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23 / 11 / 2022 | 12 vues
Jean Yves Le Gall / Membre
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"Nous luttons pour la défense des droits et contre toutes les formes de discrimination partout dans le Monde" - Anne-Marie Harster, Présidente de Solidarité Laïque

Dans le cadre des entretiens du Ciriec(*), Anne-Marie Harster, Présidente de Solidarité Laïque (**) , a bien voulu répondre à nos questions et apporter un éclairage important sur la vocation de collectif, son approche des choses, ses activités ...

 

Créée en 1956, quelle est la vocation de Solidarité Laïque et quels sont les principaux éléments de sa raison d’être ?

 

À l’origine, la FEN, accompagnée de la MAIF, la MGEN et la CASDEN, a proposé de venir en aide à des réfugiés hongrois grâce à tout un réseau laïque de militants pour l’éducation. Nous avons alors intégré la dimension de l’éducation à la solidarité nationale, internationale et au développement pour venir en aide aux populations victimes de discrimination. En faisant la promotion de l’éducation à la citoyenneté, nous avons structuré notre organisation pour mieux traduire ses principes d’égalité, de faire ensemble, attachés à la démocratie et aux principes républicains.

 

Comment s’organisent aujourd’hui vos activités dans vos territoires d’intervention ?

 

Depuis 5 ans, nos activités dans les territoires sont portées par nos antennes sous-continentales, implantées au Burkina Faso (Afrique de l’Ouest), en Haïti (Caraïbes) et en Tunisie (bassin Méditerranéen).

Dans les pays où nous développons nos actions, nous nous appuyons toujours sur les organisations de la société civile et les autres acteurs publics ou privés partageant nos valeurs.

Nous contribuons dans certains pays à l’émergence de l’économie sociale et solidaire, sur le principe de la réciprocité, avec la volonté de faire le maximum avec les institutions publiques. En Tunisie par exemple, nous développons depuis 2012 le programme concerté pluri-acteurs “Soyons actifs /actives” avec la ligue de l’enseignement du Val-de-Marne, et la participation de plus de 80 organisations de la société civile tunisienne et française, associations, jusqu’aux syndicats comme l’UGTT en Tunisie.

Ce travail, qui a abouti à une loi en 2019 sur l’économie sociale et solidaire, démontre aux jeunes Tunisien.ne.s l’opportunité que représente l’ESS en matière d’employabilité et la place qui peut être la leur dans cet écosystème.

La création de clubs de la citoyenneté dans les écoles a été appuyée par le Ministre en charge du secteur. Nous allons assurer la pérennisation de ces coopérations avec les pouvoirs publics.

Notre force, c’est le modèle de notre organisation et ces partenariats locaux ou nationaux qui nous permettent d’essaimer dans les territoires. Toujours en Tunisie, un chantier a été mis en place avec la municipalité de La Marsa (commune du Grand Tunis), pour des jeunes déscolarisés ou mal scolarisés. L’état des lieux était difficile : réseaux de drogue, menace de radicalisation, discrimination de nombreuses personnes migrantes venant de Syrie.

Après consultation des habitant.e.s du quartier, nous avons mis en place un tiers lieu social et solidaire qui développe des activités socio-culturelles (ateliers de formation, rencontres-débats, événements culturels, etc).

Avec l’opposition de certains conservateurs, ce projet aurait eu peu de chances de voir le jour sans l’implication des autorités tunisiennes, locales et nationales..

 

Comment déclinez-vous vos actions éducatives et citoyennes en France et dans le monde ?

 

Nos programmes et activités sont conçus dans une logique de défense des droits et de lutte contre toutes les formes de discrimination. Leurs objectifs spécifiques sont fixés en fonction des besoins identifiés au niveau local. En voici quelques exemples. En Afrique de l’Ouest, notre programme “Compétences pour demain”, financé par l’Agence française de développement, vise à favoriser l’insertion socio-professionnelle et la participation citoyenne des jeunes à travers la mise en place de “Laboratoires d’innovations sociales” (LABIS) dans les périphéries de 6 mégalopoles (Ouagadougou au Burkina Faso, Dakar au Sénégal, Abidjan en Côte d’Ivoire, Bamako au Mali, Porto Novo au Bénin et Conakry en Guinée). Un 7ème LABIS transnational est établi à Koubri, au Burkina Faso et d’ici 2025, d’autres ouvriront en Afrique de l’Ouest et Centrale.

 

En France, notre programme “Vacances et insertion” s’attaque aux questions de l’accès aux vacances et aux loisirs et à l’accompagnement des familles fragilisées (mères isolées et personnes en situation de handicap notamment), avec le soutien de l’Agence Nationale des chèques vacances (ANCV - 372 822 € en 2021 dont 5 % issus de la générosité du public) et la participation de nos délégations départementales. En 2021, 2 652 enfants et adultes (621 familles dont 58 % monoparentales) ont bénéficié de 19 700 jours de vacances. La 22ème édition de notre opération annuelle “La Rentrée Solidaire” est en cours, avec la participation de la MAE et la MAIF, le soutien du ministère de l’Éducation nationale et bien sûr la mobilisation de nos délégations départementales en France.

 

Chaque année, 100 000 élèves du primaire au lycée en France participent au dispositif à travers des ateliers d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale. Des collectes de fournitures scolaires neuves organisées dans les écoles et des appels au dons permettent à des élèves du secteur public d’un autre pays (Haïti en 2020, Liban en 2021, Cameroun en 2022) d’étudier dans de bonnes conditions. 111 940 € ont été collectés en 2021 dont 99 % issus de la générosité du public. Sur une thématique plus spécifique, le bi-multilinguisme, nous concevons un film documentaire “J’apprends si je comprends” et son kit méthodologique à destination des enseignants pour valoriser les bonnes pratiques concrètes en matière d’enseignement bi-plurilingue dans des pays où la langue officielle n’est pas toujours parlée à la maison ni comprise par les élèves (Burkina Faso, Mali, République Démocratique du Congo et Sénégal). Nous soutenons également des micro-projets solidaires de proximité ou d’échanges à l’international à travers 3 dispositifs annuels (PEPA - Action solidaires France, PEPS - Actions solidaires Monde, PESI - Actions de coopération éducative France / Monde). Ces projets sont proposés par les délégations départementales, les organisations membres ou des acteurs associatifs et pour certains soutenus par la MAIF, la CASDEN et la MGEN. 24 projets ont été financés en 2021, pour un montant total de 91 680 € (issus de la générosité du public et de nos fonds propres). Ils ont notamment permis en France de favoriser l’accès à la culture et aux loisirs éducatifs, de renforcer des liens familiaux et d’accompagner des personnes migrantes dans leur insertion socio-professionnelle. Dans le département du Nord, nous avons par exemple soutenu un projet d’apprentissage de la lecture, mis en œuvre dans des classes du primaire. Un projet autre de coopération éducative et d’inclusion scolaire est porté par des éducateurs de France et du Cameroun pour développer des supports pédagogiques adaptés à des élèves déficients auditifs et leur donner accès à une éducation de qualité

 

Pouvez-vous nous parler du parrainage éducatif ?

 

Le parrainage éducatif proposé par Solidarité Laïque permet à des enfants démunis d’aller à l’école et de vivre dignement dans leur pays. En 2021, 480 marraines et parrains (soutien moyen de 84 € par trimestre) ont permis à 476 enfants dans 6 pays (Haïti, Colombie, Sénégal, Burkina Faso, Bénin et Liban) de bénéficier d’un accompagnement éducatif, social et médical ainsi que d’une aide alimentaire. Une attention particulière est portée aux filles et aux enfants en situation de handicap. Cette prise en charge personnalisée est rendue possible par l’implication essentielle de notre équipe de bénévoles et de nos partenaires locaux.

 

Quelles sont vos perspectives d’évolution ?

 

Nous développons des projets de coopération en lien avec nos partenaires liés au secteur de l’éducation et le soutien de l’Agence Française de développement. Nous sommes force de propositions, avec des thématiques nouvelles.

Compte tenu des enjeux, notre approche est basée sur la générosité du public et la contribution publique principalement au travers du budget de la coopération sur l’éducation. Partage d’expériences et de ressources, maintien de la paix, urgence climatique… Notre conception de l’éducation est universelle. En France et dans le monde, notre plaidoyer se concrétise dans la lutte contre la marchandisation de l’éducation.

Nous agissons pour changer d’échelle, avec des financements nationaux et européens engagées sur le long terme.

L’élan donné par l’Assemblée générale en 2020, au travers d’un nouveau projet à horizon 2025 vise au développement de nos alliances pour favoriser toutes les résiliences en reliant les humains et les territoires.

Pour un projet de société de justice sociale, de solidarité et de développement durable responsable, où l’éducation est considérée comme un bien public et un bien commun mondial pour lequel chaque acteur a une responsabilité à engager.


Quelques chiffres :

Intervention dans plus de 25 pays, 3 antennes sous-continentales (Afrique de l’Ouest, Caraïbes, Bassin Méditerranéen).

Plus de 500 partenaires dans le monde.

Plus de 40 000 donateurs particuliers.

42 délégations départementales actives sur le territoire français.

 

(*) https://www.ciriec-france.org/ciriec/cms/10/accueil.dhtml

(**) https://www.solidarite-laique.org/solidarite-laique/qui-sommes-nous/

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