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23 / 08 / 2018 | 15 vues
Didier Cozin / Membre
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La formation, une charge ou un investissement

« Il nous faut une société qui ne mesure pas seulement les progrès à l’aide d’indicateurs économiques tels que le produit intérieur brut, mais également d’après le nombre d’entre nous qui trouvent du sens à ce qu’ils font. »

Mark-Zuckerberg, fondateur de Facebook, Havard le 25 mai 2017 

Avec la société de la connaissance la formation continue a changé de nature, d'objet etde périmètre


On le comprend aisément à la lecture de la presse et des réseaux sociaux : sitôt les élections présidentielles passées la tentation est grande de réformer la formation sans considérer ce qu'elle devient (une indispensable condition à la survie sociale et professionnelle) mais en reformulant simplement ce qu'elle n'a jamais cessée d'être : une charge sociale, une ligne de cotisation (patronale) sur le bulletin de salaire, une dépense superfétatoire qu'on pourrait éternellement reporter sans effective concrétisation dans la vie des travailleurs

L'échec est permanent pour notre droit du travail à déployer une formation équitable 

Depuis 1971 le droit du travail n'a jamais permis de promouvoir, autrement que par des mots, la formation et les apprentissages professionnels en France.
Les dernières moutures des réglementations (réforme de la formation de mars 2014, lois travail de 2016 et 2017) font l'impasse sur la responsabilité éducative, du salarié comme de son employeur.

Quatre ans après le vote de la réforme de 2014 moins de 1% des travailleurs bénéficient chaque années de leur CPF (Compte Formation) et la formation s'enlise dans la bureaucratie, l'attentisme et le report éternel des échéances éducatives ("l'an prochain si ça va mieux")

La formation ne pourra se développer en France tant que notre pays restera calé sur ses modèles de la société industrielle

- une école monopolistique qui prétend s'occuper toute seule de l'éducation et de la formation tout en ignorant aussi bien les familles (des "incapables") que les entreprises (des "exploiteuses")

- les séquelles d'un système soi-disant méritocratique qui élimine et stigmatise plus qu'il n'encourage et qui s'est transformé au fil du temps en une grande garderie sociale pour enfants du peuple

- le blocage du monde éducatif dans un carcan de réglementations et de textes qui contraignent et tuent dans l'oeuf les innovations comme les mobilité sociales out en assignant à vie les hommes et les femmes dans des rôles ou des fonctions pré-déterminées dès l'enfance

- les faibles capacités et le manque de courage d'une société qui se réfère au passé sans intgrer ni même comprendre les enjeux de la formation tout au long de la vie (le diplôme moins fondateur, l'apprentissage permanent, les situations professionnelles instables....)

Aucun adulte ne peut apprendre sans une responsabilisation éducative

L'éducation des adultes ne fait pas bon ménage avec l'extrême sécurisation professionnelle. Il faut pour apprendre ménager un espace entre la sécurité et le mouvement, la prise de risque. 
La formation des adultes ne devrait pas être l'adaptation ou la copie de l'éducation des enfants quand il s'agissait de multiplier les années d'enseignement, les dispositifs de formation, les heures de cours ou la collection de titres et de diplômes.

La formation c'est l'anticipation par la réparation

La formation n'est pas une unité de soins palliatifs au seul service des chômeurs (le "traitement social" du chômage), elle concerne tous les adultes (actifs et non actifs) et implique une projection dans l'avenir, une volonté de progresser, d'évoluer (y compris hors de son entreprise) et de la mobilité (choisie de préférence).

La formation tout au long de la vie bouleverse partout dans le monde l'éducation, ses modèles, son organisation, ses capacités à accompagner les habitants d'un pays (au delà même de leur vie active)

La formation tout au long de la vie constitue la vraie sécurité professionnelle, le principal outil d'anticipation et de prévention dans une société post-industrielle toujours plus rapide, concurrentielle et exigeante

La formation n'est ni une consommation ni une épargne personnelle

Quand on dispose d'un simple marteau on a tendance à considérer tous les problèmes comme ceux des clous et des planches, quand on ne dispose que des outils conçus pour le XXe siècle (la loi, le contrôle, des compteurs sociaux) on passe très loin des réels enjeux de la société de la connaissance.

La formation et l'éducation nécessitent désormais à la fois anticipation, projection, appropriation et responsabilisation. 

La formation doit s'émanciper de l'école tout autant que de la bureaucratie et des réglementations étatiques

Si l'effort éducatif en faveur des adultes a toujours été faible en France, si notre pays s'était senti obligé d'instituer une cotisation formation de 1% (on aimait beaucoup les cotisations symboliques de 1% dans les années 70) c'est bien parce que nos retards sociaux, éducatifs et professionnels posaient et posent problèmee

Pour rattraper ces retards les solutions conventionnelles comme la réforme et la loi sont devenues inopérantes

Les réformes de la formation ne peuvent plus remplir leur rôle d'entraînement et de reconstruction sociale ou éducative pour plusieurs raisons

- les outils réglementaires traditionnels sont inefficaces, trop lents, trop complexes au sein de la société de la connaissance dont la première qualité est sa rapidité

- Nos retards éducatifs cumulés depuis les années 80 deviennent immenses, nos capacités d'innovation, de ré-interprétation, de reconstruction du système éducatif des adultes est épuisé 

- les conséquences de nos errements et retards ne seront compensés que par des efforts immenses que personne ne semble prêt à consentir (efforts financiers avec des budgets similaires à ceux de l'éducation nationale soit 5 à 7 % du PIB contre 1,5 % actuellement, efforts temporel avec absorption de 10 % du temps libre pour la formation)...

Pour nous adapter au XXIe siècle, nous devons tous et continuellement apprendre, désapprendre, réapprendre...tout au long de notre vie

Le travail, l'éducation et la formation ont besoin de simplicité, de fluidité, de bienveillance (le code du travail n'est pas bienveillant, il réglemente la défiance entre l'employeur et son salarié) pour que le capital humain de notre pays se développe et soit valorisé.

 

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