la chaîne Info et le projet d’évolution d’organisation du réseau régional France 3…

« Information / consultation sur le projet de prise à bail d’un immeuble de bureaux à proximité immédiate de la Maison FTV ».

À la demande de la direction, le point 14 a été retiré parce que « cela ne se fera pas » a-t-elle précisé. Ce point n’a donc donné lieu à aucune question ni à aucun débat. Il concernait pourtant le sujet qui nous préoccupe : « information / consultation sur le projet de prise à bail d’un immeuble de bureaux à proximité immédiate de la Maison FTV ».

Les seuls bâtiments libres à proximité de la Maison FTV concernent le programme Qu4drans, conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte. Situé dans le quartier Balard (Paris XVème), à proximité du pont du Garigliano, lcelui-ci se compose de 4 grands bâtiments ultra-connectés, 85 800 m2 de bureaux, au sein d’un parc paysager de 1,3 hectare, dessiné par Neveux & De Rouyer. Le montant de l’investissement est estimé à 600 millions d’euros. Comme le signale le promoteur du site, « l’ensemble immobilier a pour objectif de répondre aux dernières exigences environnementales et vise notamment l’obtention des certifications NF HQE bâtiments tertiaires niveau HQE, BREEAM et du label BBC effinergie ». Des bâtiments beaux, innovants et bien réussis.

France Télévisions se serait bien vu à terme emménager sur l’ensemble de ce site. Mais l’hypothèse a capoté pour deux raisons majeures. Si FTV avait pu louer une partie du site, elle n’aurait apparemment pas pu obtenir la location de suffisamment de bâtiments pour réunir l’ensemble de nos activités. Mais France Télévisions s’est surtout fait souffler la place par le groupe Altice, une multinationale regroupant des câblo-opérateurs, des opérateurs de télécommunications et des entreprises de communications (SFR-Numéricable, SFR-Caraïbe, NextRadioTV RMC, BFM, L’Express, Libération et I24news…). Son patron Patrick Drahi compterait y déménager les salariés de SFR (enfin ceux qui ne seront pas licenciés) de son site de Saint-Denis. Lui aussi souhaiterait rassembler ses activités en un même lieu ; c’est ce qu’expliquait déjà le magazine Challenge en avril dernier.

Recherche en cours

Après cet échec, France Télévisions a donc entamé « une réflexion pour d’autres sites dans la couronne parisienne afin d’étudier des perspectives d’avenir », ce qui explique que certains noms de villes ont circulé.

  • L’hypothèse d’investir le site de SFR à St-Denis (134.000 m²), qui serait pour le coup laissé vacant, a été imaginée par certains mais a été balayée, selon nos informations, par la présidente de France Télévisions elle-même.

En tout cas, pour tous les gens que nous avons interrogés pour cette enquête, « il s’agit ni plus ni moins de la marche normale d’une entreprise que d’entreprendre des réflexions sur l’avenir géographique de son siège. Toutes les sociétés le font. Les peurs sur ce sujet sont inutiles car rien ne se fera dans le secret. Si des décisions doivent être prises, les instances syndicales seront consultées et les salariés informés. Pour l’instant, il n’y a rien. Aucune décision ».

« Sur un plan purement comptable, sortir de Paris permettrait de redonner du souffle au budget et d’imaginer d’autres marges de développements ».

C’est une certitude, la vente de l’actuel siège de France Télévisions permettrait à la direction de dégager une marge importante pour l’entreprise, le prix du m2 s’est envolé dans le XVème arrondissement de Paris. De plus, certains dirigeants ont estimé lors des réunions « que sur un plan purement comptable, sortir de Paris permettrait de redonner du souffle au budget et d’imaginer d’autres marges de développements ».

Pour nous, en revanche, ce serait renier notre capital immobilier. Cela risquerait au contraire de nous appauvrir (surtout si l’immobilier parisien intra muros continue de grimper). D’autre part, sur le plan humain, les conséquences d’un déménagement pourraient s’annoncer désastreuses. De nombreux salariés se sont organisés, y compris dans la localisation de leurs logements ou du lieu des écoles des enfants, pour le site actuel.

Pas avant 2022 mais information/consultation possible dans les prochains mois

Dès qu’un campus « suffisamment grand » sera disponible (c’est-à-dire entre 80 000 et 90 000 m²), « les entités du siège de France Télévisions pourront être regroupées », comme certains représentants de la Nation le disent à mots couverts. C’est un fait : la direction cherche.

Mais le siège de France Télévisions ne déménage pas maintenant, ni prochainement. Selon des architectes spécialisés dans ce domaine « rien n’est envisageable avant 2022 », c’est-à-dire hors mandat actuel de Delphine Ernotte Cunci.

Il semble néanmoins acquis que si les conditions dans leur ensemble sont réunies, cette hypothèse peut assez vite devenir une réalité. La direction peut très bien lancer une procédure d’information-consultation ces prochains mois au comité central d’entreprise, même pour un projet à horizon 2021 ou 2022…

Force Ouvrière France Télévisions défend d’abord l’intérêt des salariés et l’approche « humaine » du travail. Nous militons et nous œuvrons au quotidien pour la conciliation vie professionnelle / vie privée. Évidemment, nous nous inquiétons déjà des conséquences d’un futur grand déménagement.

Nous exigeons donc sur ce sujet un débat clair et honnête. C’est pourquoi, dès cette rentrée télévisuelle, lors des instances représentatives du personnel concerné, nous saisirons la direction pour qu’elle exprime officiellement ses réelles intentions et ses volontés.

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