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30 / 09 / 2011 | 4 vues
Sophie Fiszman / Membre
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Taxer pour la solidarité...

Alors que les collossaux déficits nous entraînent dans une nouvelle tourmente boursière, certains ont des idées pour les combler. La montée des inégalités fournit la toile de fond de ce débat sur la solidarité.

« Être riche, ce n'est pas avoir de l'argent, c'est en dépenser » - Sacha Guitry.

Les méga riches américains se sont illustrés mi-juin en lançant la campagne « giving pledge » (promesse de don). À l’initiative de Bill Gates et Warren Buffett, deux des hommes les plus riches de la planète, 69 milliardaires se sont déjà engagés à donner au moins la moitié de leur fortune à des œuvres caritatives, de leur vivant ou après leur mort. À eux deux, cette promesse dépassait déjà les 110 milliards de dollars. Mais les 400 Américains les plus riches totalisent environ 1 200 milliards de dollars ; et c’est donc 600 milliards que nos deux compères espèrent entraîner avec eux, soit l’équivalent d’un quart du PIB de la France… Ont déjà signé le cinéaste George Lucas, Ted Turner (fondateur de CNN), Michael Bloomberg (maire de New York), Larry Ellison (cofondateur d’Oracle), Diane Von Furstenberg ou Marc Zuckerberg (PDG de Facebook). La liste complète est disponible sur www.thegivingpledge.org.

Aux États-Unis, l’argent n’est pas un tabou, et faire partie de la liste « giving pledge » est pour les riches l’ultime symbole de la réussite et du prestige, une reconnaissance de leur place dans la société… Les milliardaires américains comptent déjà parmi les plus généreux philanthropes puisqu’en 2009, ils ont donné plus de 300 milliards de dollars. Bono, Angelina Jolie et Brad Pitt sont parmi les plus médiatisés... Ce philanthrocapitalisme a fait un pas en avant cet été. Le 16 août, Warren Buffett a annoncé, dans un grand élan de solidarité, qu’il voulait payer plus d’impôts. Le 21 juillet déjà, un collectif de super riches (Patriotic Millionaires for Fiscal Strength) regroupant plus de 130 fortunes américaines, demandait au Congrès américain d’augmenter leurs impôts. Ils réclament l’abandon d’allègements fiscaux accordés depuis 2001 au nom de la « santé fiscale de la nation et du bien-être de nos  concitoyens ». Cette fois-ci, quelques super riches français, à l’appel de Maurice Lévy (238ème fortune française avec 170 millions d’euros) patron du groupe Publicis, leur ont emboîté le pas, non sans prendre la précaution d’en appeler à une contribution exceptionnelle de solidarité face à une crise, plutôt qu’à une hausse des impôts.

Mais les premiers ont été les Allemands, qui ont lancé début 2009 un collectif de 23 membres, « Vermögende für eine Vermögensabgabe » (les fortunés pour un impôt sur la fortune). Ils sont aujourd’hui 230, alors que le gouvernement avait pourtant créé en 2007 une tranche supplémentaire à 45 %, qui ne leur a apparemment pas suffit. Au Royaume-Uni, c’est le gouvernement qui a réagi et a augmenté l’an dernier le taux d’imposition de la plus haute tranche des revenus à 50 % .

Tout cela montre que tous les riches ne sont pas hostiles aux impôts.

Mais faire payer les riches est-il la solution aux problèmes des dettes des États ?

Pour comparaison, le patrimoine des 40 milliardaires français atteindrait 150 milliards d’euros, soit à peine 9 % de la dette française… Et le Tax Policy Center a calculé qu’aux États-Unis, taxer tous les revenus de plus de 1 million à 50 % apporterait 48 milliards de dollars de recettes fiscales sur dix ans.

  • En revanche, passer de 15 à 20 % le taux maximal d’imposition des plus values rapporterait 340 milliards de dollars sur 10 ans…


Si vous n’êtes pas super, ultra ou méga riche, vous pouvez apporter votre solidarité à un micro-entrepreneur. Le site internet de micro-crédit « Babyloan », premier site européen et deuxième site mondial de micro-prêt solidaire, a réuni en 3 ans 12 000 prêteurs particuliers qui financent des projets à travers le monde, mais aussi en France.

La mise de départ minimum est de 20 euros et permet de prêter à des personnes en situation d’exclusion bancaire qui souhaitent démarrer ou développer une activité. « Les petits prêts font les grandes histoires ». Un projet nécessite en moyenne 700 euros qui sont remboursés intégralement en 7 mois. Près d’un milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès au crédit, et deux milliards vivent avec moins d’un dollar par jour… Le taux de remboursement frôle les 100 %. En cumulé, 6 600 micro-entrepreneurs ont été financés pour un total de deux millions d’euros.

Une fois leurs prêts remboursés, les prêteurs peuvent réallouer leurs fonds à un nouveau projet ou se faire rembourser.

Le taux de réinvestissement est de 70 %, la croissance des prêts accordés est donc exponentielle. Les prêteurs sont sensibles à l’idée de donner plusieurs vies à leur argent…

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