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14 / 01 / 2022 | 215 vues
Jean Paul Segade / Abonné
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Si réduire le personnel administratif dans les hôpitaux n'était qu'un slogan ?

Depuis la crise sanitaire, les études et analyses visant à identifier les failles de notre système hospitalier fleurissent. La question du nombre d’administratifs à l’hôpital est fréquemment remise au cœur du débat.

 

S’il est légitime de penser que les moyens budgétaires doivent être en priorité attribué au personnel médical et soignant, il serait injuste de considérer que le personnel administratif est trop important car les chiffres offrent une vision erronée de la réalité du terrain. En vérité, le personnel administratif ne représente que 12 % des effectifs non soignants. Parmi ces 12 %, la moitié d'entre eux seulement sont du personnel administratif au sens strict du terme, le reste se composant de secrétaires médicaux, appuis indispensables aux médecins et aux soignants, de personnel chargé de la logistique (restauration, blanchisserie…) et de personnel médico-technique (laboratoires, radiologie…), sans oublier le personnel chargé de l’informatique.

 

Ce « débat du nombre » mène à plusieurs interrogations.

  • Si l’externalisation n’est pas toujours gage d’économies et de qualité, un hôpital doit-il produire ce qui relève de la restauration, du linge, de la blanchisserie et de son informatique en interne ou l'externaliser ? L’expérience du terrain montre parfois la difficulté à obtenir un accord local pour externaliser les activités logistiques et administratives.
  • À travers ses normes et ses procédures, l'hôpital engendre de trop nombreuses lourdeurs. Le nombre important d'employés administratifs ne résulte-t-il pas d’un trop plein de règles administratives imposées aux hôpitaux par l'État ? À cet égard, le cas des cliniques privées est éclairant : selon les chiffres de la DREES de 2019, le personnel administratif représente 14 % des effectifs, soit plus que dans les hôpitaux publics. Ce nombre ne résulte-t-il pas du poids des statuts locaux ou des normes administratives touchant à la fois la gestion et l’activité médicale ?
  • Aujourd'hui, l’hôpital continue de titulariser des agents pour quarante années sur des métiers qui seront fortement touchés voire supprimés par l’évolution rapide du numérique. Un certain nombre d’activités seront donc informatisées. À cet égard, ne devrions-nous pas utiliser le potentiel des NTICS et de l’IA pour reconvertir des postes administratifs ?

 

Cette question interpelle aujourd’hui le monde politique dans le cadre de l’élection présidentielle. Il faut toutefois veiller à ne pas transformer ces chiffres en slogans. Faire des slogans n’est pas faire de la politique ; ce n’est pas définir une stratégie. Finalement et si plus que la critique peu constructive consistant à dire que le personnel administratif est trop important, nous nous attelions à travailler sur les performances des fonctions administratives ?

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