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20 / 11 / 2013 | 5 vues
Laurent Aubursin / Abonné
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La justice rhabille H&M pour l’hiver

Les trois quarts des salariés d’un entrepôt du groupe de prêt-à-porter H&M sont en grève depuis le mardi 5 novembre et bloquent leur entrepôt qui alimente soixante-cinq des cent soixante-dix magasins français de la marque.

L’entrepôt, situé au Bourget (Seine-Saint-Denis), a été filialisé en 2009 par la marque et dépend dorénavant de H&M Logistics GBC. Il est passé de plus de 500 salariés en 2009 à 195 cette année.

La filialisation de l’entrepôt est indirectement la cause de la grève actuelle. En effet, elle a eu une conséquence que la direction du groupe ne semblait pas avoir anticipée, le changement de convention collective des salariés de l’entrepôt, qui ont quitté la convention de l’habillement pour celle du transport…

Or, cette évolution, « au vu des tâches réalisées par les salariés, aurait dû les amener à changer de statut et à devenir des gestionnaires de stocks, alors que le groupe persiste à considérer qu’ils sont des préparateurs de commande », explique Modibo Fofana, délégué syndical FO.

L’enjeu, une progression de leurs rémunérations de près de 30%... Prendre la décision d’une filialisation et refuser d’en assumer les conséquences pour le statut des salariés, c’est toute l’hypocrisie du groupe d’habillement qui a fait 1,9 milliard d’euros de bénéfices en 2012 (+ 6,6 %).

Depuis cette filialisation, les salariés luttent donc pour faire reconnaître leur statut tandis que le groupe a nommé un nouvel encadrement dont l’objectif semble être de réduire les effectifs à tout prix.

Dégradation des conditions de travail, pression insoutenable de l’encadrement

Vexations, pressions, autoritarisme, classement des salariés en fonction de leurs « performances », dégradation des conditions de travail, notamment liée au sous-effectif actuel, sont le quotidien des salariés. Les arrêts maladie sont anormalement élevés.

Le CHSCT a été alerté et a nommé un expert mais la direction de l’entrepôt refuse obstinément toute discussion ou tout échange sur les métiers exercés et, a fortiori, sur le statut des salariés. Devant cette impasse et ce refus de toute discussion de la part de la direction, les syndicats de l'entreprise ont lancé ce mouvement de grève, soutenu par 75 % des 195 salariés.

Alors que le mouvement bloque l’approvisionnement des soixante-cinq magasins sur les cent soixante-dix que compte le groupe en France, l’avocat de ce dernier a déclaré à l’AFP que « la grève en tant que telle est illicite », estimant que le blocage « empêche […] l’employeur d’exercer son activité industrielle ». Le groupe a donc assigné neuf salariés (dont des représentants syndicaux) en référé afin de faire cesser le blocage de l’entrepôt.

Le double discours de la direction d’H&M

Or, l’hypocrisie du groupe se confirme par ses déclarations contradictoires. D’une part, il explique aux médias souhaiter « continuer le dialogue » et « résoudre bientôt le différend de façon amicale », dans une déclaration écrite à l’AFP, alors que dans le même temps, « le groupe a refusé officiellement, devant le juge des référés, tout dialogue ou ouverture de négociations », précise Modibo Fofana.

Le juge des référés ne s’y est pas trompé : il a débouté la société H&M vendredi 15 novembre dernier de sa demande de levée du blocus.

Les salariés sortent plus déterminés que jamais de ce premier bras de fer judiciaire et le piquet de grève maintenu confirme, s’il était besoin, leur détermination intacte.
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