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24 / 10 / 2014 | 3 vues
Pascal Pavageau / Membre
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Installation d'un conseil national des services publics : pour en faire quoi ?

Le Premier Ministre a « installé » le Conseil national des services publics (CNSP) le 9 octobre 2014, le gouvernement ayant décidé de sa mise en place lors de la conférence sociale de juillet.

Comme nous l’avions indiqué au gouvernement, cette instance reste un lieu d’échange, d’information et de concertation sur les services publics. Il ne doit pas se substituer aux lieux de négociation dans la fonction publique et ne remplace pas les différents conseils supérieurs des trois versants de la fonction publique.

  • Concernant la composition du CNSP, nous avons dénoncé l’attribution d’un siège à trois organisations syndicales qui ne font pas partie de la liste des confédérations reconnues représentatives sur un plan interprofessionnel, alors que le périmètre des débats est, lui, interprofessionnel.

Nous avons rappelé au Premier Ministre que notre confédération réclame de manière constante depuis 2007 une réflexion générale et un débat indispensables et relatifs à la détermination du rôle et des missions de service public, débat devant être un préalable à toute réforme.

  • Quels besoins publics aujourd’hui et demain ?
  • Quelles missions et politiques publiques pour y répondre ?
  • Quels services publics pour les mettre en œuvre ?
  • Quels moyens pour ces services ?

Lors de la conférence sociale de 2012, nous avions obtenu le rétablissement de l’ex-« commissariat au plan » mis en place sous le nom de commissariat général à la stratégie et à la prospective. 

Conformément à l’engagement du Premier Ministre en 2013, ce débat devait être l'un des premiers travaux de cette instance. Il n’a toujours pas eu lieu. Nous attendons de ce conseil qu’il soit le lieu de ce débat d’envergure sur l’ensemble des champs publics.

L’évaluation des besoins publics ne saurait se réduire aux missions de l’État. De surcroît, selon une revue de missions de quelques semaines, le gouvernement a en effet demandé aux ministères de réaliser cet exercice pour des conclusions en janvier 2015.

Nous avons indiqué que s’il s’agit, selon le gouvernement, de réduire de façon drastique les missions menées par les services de l’État pour réaliser les mesures d’économies de presque 8 milliards en 2015 alors cette démarche serait pire que la RGPP. Le Premier Ministre l’a bien noté mais n’a pas répondu. Pour nous, l’expression des besoins publics impose du temps, une évaluation concrète et objective et de s’intéresser à tous les secteurs de l’action publique.
 
Cela impose également de regarder l’état des lieux des services publics de proximité. Comme FO l’indique dans son livre qui vient paraître, Il faut sauver le service public, la désertification territoriale des services publics (opérateurs et organismes sociaux compris) est une réalité douloureuse et dramatique pour beaucoup d’usagers (pas que les particuliers et les ménages, les salariés et parfois les entreprises elles-mêmes), et pas uniquement en zones rurales.

Cette forme de retrait, voire d’abandon, de la République conduit à une augmentation des besoins publics du fait des inégalités et de la paupérisation qu’il induit.

De fait, comme nous l’avons rappelé, la réforme territoriale va accentuer cette dérive avec de nouveaux retraits de proximité (immenses régions, menace de suppression des départements, intercommunalités et métropoles aux périmètres gigantesques pouvant conduire à la suppression de l’échelon communal) et avec une balkanisation de l’action publique (autonomie normative en régions et métropoles).

Par ailleurs, en réponse aux priorités annoncées par le Premier Ministre, nous avons indiqué qu’il convenait que la « révolution numérique dans la fonction publique » ne se traduise pas par des suppressions de postes publics et par une déshumanisation du service public, ainsi que pas des inégalités supplémentaires.

Évaluation objective et complète des besoins publics, déconnectée de toute politique de rigueur budgétaire, sur l’intégralité du périmètre de l’action publique des trois versants de la fonction publique : c’est ce que nous attendons de ce CNSP.

Suite à ces propos, nous avons enfin précisé au Premier Ministre que nous étions « attachés au renforcement des valeurs et principes de la fonction publique » et que c’est pour cela qu’il faut en maintenir le statut général et l’indépendance. Lors des prochaines réunions du CNSP ainsi que des travaux qui seront lancés sur ces sujets, nous seront rapidement fixés sur les réelles intentions du gouvernement.

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