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27 / 11 / 2008 | 1 vue
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Ces chercheurs qui ne veulent pas devenir des chasseurs de primes

Les syndicats  de la recherche CGT, CFDT ou encore SUD appelaient ce matin à bloquer le conseil d'administration du CNRS qui doit approuver la création des neuf instituts et celle de trois pôles d’intégration scientifique interdisciplinaires, "proposées par la direction selon les indications du gouvernement."

Le 14 novembre 2008, François Fillon a déjà annoncé la création d'un institut unique pour la recherche dans le domaine des sciences de la vie et de la santé piloté par l'Inserm qui intègrerait les compétences de chercheurs du CNRS et du CEA.  Les syndicats y voit un démembrement des EPST (Établissement public à caractère scientifique et technologique). "Cet institut fonctionnerait comme agence de financement par appels d’offre", souligne la CGT qui précise : "En démembrant le CNRS, le gouvernement assujettit les sciences de la vie au biomédical afin de contribuer à produire des molécules pour l’industrie pharmaceutique. A terme, la gestion des laboratoires et des personnels sera universitaire. Une fois ce système mis en place, les laboratoires recevront une dotation couvrant les coûts fixes de la part de l’université les hébergeant et un financement contractualisé de la part l’Institut du vivant."

Des syndicats qui contestent une vision "utilisatrice" de la science avec des chercheurs qui seraient gérés par les universités. " Les primes seront largement subordonnées pour
les chercheurs à une activité d’enseignement. Certes, les chercheurs se consacraient déjà, dans leur grande majorité, à la diffusion de leurs travaux auprès des étudiants ou des doctorants ; on leur demandera maintenant d’enseigner les bases de leur discipline à tous les niveaux universitaires", souligne le syndicat qui annonce la fin du statut de chercheur à temps plein.

Les déclarations de Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, qui parle de mettre fin aux « parcours indifférenciés » et d’instaurer une individualisation des carrières qui tienne compte du « mérite » des personnes ne passent pas vraiment chez les syndicats...

  • Le rapport d’évaluation des sciences de la vie commandité par le Ministère de la Recherche à l'AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) qui vient d'être remis ne manquent pas d'interroger les syndicats. Ainsi le rapport propose de reculer de façon significative l’âge de recrutement en créant une période de non titulaire de plusieurs années pour toutes les disciplines et toutes les catégories. Le rapport “ exprime sa forte inquiétude devant l’âge très précoce auquel les postes permanents sont attribués. Par exemple, récemment, 44 postes ont été attribués à des chercheurs âgés de 30 ans en moyenne, tandis que 44 autres postes ont été attribués à des individus âgés de 35 en moyenne. En outre, un grand nombre de ces postes ont été octroyés à des scientifiques affectés dans des laboratoires où ils ont été formés. Une telle consanguinité entraîne un manque d’indépendance réelle pour ces tout nouveaux membres du corps des chercheurs, et elle soulève des interrogations quant à leurs capacités à générer des programmes de recherche vraiment innovants ”.  " Les chercheurs devant être des “ managers ”, ils ne peuvent être embauchés avant 40 ans ! ", lance la CGT.

 

En toile de fond, c'est bien d'un recrutement direct par les universités dont il est question avec la fin programmée des organismes de recherche avec leurs lourdes instances scientifiques et leur statut de professionnel de recherche. Voilà pour la vision des syndicats.

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