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08 / 10 / 2021 | 338 vues
Gérald Gautier / Membre
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Référendum sur le travail le dimanche chez Castorama : la direction est prête à tout pour ouvrir

L’enseigne de bricolage Castorama a savouré les dérogations au repos dominical pendant la crise sanitaire et ne compte plus bouder son plaisir. Sous couvert de pandémie, les effets d'aubaine sont nombreux et force est de constater que le patronat compte bien en profiter.

 

Alors que les enseignes du bricolage (notamment Castorama) ont largement bénéficié du covid-19 en termes de chiffre d’affaires, il en veut toujours plus. Comme d'habitude toujours plus pour les actionnaires et des miettes aux salariés pour faire illusion.

 

Cette année malgré les excellents résultats de l’entreprise, la direction a « généreusement » accordé +0,5 % d’augmentation sur les salaires. Pour rester ouverte le dimanche dans toute la France, l’enseigne de bricolage est prête à tout. Mais revenons quelques années en arrière. Après avoir ouvert pendant ses magasins de la région parisienne le dimanche pendant des années en parfaite illégalité, finançant ses salariés pour qu’ils aillent manifester afin d’obtenir un décret les autorisant à ouvrir le dimanche, Castorama avait promis de ne pas étendre l'ouverture permanente de ses magasins le dimanche au-delà de la région parisienne. Elle avait alors concrétisé cet engagement en juin 2014 via un accord fixant les contreparties au travail du dimanche. Toujours âpre aux gains, l’entreprise a profité de la crise sanitaire pour bafouer ses engagements et commencer d'étendre l'ouverture permanente des magasins le dimanche à 64 de ses établissements provinciaux.

 

Notre fédération a dû saisir le tribunal pour faire cesser ces ouvertures contraires à l’accord d’entreprise.

 

Une fois assignée au tribunal, la direction de Castorama n’en est pas restée là. Elle a dénoncé l’accord d’entreprise et ouvert une nouvelle négociation avec les organisations syndicales représentatives pour pouvoir ouvrir tous les dimanches par le biais d'un accord de deux ans, avec des contreparties moins favorables pour les salariés que l’ancien accord !

 

Après plusieurs réunions de négociations, une seule organisation syndicale (nous vous laissons deviner laquelle ; un indice : c’est toujours la même) a signé l’accord avec la direction. Mais cette organisation syndicale ne représentant heureusement pas 50 % des salariés, l’accord n'a donc pas pu s’appliquer.

 

Pas question pour Castorama de renoncer pour autant ! L'enseigne a ouvert une négociation en plein été pour organiser un référendum, comme l'y autorise la législation, afin de consulter ses salariés pour savoir si ceux-ci sont pour ou contre le travail le dimanche; L’entreprise n'a pas manqué d’arguments fallacieux pour convaincre son personnel. Les salariés n'ont pas été dupes et notre syndicat veille à la contre-argumentation pour démontrer les dangers et les intérêts cachés du projet.

 

La section fédérale commerce & VRP le rappelle régulièrement, le repos dominical est un combat de plus de cent cinquante ans qui est loin d’être un acquis définitif. Nous en avons une nouvelle fois la preuve. Notre section fédérale est régulièrement sollicitée pour des dérogations pour lesquelles nous restons fermes et en conformité avec nos résolutions.

 

Aucune preuve n’a jamais été apportée des bienfaits du travail du dimanche sur l’économie. Pire, cela nuit gravement à l’évolution des salaires donc au pouvoir d’achat ainsi qu’à la vie sociale des salariés. De plus, le travail du dimanche détruit des emplois. Il fait disparaître les petits commerces et les enseignes qui n’ont pas les moyens d’ouvrir le dimanche.

 

Pire, à terme, l’effet pervers des ouvertures du dimanche fait même baisser les effectifs des magasins. Il suffit de regarder les enseignes de l’ameublement. Dans un premier temps, elles ont fait disparaître la concurrence en Île-de-France et ont ensuite supprimé 30 à 40 % de leurs effectifs à magasin constant.

 

À terme, les enseignes de bricolage feront la même chose car toutes celles qui militent pour la dérégulation du dimanche ne visent qu’un seul et même objectif : la rentabilité au service des actionnaires. Afin d’inciter son personnel à voter en faveur de l'ouverture du dimanche, la direction de Castorama agite l’éternel étendard du volontariat des salariés, leur permettant d’améliorer leurs fins de mois qu’elle sait difficiles et dont elle se soucie tant...

 

Le volontariat est un leurre en entreprise ; le lien de subordination qui lie le salarié à son employeur ne permet pas le volontariat. Enfin, si les salariés pouvaient vivre dignement de leur salaire, ils n’auraient pas besoin de travailler le dimanche et rogner sur leur vie de famille, associative et culturelle au seul profit de leurs employeurs qui, eux, profitent pleinement de leurs proches ou autres tous les dimanches, sans qu’aucun reproche ne leur soit fait, sans qu’ils ne soient victimes de moindres représailles et sans qu’ils n'aient peur de ne pas pouvoir nourrir leur famille.

 

La section fédérale commerce & VRP et la section FO de Castorama vont mener la campagne afin de convaincre les salariés de voter « non » et ainsi contraindre à la fermeture des magasins le dimanche. Si le rêve du patronat est de revenir au XIXe siècle, ce n’est pas celui des travailleurs, ni celui de nos sections, sauf à vouloir passer par une nouvelle révolution salariale.

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