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03 / 09 / 2015 | 3 vues
Pascal Beau / Membre
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À propos des renoncements aux soins…

Retour sur une question particulièrement étonnante, laquelle ne doit pas être prise à la légère car elle nourrit des décisions politiques, elles-mêmes sujettes à controverse.

Deux experts de la DREES (Renaud Legal et Augustin Vicard), dans le cadre d'un énième rapport sur les renoncements aux soins en France, font part de leur prudence quant aux chiffres exprimés par les Français : 36 % d'entre eux déclarent avoir dû renoncer à se soigner au cours des 12 derniers mois pour des raisons financières.

Une information qui, certes, donne de l'eau au moulin des militants du tiers-payant généralisé, gouvernement en tête mais qui pose en fait un énorme problème de crédibilité.

Les statisticiens de la DREES jugent eux-mêmes la question trop large pour éviter des biais de résultats. « Plus on ouvre le champ des possibilités, plus le taux de renoncement monte et inversement », indiquent-ils.

Une interrogation plus générale réduit le taux à 21 %. Par delà l'analyse factuelle de ce type de données, plusieurs questions émergent.
  • Si l'on en croît les enquêtes internationales, la France, bien que première nation en Europe en termes de montant des dépenses de santé, détient un record de renoncement aux soins. Devant les États-Unis, la Grande-Bretagne etc. Hélas, des renoncements aux soins existent. Mais à ce point, cela paraît exagéré.
  • Le mode « déclaratif » au travers d'enquête d'opinions de portée générale est-il probant pour caractériser une situation plus complexe dans les réalités ? On sait les Français naturellement « pauvres et pessimistes » mais, là, le doute est puissant.
  • 36 % de renoncement aux soins signifie que quelque 15 à 20 millions de Français n'ont pas reçu de soins nécessaires au cours des 12 derniers mois. Est-ce sérieux ? Quelles conséquences en termes de morbidité ?
  • Parle-t-on de renoncement pur et simple ou de différé de contact médical ?
  • S'agit-il de renoncements pour des actes cliniques de premières intentions ? Des actes de spécialités ? Peut-on parler de renoncements aux soins alors que les urgences hospitalières françaises (18 millions de fréquentations selon la DREES dans les 750 services ad hoc) nous situent en tête par rapport au nombre d'habitants ? Ou s'agit-il plutôt des soins dentaires et prothétiques qui sont mal couverts ?
Au vu des multiples contacts de terrain que nous réalisons régulièrement, le vécu contredit partiellement le discours global. Il faut se représenter l'énormité des chiffres énoncés par ces enquêtes.

Décryptage : S'il est une chose dont on doit toujours se méfier, c'est de fonder un raisonnement et une stratégie de santé, basée sur le seul système déclaratif des patients mais aussi des médecins. Il suffit de voir les annonces de rentrée des syndicats médicaux pour s'en rendre compte.
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