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26 / 02 / 2016 | 3 vues
Jean-Paul Vouiller / Membre
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Comment développer l’écoute individuelle, active et efficace de la souffrance au sein des entreprises ?

Délégué syndical national CFTC, premier syndicat d’HP en France, confronté au suicide inattendu d’un délégué du personnel en 2006, je n’ai eu de cesse depuis de me poser cette question.

  • Exemple : plutôt que d’éviter les salariés en souffrance (liée à l’entreprise ou pour toute autre raison) ou simplement se contenter de les renvoyer par exemple vers le CHSCT, les infirmières, le médecin du travail, une assistante sociale ou un psychologue d’entreprise le cas échéant, pourquoi ne pas les aider directement sur le terrain  (couloirs, bureaux, ateliers, rayons, parkings…) ?

Pour cela, il semble indispensable d’être formé à la détection et à l’écoute puis savoir guider le salarié vers les solutions possibles. C’est même une nécessité absolue.

Problème : cette formation est quasiment inexistante en France.

Il faut donc chercher ailleurs. La solution vient du Québec, avec depuis 32 ans près de 10 000 salariés formés par le principal syndicat, la Fédération des travailleuses et travailleurs québécois (FTQ, 650 000 adhérents) et un solide réseau de « délégués sociaux » qui a même sa convention annuelle.

Informé de l’existence de ce formidable réseau lors d’un témoignage à l’hôpital de la Salpêtrière pour expliquer ma méthode personnelle d’aide aux salariés (comprendre, stabiliser et agir), j’ai été ainsi le premier Français à suivre en octobre 2015 à Montréal la formation des délégués sociaux de la FTQ.

Suite à un coup de foudre réciproque, un partenariat a été mis en place avec pour objectif de proposer un module opérationnel de formation en France. Le pilote aura lieu les 2 et 3 mars 2016 à Evry, avec 25 stagiaires et nos cousins canadiens venus exprès pour l’occasion.

L’intérêt de cette adaptation française est déjà considérable dans le milieu universitaire master et recherche (Paris-Dauphine, Montréal). Cela tombe bien, notre syndicat est celui de l’entre-aide et de la solidarité et nous avons comme principale signature « La vie à défendre ». Tout est dit !

Le pilote de formation FTQ adapté pour la France

Jour 1

  • Introduction (tour de table et programme)
  • Perception et description du rôle attendu dans l’entreprise
  • Intervention auprès de la personne (habiletés d’écoute et d’aide)
  • Le problème de la dépendance (alcool, drogues, jeu…)

Jour 2

  • Valeurs et préjugés
  • Nos limites
  • Travail et santé mentale
  • Épuisement professionnel
  • Violence en milieu de travail
  • Agir syndicalement
  • Ressources internes et externes
  • Mettre sur pied et maintenir un réseau, s’organiser
  • Choix du nom de ce nouveau réseau
  • Évaluation

Il s’agit en fait bien plus qu’une simple formation de 15 heures mais de la première pierre à poser pour construire et animer dans les entreprises un réseau de guides spécialisés dans l’écoute active de la souffrance des salariés. Un chaînon manquant et complémentaire dans les sociétés à ce qui existe. Pourquoi pas plusieurs centaines et même milliers de guides formés à terme en France si le succès est le même qu'au Québec ?

 

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Des accords existent au Québec dans plusieurs entreprises où il y a même parfois des temps pleins. Ce devrait être faisable aussi en France dans quelques entreprises à terme. Mais dans le cas le plus général, il faut faire sans. Si le délégué social a un mandat CE/DP/CHSCT ou autre, il pourra effectivement s'appuyer sur ses heures de délégation. S'il n'a pas de mandat, le délégué aidera moins de personnes et devra prendre sur son temps de travail (moins compliqué s'il est forfait jour) ou carrément son temps personnel.