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23 / 12 / 2013 | 9 vues
Laurent Aubursin / Abonné
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Les techniciens de Xerox refusent la géolocalisation

Refusant d’être pistés en permanence par un mouchard, les 650 techniciens de Xerox se sont très massivement mis en grève durant une semaine, à l’appel d’une intersyndicale. Avec cette mobilisation inédite dans la filiale française du géant américain de bureautique, des milliers d’appels pour des dépannages sont restés en attente.

Ils protestaient contre la mise en place d’un système de géolocalisation des véhicules d’intervention qui, craignent-ils, pourrait préfigurer une externalisation du service. La direction prévoit sa mise en œuvre dès la fin des consultations des élus du personnel.

L’objectif est d’installer plusieurs boîtiers à bord des véhicules. Le premier permettra de localiser le salarié à tout moment. Les autres renverront des données telles que la consommation d’essence et la manière de conduire des techniciens.

Pour la direction, ce système doit permettre d’améliorer les temps de trajet et d’intervenir plus rapidement chez le client, en envoyant le technicien le plus proche. Mais les salariés estiment qu’ils seront continuellement pistés et surveillés. Ils dénoncent un contrôle à outrance de leur activité et une augmentation de la pression pour plus de productivité et une réduction des coûts.

L’intersyndicale s’oppose aussi au relevé de données sur la consommation d’essence et la conduite. Si le technicien doit bien évidemment se conformer au code de la route, elle rappelle que « personne à Xerox n’a le monopole de la probité pour dicter la bonne conduite à tenir ».

Bracelet électronique

Les élus du personnel ont également revendiqué la possibilité pour les salariés utilisant ces voitures de fonction au quotidien de couper l’alimentation des machines dans le cadre de la vie privée. La direction propose uniquement de passer en fonction « privée » par voie digitale, mais sans débrancher la machine. Les délégués craignent une réactivation possible de la machine à distance, sans accord de l’intéressé. Ils s’inquiètent également du trop grand nombre de personnes qui auront accès aux données collectées.

La mise en place de systèmes de géolocalisation des véhicules dans le monde du travail, actuellement en plein essor, est strictement encadrée par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Cette autorité administrative autorise cette surveillance pour optimiser les tournées. Mais elle interdit de l’employer en dehors du temps de travail, notamment lors des trajets domicile-travail.

Les techniciens revendiquaient aussi une augmentation générale des salaires, gelés depuis deux ans et qui devraient le rester en 2014. Ils refusent par ailleurs l’individualisation de la moitié de la prime trimestrielle, jusqu’à présent calculée sur les résultats par équipe et dont le montant, de 172 euros, n’a pas évolué depuis 1990.

La direction, qui prétend ne pouvoir prendre de décisions majeures pour la filiale française sans accord de la direction Europe, s’est engagée à ne pas modifier le mode de calcul de la prime d’ici 2015 et à mener une « politique salariale » en 2014. Des réunions sont programmées avant la fin de l’année sur la prime et la géolocalisation. L’entreprise assure avoir acquis une option supplémentaire détruisant les données personnelles remontées par le traceur GPS.
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