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27 / 11 / 2025 | 9 vues
Régis Petit / Membre
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Perspectives communales, implication intercommunale 

Publié le 17 novembre dernier, la veille de l'ouverture du 107 ème Congrès des maires de France et des présidents d'intercommunalité, un article du journal Le Monde interpelle sur le sentiment de dépossession des maires, victimes de la « montée en puissance des intercommunalités, qui prennent la majeure partie des décisions », oubliant au passage que ces mêmes élus siègent et votent dans les assemblées communautaires et métropolitaines.

 

En tant que membre de l'ADGCF, directeur général de fait d'une communauté ou d'une métropole, œuvrant au quotidien auprès d'élus communaux au service de la population de nos territoires, on ne peut être que stupéfait, fatigué, voire indigné par ce discours désormais dominant, qui nie pourtant l'évidence sans trouver -on peut d'ailleurs s'en étonner- de contradicteurs institutionnels : c'est en effet l'intercommunalité qui rend aujourd'hui la grande majorité des communes actives et qui garantit leur pérennité.

 

Sans aucun doute, l'institution communale demeure un creuset civique, identitaire et social fondamental, mais reconnaissons-le aussi : la majeure partie des communes, au regard de la faiblesse de leur taille, ne sont pas en capacité de concevoir et de déployer un haut niveau de service public, tel que nos concitoyens l'exigent et qu'assure précisément l'intercommunalité.

 

A ce titre, s'il faut répondre au désarroi profond et réel des maires, mais au si des adjoints et des conseillers municipaux, on peut s'interroger sur la résolution produite par l'Association des maires de France et des présidents d'intercommunalité, revendiquant l'inscription de la clause générale de compétence des communes -inaccessible pourtant pour la majorité d'entre elles- dans la Constitution ; on peut regretter aussi l'absence de toute référence à l'action des communautés et métropoles qui maintiennent pourtant en vie la « cellule de base de la démocratie locale »...

 

Au-delà, le 107 ème Congrès des maires, du moins dans sa partie « Salon », aura été l'occasion de rendre public le rapport final de l'enquête que nous avons conduite avec le Centre d'études sur la vie politique française (CEVIPOF) de Sciences Po sur les DGS d'intercommunalité et ainsi donner une certaine visibilité à la dynamique intercommunale.

 

J'ai évoqué, le mois dernier, dans ces mêmes colonnes, les premiers résultats de l'étude, illustrant leur crainte de voir l'avenir de l'intercommunalité s'assombrir à l'aune de l'instabilité de notre pays. Au-delà, je voudrais mettre en exergue d'autres statistiques, plus enthousiastes et qui dessinent le portrait-robot du DGS intercommunal et les moteurs de son implication au travail.
 

Âgés de 52 ans en moyenne, disposant d'un niveau d'éducation élevé, ces cadres territoriaux se définissent tout à la fois comme un manager polyvalent et un conseiller politique, ils occupent leur poste depuis 8 ans en moyenne, et consacrent plus de 50 heures par semaine à leur activité professionnelle qu'ils jugent « gratifiante » à 90% et utile à 93%.


Par ailleurs, 88% des répondants estiment que l'intercommunalité a pris l'ascendant, en termes de délivrance des services publics, sur la commune, 75% considérant aussi que leur intercommunalité fonctionne « bien » et constitue même un îlot de stabilité et d'efficacité dans un environnement politico-économique jugé dégradé.

 

Si les DGS constatent, aux deux tiers, que les conseillers municipaux sont mal ou très mal impliqués dans le fonctionnement intercommunal, ils s'inquiètent aussi à 83% du manque d'attractivité de la fonction publique territoriale au regard des besoins d'ingénierie auxquels les communautés et métropoles sont confrontées dans l'exercice de leurs missions.

 

Comme l'indique le rapport que vous pourrez consulter ci-après (*), « les directeurs généraux d'intercommunalité constituent la cheville ouvrière du bloc local, mais ils demeurent paradoxalement méconnus ». L'enquête que nous avons menée -et que nous renouvellerons à période régulière à l'avenir- lève le voile sur une communauté professionnelle qualifiée et intensément mobilisée : la nôtre. Bonne lecture !

 

(*) Être DGS d'une intercommunalité : les enseignements d'une enquête inédite

lire l'étude

Les résultats de l'enquête “Être DGS d'une intercommunalité” menée en septembre 2025 par le CEVIPOF, en partenariat avec l'ADGCF et Territoria Mutuelle, dressent le portrait d'un corps professionnel hautementqualifié, autonome et fortement mobilisé. L'étude éclaire les conditions d'exercice d'une fonction exigeante, la montée en puissance de l'intercommunalité, des gouvernances globalement apaisées, ainsi que des enjeux persistants de ressources humaines, de reconnaissance et de trajectoires professionnelles.

 

 

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