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04 / 12 / 2013 | 17 vues
Laurent Aubursin / Abonné
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Transport routier : menace de casse sociale chez Mory-Ducros

Le transporteur routier de messagerie, qui emploie 5 200 salariés et 2 000 sous-traitants, a été placé en redressement judiciaire. Gouvernement et syndicats se mobilisent pour trouver une solution de reprise.

« Les salariés se sont pris un coup de bambou. On leur laisse le temps de se retourner sur le terrain mais il faudra bien taper du poing sur la table car il y aura de la casse sociale. On mettra la pression après les fêtes », prévient Patrice Clos, secrétaire général de la fédération FO des transports.

Le 26 novembre, le numéro deux français du transport de messagerie a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Pontoise, avec une période d’observation de six mois. Le groupe emploie 5 200 salariés et près de 2 000 sous-traitants directs. Deux administrateurs judiciaires ont été nommés, dont l’un spécialement chargé des relations sociales avec les salariés. La faillite de l’entreprise serait l’une des plus grosses catastrophes sociales depuis celle de Moulinex, en 2001. Même si une solution de reprise est trouvée, FO craint des suppressions massives d’emplois.

Mory-Ducros est né en 2012 de la fusion de deux entreprises déjà malades, quand elles ont été rachetées par Arcole Industries, filiale du groupe Caravelle : la messagerie Ducros Express (ex-DHL), reprise en 2010, et le transporteur Mory, en redressement à son rachat en 2011.

Dans un marché de livraison de colis en crise, avec une guerre tarifaire intense entre les nombreux acteurs, le groupe n’a jamais trouvé l’équilibre financier. Son activité a baissé de 10 % en 2013. Il a enregistré 65 millions d’euros de pertes en 2012, sur un chiffre d’affaires de 670 millions d’euros, et perdait 5 millions d’euros par mois en 2013.

Dès l’annonce du dépôt de bilan le 22 novembre, le gouvernement a pris le dossier en main. Arnaud Montebourg a évoqué (sans donner de noms) des entreprises intéressées par une reprise. « C’est du bidon. Les concurrents attendent que Mory crève pour récupérer le marché, il se fait déjà piquer tous ses clients », estime Patrice Clos.

Les syndicats représentatifs dans l’entreprise ont été reçus le 28 novembre par le Ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, le Ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, et un représentant du Ministère du Travail. Pour FO, l’heure est avant tout à la recherche d’une solution de reprise globale « même si tout le monde est conscient que la situation va être difficile vu la conjoncture ». L’actionnaire principal, Arcole Industries, qui n’a pas les moyens de financer le PSE, s’est dit prêt à participer au sauvetage de l’entreprise aux côtés d’autres partenaires et avec le soutien des pouvoirs publics.

Mobilisation probable après les fêtes

« Pour l’instant, il ne ressort pas grand-chose du ministère, il y aura des rendez-vous fréquents, le prochain aura lieu dans la première semaine de décembre », poursuit Patrice Clos. Le gouvernement veut sauver au moins 2 000 emplois. Arnaud Montebourg avait indiqué que Mory-Ducros faisait partie des entreprises qui pourraient être aidées par le nouveau fonds de résistance économique, doté d’un budget de 380 millions d’euros.

L’objectif est de reconstituer, d’ici fin mai, un réseau de messagerie viable dans la durée. Mais dans ce secteur, en recul de 8 % en 2013, la solution n’est peut-être pas de suivre la stratégie classique qui consiste à se développer pour augmenter les volumes traités.

Car un réseau important éparpillé dans tout le pays (une flotte de 4 500 véhicules et 84 agences pour Mory-Ducros) génère des coûts fixes très élevés et il n’est pas évident pour une entreprise généraliste d’optimiser les transports en regroupant plusieurs expéditions sur un même trajet.

Les clients, le type de produits transportés et les délais sont très différents. Selon Alain Borri, du cabinet spécialisé Bp2r, cité par Les Échos, les entreprises du secteur qui s’en sortent le mieux sont sectorielles, spécialisées dans l’édition ou le textile. La concentration sur un seul type de produits leur permet de mieux optimiser les transports et d’être rentables.

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