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09 / 07 / 2015 | 1 vue
Jacky Lesueur / Abonné
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« Nous poursuivons deux buts : aller vers une représentation de la profession plus efficace et réunir la famille mutualiste » - Arnaud Chneiweiss, GEMA

Au lendemain de l'assemblée générale du GEMA (Groupement des entreprises mutuelles d'assurances), dans un contexte de grandes évolutions tant au niveau du paysage mutualiste que dans les familles de représentation des métiers de l'assurance, Arnaud Chneiweiss, secrétaire général du GEMA, a bien voulu répondre à nos questions.

L’assemblée générale du GEMA s’est tenue le 1er juillet dernier. Quels ont été les grands sujets des douze derniers mois ?

La transposition de Solvabilité 2 nous a beaucoup occupés. Nous avons gagné trois batailles. Sur les dirigeants effectifs, le président du conseil d’administration pourra l’être et le texte du décret négocié avec le Trésor nous sécurise par rapport aux potentielles interprétations de l’ACPR. Rappelons-nous d’où nous partions, avec une ACPR ayant nié cette possibilité aux banques et l’acceptant pour les mutuelles de santé, pas pour les mutuelles d’assurance. Deuxième bataille : pour faire des alliances, nous avons désormais deux outils : un outil intégrateur, la SGAM, désormais groupe prudentiel ; et un outil souple, le groupement d’assurance mutuelle (le GAM). Nous avons ainsi les outils permettant les rapprochements au rythme souhaité. Troisième bataille : la « SGAM de SGAM », c'est-à-dire pouvoir avoir un groupe structuré en cascades, avec une SGAM de tête. Il a fallu batailler car l’ACPR était vent debout contre cette idée. Nous avons obtenu non seulement le concept mais encore l’absence de toute limitation quant au nombre de paliers intermédiaires.

Il y a quand même encore beaucoup de questions sur de Solvabilité 2…

Oui, Solvabilité 2 va bousculer la gouvernance de nos maisons de deux façons. D’abord en créant une bureaucratie terrible, dont nous savons qu’elle sera très difficile à gérer pour les plus petits acteurs : 4 fonctions clefs, 20 rapports (les fameuses politiques écrites) à faire approuver par le CA… Ensuite, Solvabilité 2 va permettre une intrusion sans précédent dans la vie « intime » des entreprises d’assurance. Le DG ne sera pas libre de choisir certains de ses plus proches collaborateurs. Pour les 4  fonctions clefs, l’ACPR pourra s’opposer à leur nomination.

Et les débats autour de la compétence des administrateurs ?

Ce concept de compétence est un peu surréaliste. Nous avons obtenu que la compétence des administrateurs soit analysée de manière collégiale. Ce concept de compétence est un peu surréaliste pour nous. Est-ce que les fondateurs de nos mutuelles (instituteurs et artisans, par exemple) auraient passé le cap ? Attendons-nous en tout cas à ce que l’ACPR interroge les administrateurs beaucoup plus souvent que par le passé. Cela pose la question des formations prévues à leur attention. 

Quelles sont les alliances du GEMA dans ce contexte ?

Ce qui ne se sait peut-être pas beaucoup, c’est que nous travaillons étroitement avec la FNMF.

D’abord l’économie sociale. En France, nous avons participé à la création de la Chambre française de l’ESS, dont nous sommes l’un des principaux financeurs, avec la FNMF et Coop.fr. Roger Belot en est le premier président. En Europe, nous contribuons à la relance de l’AMICE, dont nous avons organisé le congrès 2014 à Nice, avec la FNMF et la ROAM. Le rapprochement AMICE/ICMIF permettra une plus grande rationalisation des moyens. Puis il y a bien sûr nos « cousins mutualistes » de la FNMF. Ce qui ne se sait peut-être pas beaucoup, c’est que nous travaillons étroitement avec la FNMF. Nous tenons une réunion mensuelle avec Emmanuel Roux (DG de la FNMF). Lors de la dernière, nous avons échangé sur la notion de groupe prudentiel. Nous travaillons aussi sur la reconnaissance du modèle mutualiste en Europe. Autre sujet : une action de prévention commune de grande ampleur relative à la chute des personnes âgées...

Et la construction de l’AFA avec la FFSA ?

Le projet avance, de façon à être plus efficace auprès des pouvoirs publics et à mettre au point des outils de place utiles pour nos sociétaires. Des Commissions communes ont été installées ces dernières semaines ou le seront début septembre (assurances de biens, de personnes, développement durable, affaires numériques, affaires sociales). Ces commissions fonctionnent sur le principe de la parité. Nous avons 50 % des membres dans toutes les commissions, à l’exception de la commission assurances de personnes où le ratio est 60/40. En cas de conflit ou de désaccord, le sujet remontera au conseil de l’AFA où nous avons la moitié des membres du CA. Par ailleurs, il y aura bientôt un médiateur unique pour la profession. Ce sera une simplification. Enfin, un travail de rapprochement est en cours entre GEMA prévention et assureurs prévention. Nous poursuivons deux buts à la fois : aller vers une représentation de la profession plus efficace et réunir la famille mutualiste. Dans l’AFA plus intégrée que nous l'envisageons, il y aura un pôle mutualiste fort, faisant entendre la voix des mutualistes dans les décisions à prendre par la profession.

Au final, quel panorama dressez-vous ?

Quand on fait le survol des principaux événements de l’année écoulée, on se rend compte à quel point notre environnement est bousculé : profondes évolutions réglementaires qui changent les règles du jeu (Solvabilité 2, loi Hamon, ANI, changements à la convention AERAS…), révolution numérique dont on sent qu’elle va nous affecter profondément, même si nous ne savons pas exactement comment (nouveaux acteurs, changements de la matière assurable…), instabilité de notre environnement économique avec des taux d’intérêt historiquement bas et une zone euro qui ne s’extirpe pas de sa stagnation sur fond de drame grec…

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