Participatif
ACCÈS PUBLIC
07 / 02 / 2024 | 126 vues
Rémi Aufrere-Privel / Membre
Articles : 133
Inscrit(e) le 30 / 05 / 2008

Présidence et renouvellement du CESER Ile-de-France : Un enjeu éthique et républicain !

De quoi s’agit-t-il ?
 

Le renouvellement de tous les Conseils Economiques et Sociaux Régionaux dont celui de l’Ile-de-France.
 

Le conseil économique, social et environnemental régional (CESER) remplit une mission de consultation auprès des instances politiques de la région. Il ne prend aucune décision mais émet des avis, par lesquels il participe à l’administration de la région.
 

Le CESER "a pour mission d'informer le conseil régional sur les enjeux et conséquences économiques, sociaux et environnementaux des politiques régionales, de participer aux consultations organisées à l'échelle régionale, ainsi que de contribuer à des évaluations et à un suivi des politiques publiques régionales" selon l'article L4134-1 du code général des collectivités territoriales (CGCT).
 

Chaque CESER est composé de quatre "collèges" représentant quatre catégories socioprofessionnelles (article R4134-1 du CGCT) :
 

  • Les entreprises et activités non salariées ;
  • Les organisations syndicales de salariés ;
  • Les organismes et associations participant à la vie collective de la région ;
  • Des personnalités qualifiées participant au développement régional.
     

Le nombre des membres d’un CESER varie selon les régions. Les membres sont nommés (et non élus) par le préfet de région pour six ans renouvelables. Le président du CESER est quant à lui élu par les membres de l'assemblée pour trois ans. Il a pour rôle de convoquer et présider les séances plénières de l'assemblée. 

 

Quid de la spécificité de la région francilienne ?
 

Il s’agit de la 1ere région française (12,3 millions d’habitants) rassemblant sur 2% de la superficie du territoire, 18% de la population, 23% des emplois, 31% du PIB national et 42% des dépenses de R/D.


Si Paris et la région IDF n’est « pas la France », elle contribue à la dynamique sociale et économique nationale de façon considérable.


C’est pour cela aussi que le CESER de la « Région-Capitale » est l’instance consultative qui compte même si ces travaux et délibérations sont trop peu connus.

 

Ce renouvellement est aussi l’occasion d’élire son/sa nouveau/nouvelle président(e). Quelles sont les candidatures et les raisons de candidatures différentes et les motivations de chacun ?
 

Aujourd’hui, il existe deux candidatures connues qui font l’objet de campagnes réelles au-delà de leurs groupes respectifs.


Il y a une candidature soutenue par le patronat (le MEDEF) qui s’inscrit dans une « tradition » de présidence de cette instance mais aussi de service de la présidence du Conseil Régional.


Et la présidente du Conseil Régional Valérie Pécresse vient d’imposer une nouvelle directrice à cette instance sans attendre les élections des futurs président et vice-présidents.


Mais cette fois-ci, ce qui n’était pas arrivée depuis une décennie, le groupe 2 (organisations syndicales de salariés avec 61 membres) ont fait le choix de l’unité en présentant une candidature unique en la personne d’un conseiller expérimenté (et président de commission) Patrick Aracil (UNSA).
 

Un troisième candidat serait en piste avec Éric Forti (président du groupe 3 représentant le monde associatif), celui-ci ayant déjà été candidat à cette responsabilité.
 

Tous les candidats affichent bien sûr leur attachement à la région mais un jeu et des intérêts divergents sont à l’œuvre.

 

Quid des « orientations » portées et des enjeux… politiques ?

 

Tout d’abord, hormis l’épisode très discutable de l’annonce de la désignation d’une nouvelle directrice du CESER, il est de notoriété publique que certaines présidences de régions souhaitent faire de « leur » CESER un instrument au service d’une politique régionale assez partisane (il en est de même notamment pour la Région AURA avec L. WAUQUIEZ).

 

Ainsi, Valérie Pécresse a même proposé d’opérer une véritable révolution dans ses propositions de « choc de décentralisation » en proposant ni plus ni moins de nommer elle-même les membres du CESER à l’avenir. En outre, d’autres décisions paraissent discutables comme la réduction des financements de l’Institut Paris Région par le Conseil Régional qu’elle préside et son injonction pour organiser le déménagement de cette structure publique d’analyse très performante pour l’installer dans les locaux même de la Région, peut-être pour mieux l’a contrôlé sous couvert d’économies très relatives.
 

La volonté de la présidente de la région est clairement affichée. Elle est en dehors des dispositions actuelles légales et réglementaires des CESER qui précisent bien leur indépendance et donc leur complète liberté à apporter des idées et solutions pour éclairer les politiques régionales et non les politiques partisanes.
 

La candidature unitaire du groupe des organisations syndicales avec Patrick Aracil est symptomatique de l’agacement croissant de nombreux conseillers qui refusent à voir l’assemblée consultative régionale réduite à un rôle de porteur d’idées au service d’une majorité politique régionale.
 

C’est donc bien une question d’éthique qui est avancée par toutes les organisations syndicales dont la candidature entend rassembler bien au-delà de ce seul groupe 2 en dénonçant aussi de nouvelles désignations de nouveaux conseillers en lieu et place de certaines associations réduites ou évincées (FNE passant de deux à un représentant, Un syndicat étudiant historique disparait ainsi que la Ligue de l’Enseignement, etc…).
 

La troisième candidature est respectable comme les deux autres. Mais elle présente la caractéristique de voir sa probabilité assez réduite pour être plus rassembleuse que celle portée par le groupe 2 (OS de salariés) et le groupe 1 (patronat et MEDEF). Et nombreux sont les observateurs expérimentés du CESER IDF qui considèrent qu’elle pourrait faire basculer la présidence vers le groupe 1 (candidature MEDEF) au final.
 

En prenant le risque d’une présidence qui serait moins indépendante et moins autonome que celle portée par les syndicats qui entendent eux (et avec le renfort de représentants associatifs voire de personnalité qualifiés et quelques membres réticents du groupe patronal) réaffirmer haut et fort le principe et l’éthique d’un CESER réellement au service des franciliens et des franciliennes en s’affranchissant des positionnements idéologiques et politiciennes usuels à l’instance politique qu’est le Conseil Régional d’Ile-de-France.
 

En cela surtout, l’élection d’un ou d’une présidente du CESER IDF permettra de mesurer la valeur et les choix éthiques qui assureront demain la crédibilité des travaux de cette instance originale dans le paysage français.

 

1 fevrier 2024

Rémi AUFRERE-PRIVEL

Membre du CESER IDF

(Groupe 2 -UNSA)

 

Pas encore de commentaires