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07 / 05 / 2012 | 1 vue
Didier Cozin / Membre
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Le DIF a 8 ans

Le 4 mai 2004, le législateur votait la loi pour la formation tout au long de la vie et lançait un dispositif « phare » : le droit individuel à la formation (DIF).

Dans une économie mondialisée, ultra-rapide et hyper-compétitive  au sein de laquelle l’Europe tenait à jouer un rôle de premier plan (sommet de Lisbonne de mars 2000), les Français, pour une fois rassemblés (accord unanime des partenaires sociaux en 2003), se dotaient d’un droit universel, simple et accessible à la formation.

Le DIF a donc dépassé l’âge de raison. Toutefois, il affiche année après année des résultats décourageants (de 5 à 6 % des salariés l’utilisent alors que 97 % des travailleurs déclarent le connaître).

L’auteur de ces lignes a tenté à de nombreuses reprises d’expliquer pourquoi le droit à la formation prenait autant son temps en France (peur de changer, peur de prendre des risques éducatifs, peur d’être jugé, peur de la désorganisation, peur du contentieux, peur de mal faire, peur de faire si les autres ne font pas…) Les raisons de ne pas se former aujourd’hui en France sont multiples, protéiformes et tellement ancrées dans les esprits que seul un choc économique ou social majeur semble pouvoir faire bouger les lignes désormais.

À la fin des années 1960, des sociologues évoquaient déjà pour décrire la France une société bloquée. Après les intenses efforts de reconstruction d’après-guerre, les différentes remises à niveau (la modernisation de l’outil économique et de ses différentes institutions), notre pays s’est engoncé dans ses habitudes (si ça marchait ça doit encore marcher), ses conformismes (à quoi bon changer ?), ses certitudes (nous avons le meilleur système éducatif, social, de santé, professionnel…).

Les grandes questions que devraient désormais se poser les Français ne tiennent plus dans ce que le pays peut faire pour eux (pas grand-chose désormais) mais comment ils vont pouvoir contribuer par leur travail et leur énergie à donner un avenir et un cadre de qualité à leurs enfants.

Ce travail, que tous les Français estiment fondateurs (même s’ils sont aussi  très « amoureux » de leur temps libre), va forcément beaucoup évoluer au cours de la décennie.

  • Ceux qui ont un travail difficile (contraintes horaires, pénibilité, qualification très élevée…) ont toutes les chances de le conserver (même s’il devient encore plus difficile et exigeant).
  • Ceux qui n’ont pas ou plus de travail auront toutes les peines du monde à retrouver un emploi salarié (car le salariat de masse va nécessairement régresser). Il leur faudra créer leur emploi, faire preuve d’esprit d’entreprise, de créativité, d’ingéniosité, de savoir-faire et de savoir-être.
  • Ceux enfin qui ont encore aujourd’hui un travail facile, agréable ou rémunérateur devront intégrer qu’ils ne vont peut-être pas conserver longtemps ce travail.

Pour vivre, se développer, aider les siens tout en disposant de revenus suffisants, la seule alternative dans les prochaines années sera d’être plus compétent, plus qualifié, plus outillé pour saisir et prendre à bras le corps un travail toujours plus complexe et exigeant. La société post-industrielle ne nous permettra en aucun cas de revenir au XXème siècle.

Dans quelques années (après quelques rapports ou commissions), le droit à la formation changera peut-être de nom (le compte épargne formation peut-être), il sera peut-être financé par d’autres (les entreprises n’ont plus guère d’argent), il sera peut-être plus électif (20 heures par an pour tous mais le double ou le triple pour ceux qui n’ont pas de bagage scolaire) mais un fait demeure : l’absolu nécessité de se former pour changer, d’accepter cette posture d’humilité et de sincérité d’un adulte disant à un autre adulte : « je ne sais pas tout et j’accepte d’apprendre de toi ».

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