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19 / 01 / 2016 | 4 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Comment des syndicats ouvrent la porte à tous les salariés pour nourrir des propositions à négocier

Remis le 6 janvier à la ministre du Travail, le rapport du Conseil national du numérique (CNN) se prend à rêver que les futurs accords d’entreprises auront été négociés en mode participatif avec tous les salariés avec une représentation renouvelée. Pas encore d’exemple en la matière. Un rapport sur les « nouvelles trajectoires en matière de travail et d’emploi » qui invite en préalable syndicats et directions à intégrer des logiques de dialogue social élargies à tous les salariés. En la matière, des syndicats expérimentent. À l’image de l’UNSA au sein du groupe Smile. À l’occasion d’un conflit récent né de la négociation avortée sur la mutuelle obligatoire, cette SSII a vu naître sous ses yeux une initiative numérique des représentants du personnel afin de mobiliser et interagir avec les salariés d’agences éclatées en province. Nous avons consulté la plupart des documents en accès partagé et un rapide constat s'impose : organisation, prise de décision, mise à jour... L’information est vraiment au rendez-vous avec une authentification sans faille des membres. Ce portail numérique partagé compte 250 inscrits dument authentifiés sur 652 salariés.

Chez T-Systems, c’est l’esprit intersyndical qui a soufflé. Après dix jours de grève en juin 2015, 34 des 36 salariés de la branche aérospace de T-Systems France ont réussi à faire capoter le projet de cession à Ausy. Histoire d’un collectif sans étiquette syndicale, qui a mené toutes ses actions en mode projet et en mettant les syndicats à son service… Des exemples susceptibles d’inspirer. Une ouverture qui va de pair avec la capacité pour les syndicats de répondre, à l’instar de la CFTC d’HP dont le blog draîne des milliers de commentaires chaque année. Le dernier billet sur la dématérialisation du titre restaurant a ainsi déjà recueilli plus d’une centaine de questions et réponses.

La responsabilité est forte pour les syndicats qui décident de sortir des clous de l’information-consultation en vase clos des institutions représentatives du personnel. Le temps long de la descente « en cascade » des informations vers les salariés devient de moins en moins compatible avec les flux numériques.

L’ouverture syndicale se révèle plus délicate quand la direction s’emploie, elle aussi, à valoriser, tout en la canalisant, l’expression des salariés. Au travers par exemple des réseaux sociaux internes dans lesquels les syndicats peinent à trouver leurs marques. Même quand la porte leur est grand ouverte, comme c’est le cas sur Engage, le RSE d’Alcatel Lucent où certains syndicalistes n’ont pas apprécié d’être considérés comme des salariés lambda… Le développement du management participatif pour accompagner le changement est aussi un frein potentiel. Surtout quand la direction pose une clause de confidentialité sur tous les échanges qui se nouent dans les groupes avant la restitution officielle et le début de l’information-consultation comme cela a été le cas à l’ARS Grand-Est.

Si les syndicats ou les directions ne libèrent pas l’expression, ce sont les salariés qui en prennent l’initiative. Comme chez Oracle où 800 salariés authentifiés échangent en toute confidentialité sur Officewall, une application permettant d’ouvrir des réseaux d’échanges privatifs. L’initiative vient des États-Unis. Certains bavardages sur le réseau d'oracliens ont fait état de managers disparus brutalement de l’organigramme au siège du groupe, des signaux que d’aucuns savent parfaitement décoder comme annonciateurs d’autres « changements ». La CFDT d’Oracle relaie un précieux conseil technique énoncé par Officewall sur son site : « N’inscrivez aucun commentaire à partir d’un appareil connecté par le wi-fi de l’entreprise ». À bon chuchoteur...
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