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23 / 04 / 2018 | 8 vues
Christian EXPERT / Membre
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Prévention : si le toit neuf « innovant » fuit, on achète de nouvelles bassines !

Notre politique de prévention en France ne serait-elle pas celle de Gribouille ?

 

Apprentis sorciers

Nous avons introduit de l’amiante partout dans notre environnement dans les années 1970-1980. Matériau miracle, anti-feu, anti-bruit, qui se projette, se tisse et s’allie miraculeusement au ciment. Le fait que ce matériau soit un cancérogène était connu. Nous en payons aujourd'hui le prix humainement, économiquement et collectivement. Les Chinois floquent leurs bâtiments à tour de bras.

Nous avons introduit le plastique dans tous les conditionnements alimentaires : boissons, plats à emporter, emballages, couverts, dans les sacs, vêtements, automobile, jouets, partout. Il existait un monde autrefois avec des bouteilles en verre et des pots de yaourt consignés. Le tri sélectif ou les tentatives de récupération du plastique dans les gyres du Pacifique ne sont rien d’autre que la recherche effrénée de bassines pour le toit qui fuit.

Nous avons introduit les fréons dans tous nos appareils frigorifiques et dans tous nos aérosols. Hélas, les fréons détruisent la couche d’ozone et exposent nos peaux aux cancers cutanés, dont le redoutable mélanome. Nous avons substitué les fréons.

Nous avons introduit les pesticides et herbicides, produits miracles qui donnent des fruits sans défaut et qui épargnent le travail de désherbage manuel. Malheureusement, malgré les alertes des apiculteurs, les insectes (dont les abeilles) disparaissent et les oiseaux avec. Les Chinois étudieraient la conception de mini-drones capables de polliniser les arbres plutôt que de se priver de pesticides. On peut s’interroger sur la possibilité de fabriquer des drones comestibles par les oiseaux. Les pesticides non seulement tuent les insectes mais semblent provoquer des maladies de Parkinson non seulement chez les agriculteurs mais aussi chez les riverains (les environs des vignobles seraient très exposés).

 

  • Solution : il serait question de créer un fond de même nature que le FIVA (Fond d’indemnisation des victimes de l’amiante) pour indemniser les victimes.

Interdire les pesticides ? On repousse et on laisse le toit fuir.

Nous avons introduit les nano-particules, produits miracles. Des travaux sont en cours du fait de soupçons pesant sur elles à propos de leurs conséquences sur la santé du fait de leur facilité à se glisser partout dans l’organisme. On essaie de développer des moyens de prévention.

L’architecte commande et l’ouvrier du BTP subit. Les préventeurs, eux, essaient d’atténuer les effets des innovations en matière de matériaux destinés au BTP

Quelques exemples...

 

 

  • Les architectes aiment et font aimer à leurs clients les carrelages de très grandes tailles. Il s’agissait d’abord de carrelages de 0,60 cms x 0,60 cm puis 1m x 1m. Actuellement, on commence à introduire des éléments de très grande taille : 2m x 0,60m ou plus, destinés aux salles de bains, notamment pour les murs. On imagine sans peine leur poids démesuré, la difficulté à manipuler par le carreleur dans un espace réduit et les conséquences sur l’organisme humain (TMS). Les préventeurs se grattent la tête pour imaginer des aides techniques à la manutention.

 

  • Les vitrages. Les doubles vitrages commencent à dater, comme dans les pays du nord où apparaissent soit des triples vitrages, soit des vitres à forte épaisseur. Le bénéfice est double : pour la sécurité anti-effraction et pour l’isolation thermique. Le poseur de menuiserie aluminium aura sans doute la chance de disposer d’un engin de levage s’il s’agit d’un chantier neuf. En revanche, s’il s’agit de rénovations, l’ascenseur sera soit trop petit, soit sera interdit par la copropriété (les ouvriers salissent tout). Reste l'escalier...
  • Les cloisons : de nouvelles cloisons « placo » apparaissent toutes isolations thermiques hautes-performances intégrées. Leur inconvénient : leur poids.
  • Les nouveaux carrelages composites. C’est encore une fois la mode. Ces nouveaux matériaux plaisent de plus en plus. Surprise : ces matériaux peuvent contenir jusqu’à 70 voire 90 % de silice. Non contente de pouvoir provoquer la célèbre silicose des mineurs, la silice est un cancérogène pulmonaire répéré au tableau des maladies professionnelles (25) et vient d’être inscrit  par l’Europe sur la liste des cancérogènes. La directive sera applicable en 2019 (il faut laisser le temps au temps).

Conclusion

Le plan santé travail (PST) 3 prône la prévention primaire. La directive européenne de 1989, dans ses principes généraux de prévention, indique qu'« éviter les risques, c'est supprimer le danger ou l'exposition au danger » (cette directive date de bientôt 30 ans, il faut laisser le temps au temps). Les ordonnances Macron ont modifié la tarification de la pénibilité aux entreprises et la réparation. Néanmoins, la prévention des travaux dits pénibles reste inscrite.

Pourtant, les modes « innovants » de couverture laissent la pluie pénétrer dans les logements et l’occupant ne se préoccupe que de la quantité de bassines nécessaires pour recueillir l’eau. Qui se préoccupe des effets sur les conditions de travail de l’introduction de nouveaux matériaux (hors produits chimiques) ?

Les préventeurs sont sommés d’apporter des solutions aux problèmes de pénibilité introduits par la mode ou l’évolution technique. Ils sont dans la même position que le dépistage du dopage avec des laboratoires toujours à la recherche de produits performants et intraçables ou celle du locataire avec sa fuite de toit.

La prévention aura toujours un train de retard, sauf si le fabricant, avant l’introduction d’un nouveau produit, était contraint d’évaluer ses effets sur les conditions de travail qui ne pourraient être aggravées de son fait.

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