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17 / 09 / 2021 | 132 vues
Patrice Clos / Abonné
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Vers une pénurie de routiers face à la smicardisation

Les responsabilités incombent aux parties patronales du transport et à nos gouvernants successifs depuis des années.


On appelle les routiers « les professionnels de la route » parce qu’ils ont un permis spécifique pour conduire un véhicule lourd, une formation spécifique (FIMO/FCO), des attestations spécifiques (marchandises/matériels) et des responsabilités spécifiques. Pourtant, en taux horaire, les routiers sont payés au SMIC ou à peine plus pour le plus haut coefficient 150 M : 10,49 €. Sans aucunement dénigrer le métier de femme de ménage, le taux horaire est de 14,00 € en milieu rural, 18,00 € pour les villes moyennes et 19,00 € pour les grandes métropoles.
 

  • Alors, nos chers patrons nous rétorquent mais avec les heures supplémentaires, un routier n’est pas au SMIC. Encore heureux que les heures supplémentaire soient payées !


Le problème est que, pour obtenir un salaire décent, il faut faire un minimum de 200 à 220 h/mois. Que les contraintes liées aux métiers se sont multipliées et ne sont plus rémunérées à leur juste valeur et elles sont nombreuses : contraintes familiales, d’horaires, d’hygiène de vie, routières, de respect etc.

 

Parlons-en, du respect. Même si nous le savions, la pandémie actuelle a révélé le manque de respect total envers les routiers qui ont été traités de manière pire que des chiens. D’abord de la part du gouvernement, en fermant les parkings et les lieux d’hygiène sur les routes nationales, en fermant les restaurants routiers donc aussi les parkings, lieux d’hygiène et d’un peu de convivialité. De la part aussi des clients des transporteurs qui ont interdit l’accès aux routiers, des machines à café, des toilettes, des douches... Idem pour certaines sociétés d’autoroutes qui trouvent toujours un prétexte.

 

Cela fait 25 ans que les négociations sur les classifications de notre convention collective ont été entamées et que cela bloque à chaque fois qu’il faut mettre un salaire en face d’un coefficient !

 

Les responsabilités gouvernementales successives sont aussi nombreuses. Toujours pas de permis professionnel, pourtant réclamé depuis de très nombreuses années. Parce que les lobbies de la sécurité routière sont très puissants et bloquent sur le sujet. Toujours les mêmes incertitudes juridiques tous les trois ans sur le maintien du congé de fin d’activité (CFA). Maintien ou pas ? Toujours les mêmes incertitudes juridiques tous les cinq ans sur le frais de route de la part de I’ACOSS. Cotisable ou pas ? Imposable ou pas ?

 

Alors, oui, le métier de routier n’est plus attractif car en faisant moins d’heures aujourd'hui, en ayant beaucoup moins de contraintes, en étant respecté, en espérant garder son permis plus longtemps, en ayant plus de certitude sur sa fin de carrière et en ayant plus de certitude sur ce qui est cotisable ou pas, imposable ou pas, d’autres secteurs, d’autres métiers sont bien plus attractifs que d’être routiers.

 

Notre organisation syndicale n'entend pas signer les accords qui smicardisent la profession. Elle entend quotidiennement se battre pour l’amélioration des conditions de travail des professionnels de la route mais il faut que patronat du transport et le gouvernement y mettent du leur. Autrement, nous passerons à autre chose.

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