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06 / 06 / 2011 | 2 vues
Didier Cozin / Membre
Articles : 59
Inscrit(e) le 05 / 08 / 2010

Le bonheur des salariés est-il possible ?

Face à la souffrance (évidente) au travail de nombreux salariés, Bien des DRH s'interrogent aujourd'hui.

Plutôt que de parler du bien-être des salariés, il faut désormais s'interroger sur le bien-être des travailleurs.

C'est en effet toute la relation du travail salarié qui est interpelée depuis l'aube du XXIème siècle.

D'une part, les entreprises ont été déresponsabilisées face aux difficultés laborieuses des salariés. Le stress, les objectifs intenables, la faible formation ou la simple démotivation au travail ne semblent pas les concerner.

Payant beaucoup de charges, elles estiment que tout cela ne relève pas de leurs responsabilités, ni de leurs compétences (et par ailleurs le Code du Travail les pousse aussi à se désintéresser de nombreux sujets sociaux) mais de l'Etat et des régimes sociaux.

Dans ce monde figé et spécialisé, il y aurait donc la Sécu, le CE ou les régimes assurantiels pour panser les maux du travail et l'objectif serait rarement d'être bien ensemble au travail (et donc de bien travailler).

Par ailleurs, la relation salariale est de plus en plus problématique entre un employeur qui se méfie (parfois à juste titre) de ses salariés et des salariés qui, eux non plus, n'ont guère confiance en leur employeur (ils n'ont pas toujours tort non plus). Le tout est parasité par un Code du Travail de plus de 3 000 articles dans lequel tout est écrit, codifié et qui ne laisse donc aucune marge de manœuvre aux partenaires sociaux (ou alors dans le sens du toujours plus, un cliquet qu'il faut enclencher en permanence et qui entraîne le travail dans des coûts stratosphériques).


Sans confiance, il n'y a ni économie, ni travail et cette confiance manque partout dans notre pays bien malheureusement (pas seulement la confiance entre employés et employeurs, mais aussi entre l'État et les citoyens, l'État et les forces sociales, entre les acteurs économiques...).

Comme l'a écrit Guy le Boterf, le neurones ne se mettent pas en route au coup de sifflet. Dans beaucoup de métiers, il faut désormais être mobilisé, inventif, créatif, mobile, entreprenant, ingénieux... Toutes ces qualités désertent peu à peu le champ du travail salarié parce que sans confiance réciproque, le travail ne peut être que de la répétition.

Prenons l'exemple d'internet > Les salariés français passent en moyenne (au travail) 94 minutes sur internet (selon une étude d'une société de filtrage internet : Olféo), dont 63 % à des fins personnelles. Cela fait sur une année environ 30 jours à ne pas travailler mais à surfer sur Facebook, Youtube, Wikipedia ou le boncoin.fr.

Si jamais la société met en place un filtrage internet (coûteux et pas forcément efficace), il restera toujours au salarié la possibilité d'utiliser son smartphone pour surfer, faire ses courses ou ses petites affaires sur internet.

Plutôt que de faire confiance et de permettre le télétravail et donc le travail par mission, sans lien avec des horaires réguliers et précis, nous préférons rester sur des modèles obsolètes où il faut pointer (badger) pour faire ses heures. Peu importe qu'on fasse ou non semblant de travailler (on appelle cela le présentéisme).

  • Il semble que la relation salariale va beaucoup souffrir dans les prochaines années. En l'an 2000, 93 % des travailleurs étaient salariés alors qu'en 1945 ils n'étaient que 50 %. Nous rejoindrons sans doute ce taux de 50 % à l'horizon 2020.
  • Le salariat n'a pas toujours existé dans la société française. C'est même une invention du XIXème siècle quand il s'est agi de fidéliser les travailleurs dans les manufactures ou les mines. Nous pourrions revenir à des temps nouveaux où ce fameux lien de subordination (de plus en plus mal accepté) n'existera plus, le salariat laissant la place à des contrats de chantier qui cesseront quand le chantier aura été mené.
  • Le rôle de l'État (s'il existe toujours) ne sera plus de contrôler, de sanctionner mais d'accompagner les travailleurs entre deux missions, de les requalifier, de les sécuriser professionnellement.


Le XXème siècle laborieux est sans doute derrière nous, le travail indépendant ou dans de petites équipes a tout son avenir. On se réunira le temps d'une mission ou d'un chantier, on travaillera (cher) sans compter ses heures (autre aberration actuelle) et à l'issue du travail, on se formera en attendant de construire un autre chantier.

Le XXème siècle a cru qu'il pourrait changer l'homme pour changer la société, cette vision totalitaire ne pouvait échouer parce qu'elle était guidée par le haut. 

Personne ne pourra changer la société, personne n'a le pouvoir d'empêcher 1,5 milliard de chinois d'accéder au confort économique et à un mieux-être social, les forces mondialisées qui secouent la planète sont irresistibles et seule une catastrophe écologique majeure (peut-être possible) peut arrêter ces mouvements gigantesques.

Le XXIème siècle est une vague. Face à la vague, Duddley Lynch décrit (dans La stratégie du dauphin) 3 réactions possibles (un peu plus dans le livre) :

  • la carpe : s'enfouir sous la vase et espérer un avenir meilleur en lorgnant du côté du passé ;
  • le requin : manger ou tuer l'autre avant qu'il ne vous tue (le cadre stressé et ambitieux du XXème siècle) ;
  • le dauphin : surfer sur la vague et épouser le changement sans dévier de ses objectifs finaux mais en prenant tous les chemins possibles pour y parvenir.


Pour comprendre, aborder et se développer dans la nouvelle économie de la connaissance et de l'information, il faudra plus que jamais utiliser cet outil génial et capable de miracles dont la nature nous a universellement doté : notre cerveau.

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