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10 / 07 / 2009 | 1 vue
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Ces fuites orchestrées indirectement ou directement par les directions pour « accompagner le changement »

Il n’est pas rare qu’un comité d’entreprise commence par les cris d’orfraie d’une direction faisant circuler les informations diffusées dans la presse juste après la dernière séance. Des informations pourtant présentées comme confidentielles par l’employeur. Sauf que les employeurs ont tendance à considérer que tout est confidentiel. Ainsi, les 175 transparents présentés lors du CEE d'HP du 28 mai qui annonçait une nouvelle restructuration ont été déclarés confidentiels. Naturellement, certains élus font transpirer des informations dont la confidentialité ne se justifie pas au regard des risques qu’une réorganisation peut par exemple faire peser sur les emplois.

  • Reste que les élus des Comités d'entreprise ne tiennent pas à couper la branche sur laquelle ils sont assis en apportant sur un plateau des informations à la concurrence.  Les fuites de chiffres stratégiques sont donc rares. Les informations transpirent autrement...Comment "fuitent" les rapports d'expertise des comités d'entreprise ? - Décryptage réservé aux abonnés ou disponible par achat à l'unité.

Mais les directions peuvent aussi trouver un avantage à ce que des informations sortent dans la presse pour mieux pouvoir y réagir, sans avoir pris la responsabilité de l’annonce. « Notre DG a d’ailleurs passé une soufflante, pendant une demie heure, à tous les élus du CCE parce que « la presse » reprenait les informations données en CCE. Mais, ce qu’il oublie de préciser, c’est qu’une lecture attentive de ces articles montre que la majeure partie des informations de ces journaux n’avait pas été donnée en CCE. Les sources de ces journalistes ne sont donc pas dans les rangs des syndicalistes, mais sont plutôt à rechercher dans les rangs de la direction elle-même ! », rapporte ainsi Franck Mikula, délégué syndical Unac d’Air France à propos du CCE du 2 juillet dernier.

Combien de fois les salariés ont la surprise d’apprendre des informations qui concernent leur avenir par voie de presse...Le 16 juin, Le Monde annonce ainsi la suppression de 1 093 postes en France alors que la réunion entre la direction et les organisations syndicales est prévue le lendemain. Le gouvernement avait été informé au préalable. La « fuite » serait donc gouvernementale. En attendant, Claire Dorland-Clauzel, la directrice de la communication du groupe a passé dix ans au Ministère de l’Économie et des Finances. Les syndicats de Michelin ne sont pas dupes. Pour Emmanuel Pasquier, délégué syndical CFE-CGC de Michelin, « le problème c’est qu’une direction ne peut pas se montrer précise dans le cadre de la GPEC. Si elle annonce deux ans avant que tel service sera externalisé, elle doit automatiquement entrer dans la procédure légale d’information et de consultation des instances représentatives du personnel. Mais au-delà de cette contrainte réglementaire, il y a en France une incapacité à pouvoir véritablement anticiper une restructuration. Et ce, tant du côté des directions que des syndicats. »

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