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04 / 02 / 2016 | 11 vues
Alain Astouric / Membre
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Conduite des hommes : souffrance au travail

Depuis vingt ans, les techniques managériales de mutation organisationnelle permanente de travail en mode projet, de réingénierie, d’empowerment et de rémunération variable individuelle ont poussé les hommes (ou plutôt les ressources humaines) vers la religion de la mobilité, la transformation permanente, la flexibilité, la polycompétence et l’individualisation des résultats au sein d’une entreprise prétendument individualisée pour le bien de tous.

Or, s’il est exact que ces évolutions peuvent offrir certaines opportunités de responsabilisation des salariés et de mise en place d’organisations moins hiérarchiques, elles font surtout peser de graves risques sur la santé mentale des travailleurs. Aussi, nous ne pouvons que regretter le silence (notamment politique et dans une moindre mesure journalistique) qui a longtemps prévalu à propos de la souffrance au travail.

  • Nous regrettons d’abord l’injonction paradoxale à l’autonomie qui a été faite aux salariés sans jamais s’être assuré qu’ils y soient prêts, sans toujours leur avoir donné les moyens afférents et sans avoir non plus suffisamment intégré le frein que constitue en parallèle la procéduralisation excessive du travail. L’organisation est aujourd’hui exagérément normée et l’employé n’a plus le droit (faute de se le voir reprocher) de dévier des tâches à accomplir les unes derrière les autres ;
  • Nous regrettons en second lieu la mise en concurrence des équipes. Une sorte de compétition qui, à l’instar des pratiques individualisantes, des modes de travail concurrentiels et des menaces de mise au placard ou de licenciement, continue à ravaler les gens au rang de simples ressources.
  • Nous regrettons en suite l’idée même de qualité totale, comme nous le faisions dès 2004 dans une étude intitulée « le management durable ». Les appellations aux allures excessives comme, qualité totale, zéro défaut ou excellence qui ne font aucune place à la réserve, ignorent la nuance et oublient les concessions afférentes à l’imperfection humaine, sont à manier avec précaution si ce n’est à regarder avec suspicion. La perfection n’est pas (encore ?) de ce monde. D’ailleurs, si comme nous l’entendons de plus en plus souvent le risque zéro n’existe pas, comment la qualité totale pourrait-elle exister ?
À suivre : Conduite des hommes : que faire en ces temps du triomphe de l’individualisme ?

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